Le futur de Fanuc dévoilé, en partie
Dans un interview accordé au magazine de langue anglaise CEO Magazine, le président de Fanuc Europe, Shinichi Tanzawa, livre sa vision du développement de la robotique sur le continent. En voici une synthèse.
Shinichi Tanzawa constate tout d’abord que de multiples voies sont ouvertes pour la croissance du secteur. Mais sa vision dépasse l’unique souci de prendre des parts de marché. « Depuis toujours et dans tous ses projets, Fanuc a toujours privilégié une vision à long terme. Nous pensons réellement au futur lointain », explique Shinizi Tanzawa. Il évoque même des projets dont le terme serait à plus de cent ans. Mais point n’est besoin d’autant de délai pour prédire la croissance très rapide de la robotique collaborative : le marché mondial devrait être multiplié par dix, entre 2015 et 2020. « Maintenant que les questions de sécurité sont techniquement résolues, c’est la première fois que les robots peuvent sortir de leur cage, souligne le CEO de Fanuc Europe. Nous devons désormais imaginer toutes les manières de renforcer cette collaboration. Si nous pouvons relever ce défi en Europe, nous pourrons le faire sur l’ensemble du monde. »
En Asie et en Amérique, là où Fanuc détient une part de marché dans le secteur de la CNC de près de 50%, le problème se pose avec moins d’acuité. « En Europe, le défi est beaucoup plus grand. Avec 20% de part de marché de la CNC, nous sommes en position de challenger, constate Schinichi Tanzawa. Il en va de même pour la robotique avec environ 30% de part de marché. Et nous devons renforcer notre position face à des concurrents bien établis. »
Réactivité
Shinichi Tanzawa est partisan d’une croissance organique, basé sur la satisfaction des clients. La meilleure réponse technico-économique aux besoins du marché réside dans un service présent, efficace et rapide, selon lui. La transparence et la communication sont aussi les vecteurs de ce succès. « J’essaie d’ouvrir notre organisation autant que faire se peut. Les mauvaises nouvelles doivent se régler au plus vite, sur le terrain, avec nos fournisseurs et partenaires, sans avoir besoin d’attendre une décision du siège. De cette manière, nous pourrons régler rapidement un problème lorsqu’il se présente, pour éviter qu’il n’ajoute de la frustration à notre client », affirme le PDG.
La stratégie Fanuc « service first » vise à assurer la satisfaction des utilisateurs par le meilleur taux d’utilisation des produits Fanuc, dans toute l’Europe. « Pendant que nos confrères essaient de gagner des marges sur le SAV, notre approche est différente, explique Shinichi. Bien sûr que nous allons continuer à faire payer notre SAV. Mais nous devons d’abord gagner de l’argent avec la vente de nos produits. Pour cela, les utilisateurs doivent avoir une confiance totale dans leur fiabilité et le service associé », dit-il.
Industrie 4.0
Enfin, en ligne directe avec l’industrie 4.0, Fanuc a introduit sa propre version de l’Internet des objets en septembre dernier. Appelé “Fanuc Intelligent Edge Link and Drive” ou Field système, c’est le pendant des plateformes dominantes proposées par SAP et IBM. Shinichi Tanzawa souligne que le système Field peut faire de meilleures prévisions en ce qui concerne le taux de service, l’état de fonctionnement et la fiabilité des robots ou des machines-outils. « Cela veut dire que ces équipements sont plus proches des ateliers de production et peuvent créer un réseau de terrain industriel plus fiable. La réponse donnée par notre système est inférieure à la seconde et bien plus rapide qu’une solution passant par le cloud », conclut-il.