Au salon Smile, les jeunes renouent avec l’industrie

Le Salon des métiers industriels et de l’entreprise, qui se tient tous les ans à La Roche-sur-Foron, a une fois plus cherché à réconcilier la jeunesse avec le monde de l’usine. Objectif : motiver les élèves de 4e et 3e à s’orienter vers des métiers techniques.

En expérimentant l’industrie grâce à des animations interactives et des témoignages concrets de professionnels, le concept du salon Smile, qui s’est tenu à La Roche-sur-Foron, a attiré cette année encore près de 2 300 élèves de 4e et 3e, venus découvrir les métiers et le fonctionnement de l’entreprise industrielle. Le principe ? Le Salon des métiers industriels et de l’entreprise (Smile) propose aux élèves s’immerger dans une usine virtuelle, en parcourant treize espaces métiers. « La vie de l’entreprise Smile s’anime autour de la production d’une lampe de poche, fil rouge du parcours. Ce produit permet une approche concrète du rôle de chaque métier que les jeunes visiteurs appréhendent au travers d’animations interactives, précise Jérôme Akmouche, créateur du salon et responsable du programme Talents 2020, piloté par le pôle de compétitivité Mont-Blanc Industries. Conception, gestion, commercial, production, etc. Nous tenons à ce que tous les savoir-faire soient représentés comme dans le fonctionnement réel d’une entreprise. »
Des constructeurs d’équipements de production tels que Star, Tornos, Iemca ou Stäubli ont accepté d’exposer leurs produits servant à représenter l’atelier de production de cette usine reconstituée dans le parc des expositions rochois, où se tient tous les deux ans le Simodec, salon international de la machine-outil de décolletage. Ainsi, se trouvaient un tour Star SB20 RG ravitaillé par un embarreur Iemca Elite 220, une machine monobroche Tornos SwissNano, deux robots polyarticulés du haut-savoyard Stäubli. « Nous avons toujours souhaité participer au salon Smile, depuis son origine », affirme Daniel Rodet, responsable technique du fabricant japonais de tours à poupée mobile. Etre présent au milieu des jeunes est important, d’autant plus que « le métier de technicien régleur est devenu plus valorisant et qu’il est très recherché dans la vallée de l’Arve », reconnaît ce cadre chez Star, dont l’agence française se trouve à Thyez.

Apprendre à lire un plan
« Vous êtes ici au cœur de l’usine », dit-il à un groupe d’élèves de 4e. Daniel Rodet s’aide d’un plan en 2D pour montrer les éléments de la lampe qui seront fabriqués sur sa machine. Petit exercice : une vue éclatée en 3D de la lampe d’un côté, le plan de l’autre. « Est-ce que vous reconnaissez les composants dessinés sur le plan ? » Puis, son rôle sera d’expliquer comment, à partir d’une barre, qu’il tend aux adolescents, son tour à commande numérique parviendra à en sortir une pièce. Alors, il leur montre, à l’intérieur de la machine, « ce petit bout de barre qui dépasse du mandrin, et tout autour des outils qui vont servir à sculpter, à tailler la pièce, grâce à un programme informatique ».
Un peu plus loin, c’est un robot Stäubli qui s’agite dans sa cage de verre, sous les regards médusés des élèves. « Ils sont impressionnés par le robot, du coup ils pensent que c’est compliqué à programmer », confient Samuel Grilo et Alexandre Compois, élèves en BTS CRSA (Conception et réalisation de systèmes automatiques), qui participent aux côtés des professionnels au salon Smile.
Le stand qui représente le bureau des méthodes est tenu par Guillaume Blanc-Gonnet, 20 ans, élève en BTS IPM (industrialisation des produits mécaniques) et Florent Dageville, 27 ans, ingénieur chef de projet chez Baud Industries. « A l’heure âge, j’ignorai totalement ce que signifiaient les méthodes, glisse Florent. Donc, c’est intéressant de pouvoir leur faire partager en quoi consiste concrètement notre travail. »

« La passion du métier »
François Genix-Chausse est technico-commercial pour le fabricant d’outils coupants Vargus et considère qu’il est « important de transmettre aux jeunes la passion de notre métier ». Lui, qui ne se destinait pas à travailler dans la vente, tente, auprès des jeunes de passage sur son stand, à leur faire comprend qu’il s’agit d’un métier où l’on s’épanouit au contact des clients. « Je leur explique que le technico-commercial doit d’abord mettre en avant la technicité du produit qu’il vend et que le prix sera justifié par cet apport technique. »
Le désamour pour les métiers industriels pourrait-il appartenir au passé ? L’opération Smile semble en tout cas porter ses fruits. Jérôme Akmouche montre les fiches que les élèves doivent remplir à l’issue de leur visite. D’une opinion négative (leur avis est demandé dans le questionnaire) avant de se rendre au Smile, la plupart des visiteurs ont ensuite coché la case ‘‘positive’’, voire ‘‘très positive’’. Et s’ils devaient citer ‘‘trois mots qui définissent le mieux l’industrie et ses métiers’’, au hasard des fiches que tend M. Akmouche, on trouve : innovation, créativité, technologie, machine, avenir, futur. Alors que la liste contenait également des mots comme pénibilité, pollution, ennui, chômage, déclin, bruit, mal payé.