[Edito] L’inévitable basculement dans l’ère électrique
Pour ce nouveau numéro consacré à l’automobile, nous voyons bien, à la rédaction, que le basculement dans l’e-mobilité devient une réalité de plus en plus tangible. De hors-série en hors-série, les offres technologiques, qu’il s’agisse d’équipements de production destinés aux composants d’un véhicule électrique ou d’innovations chez les constructeurs automobiles et leurs équipementiers (nous en parlons d’ailleurs dans MPLE#6, l’émission TV de Machines Production), sont de plus en plus nombreuses. Au point d’imaginer une future édition dont le contenu ne traiterait plus que de la voiture à zéro émission.
Nous sommes cependant encore loin d’une adoption massive des véhicules électriques. Mais un coup de booster est venu, le 14 juillet 2021, de la Commission européenne. Dans le cadre de son Pacte vert pour l’Europe, elle a annoncé des mesures, « d’une ampleur inédite », selon des observateurs, destinées à réduire, d’ici à 2030, les émissions de gaz à effet de serre de 55 % par rapport aux niveaux de 1990. Un arrêt de mort du moteur thermique. Et les sous-traitants que nous avons rencontrés dans ce numéro l’ont bien compris. Certains tentent de sortir leur épingle du jeu en investissant dans de nouveaux moyens de production afin de produire des pièces spécifiques aux véhicules hybrides et tout-électrique. D’autres choisissent d’anticiper en allant chercher de nouveaux marchés, s’appuyant sur leur solide savoir-faire acquis dans l’automobile.
Le virage vers un véhicule à zéro émission est donc sérieusement amorcé en France. Comme vous pourrez le lire dans ce hors-série, la conversion de la filière vers l’électrique passera immanquablement par la création d’une autre filière, celle des batteries. Dans une interview donnée à l’association Équilibre des énergies, qui fédère des entreprises de l’énergie, du bâtiment et de la mobilité, Luc Chatel, président de la Plateforme automobile (PFA), souligne que « le pays, mais aussi l’Europe, devra s’armer d’une filière forte de production de batterie ». Sous-entendu, de manière à ne pas dépendre de la Chine, où le fabricant CATL (Contemporary Amperex Technology Limited) a réussi à imposer son leadership. Dans ce numéro, par exemple, vous verrez pourquoi la France a pour ambition de figurer parmi les leaders mondiaux de l’électrification, comme l’illustre la nouvelle « gigafactory » construite dans les Hauts-de France. Celle-ci réunit trois constructeurs mondiaux Toyota, PSA et Renault présents sur le territoire, mais également tout un écosystème de plus de 550 fournisseurs, sous-traitants et prestataires.
Etrangement, la crise sanitaire liée au Covid-19 aurait joué « indéniablement un rôle d’accélérateur sans précédent des transformations du secteur », glisse Luc Chatel, qui fut ministre chargé de l’Industrie, sous la présidence de Nicolas Sarkozy. « Une accélération qui s’apparente même à un changement de cap », insiste-t-il. Et ce changement de cap, il est bel et bien en train de s’accomplir chez Renault, qui vient de regrouper ses trois sites du nord de la France, à Douai, Maubeuge et Ruitz au sein d’un nouveau complexe industriel dédié aux modèles électriques. La marque au losange comptant y produire 400 000 véhicules par an d’ici 2025. Dans un autre article, c’est l’équipementier Valeo qui, bénéficiant d’un prêt de 600 millions d’euros de la Banque européenne d’investissements (BEI), va travailler sur des projets de recherche en matière d’électrification et d’amélioration de l’efficience énergétique des véhicules. Un arsenal technologique est donc réellement en train de se mettre en place pour réussir cet inévitable basculement dans l’ère électrique.