Réseau Mesure : « La mesure est en pleine mutation »

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Vie des entreprises / Corporate Par Patrick CAZIER Publié le  25/04/2023
Réseau Mesure : « La mesure est en pleine mutation »
Estelle Duflot, directrice, et Claunel Massiès, président de Réseau Mesure.

Le Réseau Mesure a fêté ses 20 ans le 2 février. A cette occasion, Machines Production a interviewé Claunel Massiès, président de l’association.

Claunel Massiès est président de la société Wika Instruments, spécialisée dans la fabrication de manomètres. Rentré dans le Réseau Mesure en 2012, il en est aujourd’hui le président et cela depuis 2021.

Pourquoi êtes-vous rentré au bureau du Réseau Mesure ?

Le Réseau Mesure ne s’est pas toujours appelé « Réseau Mesure ». Initialement, il s’appelait « Réseau Mesure du Val-d’Oise ». J’ai été démarché à l’époque. Et honnêtement, ce réseau de mesure du Val-d’Oise n’était pas ma cible. Mon entreprise ne travaille pas spécialement pour le Val-d’Oise. On travaille au niveau national. C’est un groupe international et Wika France est responsable de la France et non du Val-d’Oise. Je n’étais pas trop motivé pour rejoindre un réseau territorial et départemental. A force de persuasions et en ne lâchant pas, ils m’ont convaincu à venir voir. Et j’ai rejoint ce réseau pour une raison bien simple : la première fois, je me suis aperçu qu’il y avait énormément d’énergie et pour moi cela a toujours été un moteur. Parce que dans mon entreprise d’une taille relativement importante, on avait plutôt tendance à dire : « On n’a pas de moyens et on n’arrive pas à le faire. »

Et puis j’ai rejoint ce réseau parce qu’il y avait des entreprises beaucoup plus petites que la mienne qui trouvaient des solutions. Cela m’a permis de percevoir les choses d’une façon différente et donc de ne pas voir uniquement les problèmes mais plutôt les solutions, afin de mettre en place des dynamiques. Je suis rentré au Réseau Mesure pour cela en premier. Et pourquoi être rentré au bureau ? Parce ce que, soit je fais, soit je ne fais pas. Et j’ai choisi : je fais. Je me suis impliqué assez rapidement. Non pas pour prendre, mais pour donner. Et c’est vraiment un des fondements du Réseau Mesure. On a toujours un slogan, qu’on utilise depuis 20 ans, qui est : « Par les adhérents et pour les adhérents. » Donc, en clair, au Réseau Mesure, on vient trouver ce qu’on vient y apporter. Tous les projets partent des adhérents ou des entreprises de la mesure qui connaissent la problématique. Ce ne sont pas des gens extérieurs au métier. Ce sont des gens de l’intérieur, qui ont des besoins et le Réseau organise autour de cela. Le vrai moteur, c’est « par les adhérents et pour les adhérents ».

Comment le Réseau Mesure a-t-il vu le jour il y a 20 ans ?

Cela part des acteurs territoriaux. Que ce soit la chambre de commerce et de l’industrie du Val-d’Oise, à l’époque, ou que cela soit également Cergy-Pontoise, ils ont commencé à voir arriver, dans les années 2000, un certain nombre d’entreprises qui étaient dans le domaine de la mesure. Et donc ils se sont dit : « Il y a une filière qui est en train de se créer ». Et c’était un moment où les chambres de commerce supportaient les organisations avec une logique de dire : « Travailler ensemble, mettons des compétences, pour aller plus vite, pour fédérer, etc. » C’était vraiment le début des réseaux d’entreprises, et donc la CCI avait repéré qu’il y avait des entreprises de la mesure. Donc la CCI du Val-d’Oise et la communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise ont proposé de supporter très fortement un projet qui est parti de quelques pionniers : six entreprises en 2002. Dès le début, ils ont supporté la filière mesure financièrement, et concrètement avec des moyens. Ce n’était pas de l’argent, mais en mettant en place des ressources. Les premières personnes du Réseau Mesure ont été mises à disposition de la CCI. Et la communauté d’agglomération a donné des moyens logistiques et financiers pour faire en sorte que ce projet démarre.

Quelles activités le Réseau Mesure touche-t-il ?

Il y en a beaucoup et citer toutes les mesures est impossible, car on retrouve de la mesure un peu partout autour de nous : la mesure dimensionnelle, l’analyse des gaz, dans des activités de topographie. Vous avez tous les types de mesure dans lesquelles vous allez nous retrouver. Et on s’ouvre de plus en plus à de nouvelles mesures. Pour prendre un exemple concret, on a des adhérents qui effectuent de la mesure dimensionnelle avec des drones. La gendarmerie nationale utilise elle-même des drones pour faire de la mesure. Et vous avez des entreprises qui fabriquent des instruments de mesure pour les drones. Mais le lien commun entre toutes les entreprises qui sont dans ce réseau est « la mesure ». Toute la mesure mais que la mesure.

Quel est le nombre d’adhérents du Réseau ?

Il y a 189 adhérents avec environ 150 entreprises de moins de 20 personnes, uniquement sur le territoire national. Nous comptons 87 membres dans le domaine de la mesure dimensionnelle. Comme je l’ai évoqué précédemment, le Réseau est parti du Val-d’Oise car c’était avant tout un réseau territorial. En 2010, le Réseau Mesure a reçu une accréditation « grappe de réseau d’entreprises ». C’est ce qui lui a permis d’accélérer son développement et de s’étendre avec un support financier relativement important. C’est le moment où on a commencé à sortir du Val-d’Oise et des Yvelines pour s’ouvrir à toute la région parisienne. Et maintenant, nous sommes davantage un réseau national. Par contre, tout en restant francophone, nous aimerons nous étendre un peu plus, d’ailleurs nous avons déjà des contacts en Belgique francophone.

Quelles ont été les grandes actions menées par le Réseau Mesure au cours de ces vingt dernières années ?

Le Réseau Mesure est un réseau pragmatique qui existe pour développer les activités de ses adhérents. Donc, toutes nos actions ont été faites dans ce sens-là. Pour être concret, on a commencé en participant à des salons de façons mutualisées. Parce que, quand vous êtes une entreprise d’une certaine taille, vous n’avez pas obligatoirement accès aux meilleures propositions qui peuvent se faire sur le marché. Donc en se regroupant, cela nous permettait d’être plus gros. Et en étant plus gros, on pouvait obtenir des choses différentes, et donc augmenter notre présence et ouvrir la possibilité à des entreprises plus petites de participer à des évènements auxquels elles n’auraient pas pu eux accès autrement. On a travaillé également sur toutes les approches de communication, avec des plans média notamment. On a également travaillé sur l’export, en menant des missions prospectives. Très rapidement, le Réseau Mesure a commencé à faire de la prospective d’actions. On a lancé des actions autour de la R&D. Et à un certain moment dans l’histoire de notre association, les entreprises se sont fédérées pour faire du codéveloppement, supporté par le Réseau Mesure. On a proposé différents modules de formation, tournés vers les dirigeants d’entreprise et également vers les techniciens, en collaboration avec le LNE. Nous sommes certifiés Qualiopi et nous accompagnons les adhérents qui ont besoin de cette certification. Pour prendre un cas concret et spécifique, nous avons travaillé pour aider nos adhérents à se procurer des masques difficiles à trouver sur le marché. On a approvisionné plus de 140 000 masques, avec une démarche basée sur des achats mutualisés.

Aujourd’hui, nos adhérents bénéficient de conditions particulières sur un certain nombre de choses qui les intéresse, que ce soit le transport, les achats de fournitures, etc. On a mis en place des outils qui permettent d’avoir des plateformes pour offrir aux collaborateurs qui travaillent dans des entreprises plus petites, les mêmes avantages que si vous travaillez dans un grand groupe. On a travaillé sur le domaine de l’assurance. Là aussi pour aller chercher des choses et pour échanger. On cherche à dynamiser une filière et à faire en sorte que celle-ci soit bien portante. Et cela crée aussi un challenge vers le haut. Si votre confrère est fort, ça vous oblige encore à être meilleur. Donc, c’est quelque chose qui est très positif dans l’approche. Mais nous ne sommes pas un syndicat professionnel, nous n’avons pas ces obligations. Nous n’avons pas toute la couverture politique, institutionnelle, etc. On est avant tout pragmatique et business. Toutes les actions sont menées pour développer le business des entreprises.

Comment a évolué la métrologie dimensionnelle depuis que le Réseau Mesure existe ? Quels ont été les sauts technologiques rencontrés ?

Nous sommes un réseau qui fédère les entreprises pour qu’elles développent leurs activités, pour les faire connaître aussi. Sur la question technologique, nous observons de vraies tendances qui sont en train de se dessiner au niveau de la mesure. C’est-à-dire qu’il y a de plus en plus de numérisation des données. Vous avez de plus en plus de gestion de la data sur des cloud et des instrumentations de mesures sans fil. La mesure est vraiment présente dans toutes les phases actuelles de l’industrie 4.0. On parle même de mesure 4.0. Et on a de plus en plus d’adhérents qui sont dans le domaine du software – pas simplement des vendeurs de hardware mais de software qui sont là pour gérer de la donnée et pour transformer de la donnée en quelque chose de concret pour un industriel. Ce sont de nouvelles entreprises. Nous avons de plus en plus d’adhérents qui proposent des solutions sans fil, pour le transfert des données de mesure. Elles permettent de simplifier la vie de l’industriel et d’augmenter les points de contrôle. La mesure est là, elle accompagne les ruptures dans lesquelles nous sommes en train de nous organiser. Il faut de plus en plus d’instruments que l’on puisse connecter rapidement et il faut surtout analyser tout ce que ça délivre. Et après, dans la chaîne, il faut s’assurer que l’information que l’on donne soit correcte. Donc, vous avez toutes les entreprises autour de l’étalonnage et de la calibration qui sont là également pour s’assurer que les instruments donnent bien les informations qu’on attend d’eux d’un point de vue précision. On a une vraie évolution de la mesure au sens large du terme, dimensionnelle, mais pas seulement.

Et aujourd’hui, comment voyez-vous l’évolution de la métrologie dimensionnelle ?

On voit arriver l’intelligence artificielle. Comme je vous disais, on va continuer à monter de plus en plus d’instruments de mesure. Plus on veut de précision, plus on a besoin d’instruments pour s’assurer des choses que l’on est en train de faire. Donc, il y a une multiplication des instruments de mesure. Cela veut dire qu’il faut trouver quelques solutions moins chères pour permettre l’augmentation des nombres, et de l’autre côté avoir des instruments de plus en plus précis. Vous avez un côté massification de certains instruments dans le domaine dimensionnel, et de l’autre, une précision de plus en plus grande. Et dans la gestion de l’ensemble, on voit arriver l’intelligence artificielle. La mesure est en pleine mutation pour accompagner les grands projets qui sont devant nous.

Quels sont les projets du Réseau Mesure dans les années à venir ?

Le Réseau Mesure souhaite garder, ce qui a fait son succès jusqu’à maintenant, sa flexibilité et son adaptation aux besoins de l’adhérent. Dans les projets qui se présentent à nous, il y a un volet qui est très important : les ressources humaines. Aujourd’hui, une des difficultés que rencontrent les entreprises est de trouver de nouveaux talents. On commence, dans nos actions, et celles qui sont mutualisées, à aller chercher les jeunes avant le bac pour les intéresser à l’industrie et à ses nouveaux métiers. On n’est plus dans l’époque de Zola avec les machines et les ateliers sales. Aujourd’hui, on propose des stages en entreprise aux jeunes de troisième. On multiplie nos supports pour diffuser notre image – réseaux sociaux, presses professionnelles, emailings… – et ce sont 189 entreprises qui relaient. Dans son fonctionnement interne, le Réseau Mesure cherche à rester à la pointe de la technologie et travailler avec les outils de demain. Par exemple, on a acquis des moyens de communication pour effectuer des réunions hybrides. Le monde de demain sera à la fois réel et virtuel. L’idée est aussi de donner l’envie à nos adhérents d’évoluer.

Dernière minute

Depuis l’écriture de cet article, Claunel Massiès a rejoint le groupe Endress+Hauser. Dans les statuts de l’association, chaque membre du conseil d’administration et du bureau est élu en qualité de représentant d’une entreprise. Claunel Massiès a donc été obligé, de fait, de quitter la présidence du Réseau Mesure. Thomas Ricour, gérant fondateur de Nir Industry, a alors été nommé président de l’association jusqu’à la prochaine assemblée générale de juin.

Réseau Mesure : « La mesure est en pleine mutation »
Patrick CAZIER - RédacteurTechnicien dans l’âme avec pour objectif de trouver et partager l’information utile

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