Une Clio de 1990 serait-elle moins polluante qu’un SUV électrique chinois ?
L’industrie automobile est-elle en train de se tromper de combat ? Face à l’essor des SUV électriques surdimensionnés, certains pointent leur impact environnemental global. À tel point qu’un modèle thermique ancien, comme la Clio de 1990, pourrait s’avérer plus vertueux. Provocation ou réalité mesurable ?
Le 7 mai, lors d’une table ronde consacrée aux enjeux de la filière automobile, organisée à l’Assemblée nationale, le député UDR Eric Michoux a voulu donner un gros coup de klaxon en guise d’avertissement face à une industrie automobile française, qu’il juge en danger. Et de rappeler, pragmatique : « Si l’industrie automobile venait à s’écrouler, c’est toute l’industrie qui s’écroule », citant celle de la robotique, « puisque 90 % des robots qui sont produits sont pour l’automobile. Donc c’est un affaiblissement, un écroulement complet de l’industrie française », insiste le parlementaire de Saône-et-Loire, également connu pour être le dirigeant du groupe industriel Galilé.
Pointant le passage de 19 millions de voitures produites sur le sol européen à 14-15 millions en l’espace de cinq ans, il estime qu’en 2035, la production ne dépassera plus les 10 millions. Alors qu’il y aurait 250 millions de voitures à remplacer. « Ce qui veut dire que l’industrie automobile européenne n’est plus en mesure, à l’instant présent, de pouvoir [les] remplacer », s’alarme le député.
Et le client dans tout ça ? s’est-il interrogé. Eric Michoux ne peut que constater, comme beaucoup d’automobilistes, que le volume des voitures a augmenté : « Il y a encore moins de 10 ans, 50 % des voitures faisaient moins de quatre mètres et moins de 900 kilos. » Tandis qu’aujourd’hui, « ces grosses voitures électriques » pèsent près deux tonnes, « avec des pneus larges ». Ce qui l’amène à souligner qu’elles « créent une nouvelle pollution », évoquant celles liées « aux microparticules de caoutchouc ».
Le député, élu depuis 2024, souhaite d’ailleurs qu’un indicateur de type Nutri-score, ce système d’étiquetage nutritionnel apposé sur les emballages alimentaires, soit mis en place pour les autos. Un indicateur qui signalerait « quelle est l’incidence écologique de cette voiture sur l’ensemble ». Le député Michoux en est convaincu : « une Clio des années 1980 [en réalité la première Clio a été produite en juin 1990] est moins polluante qu’une grosse voiture chinoise des années 2025. » Pour le parlementaire, « le client n’a pas envie de ces grosses voitures électriques avec un tableau de bord qui ressemble à un système Boeing. D’ailleurs, il faut pratiquement faire une école d’ingénieurs pour réussir à mettre la voiture en route », sourit celui qui croit savoir que les conductrices et conducteurs « veulent des voitures simples », à l’image de la voiture familiale, pour ne pas dire la voiture populaire, qu’il s’agirait de « réinventer » : une voiture de moins de quatre mètres qui consommerait un à deux litres de carburant de synthèse. Parce que « plus personne ne peut se payer une voiture électrique à 40 000, 50 000, 60 000 euros ». Autant dire que la voiture populaire, chère au député Michoux, a disparu des radars.