Industrie mécanique : les propositions de la FIM face à la menace chinoise

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Entreprise Par Jérôme MEYRAND Publié le  06/10/2025
atelier d'usinage
Avec des coûts de production jusqu’à 38 % inférieurs et un marché intérieur ultra-compétitif, la Chine fait peser une pression inédite sur la mécanique française.

Face à l’essor industriel chinois et à ses prix défiant toute concurrence, la Fédération des industries mécaniques alerte sur les risques pour les entreprises françaises. Elle propose des mesures pour protéger le secteur et renforcer sa compétitivité.


Dès les années 2010, c’est un nouveau tournant qui s’est fait jour dans la politique industrielle chinoise, avec son souhait ardent de rattraper son retard technologique, aux seins de ses entreprises, qu’elles soient publiques ou privées. Et le plan Made In China 2025 (MiC 2025) adopté en 2015 est l’un des instruments qui a été utilisé pour développer plusieurs secteurs industriels, dont certains sont dans le champ des industries mécaniques : IT, machines et robotique, aviation civile, véhicules électriques, machinisme agricole… À partir de ce tableau évocateur que dresse la Fédération des industries mécaniques (FIM), elle relève, parmi les fondements de la politique industrielle chinoise, plusieurs facteurs impactant pour nos entreprises tricolores : les bas coûts des conditions de production (travail, rendement du capital, coût de la dette, énergie, foncier, matières premières…), un marché intérieur ultra-compétitif qui stimule les gains de productivité, avec des effets d’échelle et une densification des chaînes de valeur, ainsi qu’une absence de convergence des normes sociales (droit du travail) et environnementales.

Surcapacités industrielles

« La situation de surcapacités industrielles conduit les entreprises chinoises à exporter, notamment vers l’Union européenne (UE), à des prix pouvant être considérés comme faisant l’objet d’un dumping », pointe la FIM, dans une de ses « notes de position », publiée le 22 septembre. Et de constater que plusieurs entreprises du secteur des industries mécaniques (robotique, contrepoids pour les engins de travaux publics, matériel de soudage…) faisaient déjà état de prix pratiqués inférieurs de 30 à 70 % par rapport aux prix de marché dans l’UE.

« En termes de coûts de production, nous disposons d’un exemple précis pour des produits identiques fabriqués en France et en Chine : le différentiel de coût de production est de 38 %, souligne Benjamin Frugier, directeur général de la FIM. Sachant que le coût de transport entre la Chine et l’Europe est de l’ordre de 8 %, le différentiel de coût pour ces produits proposés à la vente dans l’UE est de 30 %. » Et de préciser que les salaires français représentaient approximativement 30 % du prix de vente : « Il n’est pas possible, pour un site de production français, d’être compétitif », s’agace-t-on au sein de l’organisation professionnelle de la mécanique.

« Instruments de défense commerciale »

En fermant quasiment son marché aux marchandises chinoises, la politique de l’administration américaine dirigée par Donald Trump vient créer « un risque majeur de trade diversion des produits chinois vers l’Union européenne », s’inquiète la FIM, pour qui « les instruments de défense commerciale actuels ne nous semblent plus adaptés pour traiter un risque systémique comme celui posé par l’économie chinoise ». En effet, ces mesures sont en général limitées à quelques codes douaniers, ne permettant pas de traiter une chaîne de valeur complète ou le caractère systémique du dumping ou des subventions.

Dans ce contexte, le porte-parole des industriels de la mécanique demande aux pouvoirs publics français et à la Commission européenne de prendre plusieurs mesures, afin de « garantir des règles du jeu équitables (level-playing field) » en matière de commerce avec la Chine.

Instruments de défense commerciale Mettre en place des mesures de sauvegarde pour les produits relevant des industries mécaniques, afin d’atténuer le risque de « trade diversion » et les effets négatifs des surcapacités chinoises.

Antidumping et antisubventions La FIM demande une généralisation de l’initiation des enquêtes par la Commission européenne (procédure ex officio), afin de limiter l’impact financier pour les entreprises déjà soumises à une concurrence déloyale.

Renforcement du cadre des instruments de défense commerciale Inverser la charge de la preuve pour les pays qui présentent des distorsions significatives (voir critères à l’article 2.6 bis b) du Règlement 2016/1036 relatif à la défense contre les importations qui font l’objet d’un dumping de la part de pays non-membres de l’Union européenne.

Politique industrielle et compétitivité Améliorer la compétitivité des entreprises, notamment au travers de la suppression de nombreuses charges administratives (comme les obligations de reporting en matière de durabilité), de l’allègement de la fiscalité (impôts de production), d’une politique industrielle permettant de maîtriser les coûts des intrants du secteur (acier, aluminium, électricité…) et du support au développement des technologies avancées en matière de biens d’équipement.

Industrie mécanique : les propositions de la FIM face à la menace chinoise
Jérôme MEYRAND - Rédacteur en chefFormé aux microtechniques, devenu journaliste en blouse bleue, passé par l’ESJ Lille.

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