Quand la pénurie de main-d’œuvre freine l’activité
Pour le directeur du Syndicat national du décolletage, Jérôme Akmouche, la difficulté qu’ont les décolleteurs à trouver du personnel qualifié est un véritable coup de frein à leur croissance, particulièrement bonne depuis 2017. Interview.
Alors que la croissance a touché de nombreux secteurs industriels en 2017, qu’en est-il pour le décolletage en France ?
Jérôme Akmouche. Fin octobre 2017, la croissance a été de 6% par rapport à 2016. Une année qui avait déjà été en très forte croissance d’ailleurs. Ce qui nous laisse penser que nous devrions terminer l’année 2017 entre 5% et 6%, alors que début janvier, nous estimions finir l’année à 3%. C’est donc très satisfaisant pour la profession. Ce qui devrait représenter un chiffre d’affaires de 2,2 milliards d’euros à fin 2017. Un montant qui dépasse le pic atteint en 2008, qui était de 2,1 milliards d’euros, avant que la crise économique mondiale ne frappe notre industrie.
Et pourtant, malgré ces bons résultats, une problématique récurrente dans la vallée de l’Arve semble ternir le tableau…
L’activité a été soutenue certes, et cela malgré certaines difficultés auxquelles sont confrontés les décolleteurs. A savoir les problèmes de recrutement. Face à la pénurie de main-d’œuvre, persistante en Haute-Savoie, des entreprises de décolletage ont dû renoncer à des commandes, n’ayant pas un effectif suffisant pour y faire face. Mais un autre sujet inquiète la profession, c’est la hausse du prix des matières premières, qui réduit les marges des entreprises, si leurs donneurs d’ordres n’acceptent pas de répercuter ces coûts.
Le secteur automobile reste toujours le premier client des décolleteurs ?
Le marché de l’automobile reste le marché le plus porteur, qui représente à ce jour 53% du chiffre d’affaires, devant l’aéronautique, qui pèse 12% des ventes.
Un secteur qui va se transformer…
C’est un marché en pleine mutation, avec une baisse programmée de la production des véhicules à moteurs diesel, puis celle de l’ensemble des moteurs thermiques au profit d’une motorisation électrique. Ce qui pousse les décolleteurs à envisager des solutions d’avenir. A ce sujet, le SNDEC organisera, durant le Simodec (du 6 au 9 mars à La Roche-sur-Foron, Ndlr), une conférence sur le thème de l’Avenir des énergies dans l’automobile, qui permettra d’éclairer les sous-traitants sur ce thème, qui préoccupe les PME fortement dépendantes du secteur automobile.