Quand les jeunes se laissent tenter par l’industrie

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Industries Par Jérôme MEYRAND Publié le  27/01/2022
Quand les jeunes se laissent tenter par l’industrie
Georges, 19 ans, filme un robot Scara.

Avec 70 000 postes à pourvoir immédiatement, l’industrie peine encore à recruter. Et surtout des jeunes. Des métiers pas assez valorisés ? Nous avons mené l’enquête.

Parce que l’humain est au cœur de l’industrie et qu’elle a besoin sans cesse de nouveaux talents, la rédaction de Machines Production est allée à la rencontre d’étudiants afin de comprendre leurs motivations pour les métiers de l’industrie. Des métiers que soutient le magazine depuis plus de 50 ans ! C’est devenu une tradition chez Stäubli. Le premier jour de ses journées techniques, qui se tiennent tous les deux ans dans un hall du parc des expositions de La Roche-sur-Foron, en Haute-Savoie, est réservé aux étudiants. Et des robots, ils ont pu en voir partout sur 3 000 m² d’expositions, dans des applications allant de l’industrie agroalimentaire, l’usinage, le soudage, la manutention, jusqu’à la chirurgie.

Ce sont 600 étudiants qui ont déferlé, lundi 6 décembre, de toute la Haute-Savoie, de l’Ain et même de Saône-et-Loire. « Les jeunes aiment bien les robots en général, analyse Jacques Dupenloup, directeur de la division Stäubli Robotics France. Puis, comme vous le voyez, nos robots sont pilotés par un boitier de commande qui s’apparente à une console de jeux vidéo. S’il y a un équipement industriel qui n’effraie pas les jeunes, ce sont bien les robots. »

Déposer un CV au passage

Jacques Dupenloup se souvient même qu’en 2019, lors de la journée pour les étudiants, certains n’avaient pas hésité à déposer leur CV sur les stands des partenaires du roboticien, qui sont des intégrateurs, fabricants de pinces de préhension et autres capteurs. « On en retrouve aujourd’hui, qui ont réussi à se faire embaucher, et qui sont désormais présents à ces journées », se félicite M. Dupenloup.

En BTS conception des processus de réalisation de produits (CPRP) à Oyonnax (Ain), Samuel, 18 ans, reconnait qu’il avait une mauvaise image de l’industrie. « Je pensais qu’on y aurait tout le temps les mains grasses, dans un environnement pas toujours très propre. Alors que ce n’est pas du tout la réalité. L’industrie, c’est très technique. » Il évoque même « qu’il faudrait faire davantage de pubs sur les métiers de l’industrie, parce qu’il manque du personnel, et que c’est grâce à ces métiers de la mécanique qu’on peut assurer son avenir ».

« Il existe plein d’autres métiers »

Si pour Marius et Robin, en prépa pour intégrer une école d’ingénieurs, l’industrie est un « domaine d’avenir », ils comprennent qu’elle puisse être « repoussante, parce que c’est quand même une activité qui a encore une image d’être assez polluante ». Pour nos deux futurs ingénieurs, il ne faut pas réduire l’industrie à celui ou celle qui travaille sur une ligne de production. « Il existe plein d’autres métiers, notamment ceux liés à la qualité, la sécurité, l’environnement aussi », assurent-ils. « L’industrie, c’est très captivant, car les technologies ne cessent d’évoluer et les jeunes, à l’heure actuelle, et j’en fais partie, sont très à l’affût de nouvelles technologies », confie Léandre, 24 ans, technico-commercial chez Mactech, distributeur de machines-outils et de robots. Elève en terminale science de l’ingénieur, Lucas, 17 ans, considère l’industrie comme « une activité qui procure une vision très concrète de ce que l’on y réalise, contrairement à celui qui va passer toute une journée derrière un ordinateur à remplir des tableaux Excel ».

« Des emplois à la sortie »

Du haut de ses 18 ans, Timothée, élève en IUT génie industriel et maintenance à Châlons-sur-Saône (Saône-et-Loire), est convaincu que l’industrie peut avoir un grand avenir en France. « J’ai envie que mon pays soit le meilleur, assure-t-il. Et j’aime bien l’idée que l’industrie française se doit d’être développée, et je serais fier de pouvoir participer à son développement. » Mais que glisserait-il à un camarade à propos de l’industrie ? « Je lui dirais de partir dans la même filière que moi, c’est une filière où il y a plein d’emplois à la sortie. » Agé de 19 ans, élève en IUT génie industriel et maintenance à Châlons-sur-Saône, Georges a bien conscience que « de nos jours, l’industrie est de plus en plus automatisée, de plus en plus autonome ». Et par conséquent, « pour assurer le bon fonctionnement de ces machines toujours plus perfectionnées, l’industrie a besoin de compétences, et c’est l’une de mes motivations d’avoir intégré cette filière », explique-t-il. Et s’il devait pousser un camarade à rejoindre une formation dans l’industrie, il lui dirait que cette activité « rassemble plusieurs métiers très divers, tels que l’informatique, la mécanique, l’automatisation, la maintenance, l’électricité ». Georges lui dirait aussi, « qu’il va pouvoir se projeter dans l’avenir. Parce qu’il pourra se rendre compte que les métiers liés à l’industrie actuelle sont des métiers qui ne sont pas près de disparaître, car ce sont des métiers technologiques ».

« Montrer la réalité de l’industrie »

Croisé dans les allées du parc des expositions, Jihed, professeur de construction mécanique au lycée professionnel du Chablais, à Thonon-les-Bains (Haute-Savoie), confie avoir entendu un de ses élèves de terminale maintenance industrielle lui avoir dit qu’il se retrouvait ici « totalement au paradis ». Si ce n’est pas tout à fait un univers paradisiaque pour Ihvan, 17 ans, il a été impressionné par « la précision des robots, le nombre de tâches qu’ils peuvent exécuter ». Il assure que c’est « un formidable moyen d’éliminer certaines tâches pénibles et répétitives à l’usine ».

Lors des journées techniques Stäubli, le 6 décembre, au parc des expositions de La Roche-sur-Foron (Haute-Savoie).

Timothée a été surpris par « la diversité de capteurs qui peuvent être montés sur un bras robotique », tandis que Georges, s’est dit impressionné par « l’automatisation, notamment dans le domaine du contrôle robotisé ». Pour Christian, enseignant en informatique dans le lycée professionnel Saint-Vincent-de-Paul, à Collonges-sous-Salève (Haute-Savoie), cette visite, au milieu des robots, aura été l’occasion de « me remettre à jour ». « La jeunesse est déconnectée des notions de réalité, analyse l’enseignant. Certains peuvent avoir du mal à se concentrer au-delà d’un certain temps, ce qui rendrait difficile pour eux de rester huit heures à intervenir sur une machine. Le but ici est de leur montrer la réalité de l’industrie. Comme c’est une génération très connectée, ils peuvent avoir du mal à se représenter la réalité du monde industriel. » Mais avant de rejoindre le car qui va les ramener dans leur établissement, Christian confie avoir vu « des élèves qui avaient l’œil qui s’allumait. Il y a quelque chose qui s’est allumé en eux », sourit-il, rassuré.

Quand les jeunes se laissent tenter par l’industrie
Jérôme MEYRAND - Rédacteur en chefFormé aux microtechniques, devenu journaliste en blouse bleue, passé par l’ESJ Lille.

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