Bâtiment 78, symbole d’une renaissance industrielle

Inauguré le 28 mai à Chartres-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine), cet espace se présente comme un phare de l’innovation industrielle, offrant aux jeunes entreprises un écosystème propice à leur développement. Ancien site emblématique de Citroën, ce lieu de 8,5 hectares, intégré au Pôle d’excellence industrielle, symbolise la renaissance d’un patrimoine industriel riche, désormais tourné vers l’avenir et les technologies durables.

Accueillir de jeunes entreprises industrielles en leur donnant accès à des plateformes d’innovation, et aider au développement industriel avec des services dédiés. Telles sont les vocations du Bâtiment 78, inauguré le 28 mai, un espace de 8,5 hectares, situé rue Pierre et Marie-Curie à Chartres-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine) au cœur du Pôle d’excellence industrielle (PEI). Cet ancien site de La Janais, connu pour y avoir produit de nombreux modèles de voitures Citroën, comprend un bâtiment industriel de 25 000 m² ainsi que des locaux tertiaires totalisant quelque 5 000 m². Nommé par le groupe Stellantis le Bâtiment 78, qui a donc conservé son appellation d’origine, abrite 6 793 m² d’ateliers constitués de locaux industriels à destination d’entreprises et des bureaux aménagés sur 1 538 m². Des lieux de vie (espaces logistiques, espace détente, salles de réunion) occupent, quant à eux, 2 131 m². On y trouve également une salle de conférence de 260 m² et un lieu d’exposition vitrine de 230 m², permettant l’accueil du grand public, où seront organisés des évènements, expositions et des « actions emploi formation ». Enfin, 4 700 m² d’espaces extérieurs périphériques au bâtiment ont été végétalisés, avec la plantation de trente arbres et d’une microforêt.

Parcours de formation et recrutements adaptés

La réhabilitation du Bâtiment 78, acquis en 2021 et ouvert en avril, permet d’accueillir des entreprises souhaitant bénéficier d’un environnement optimal (capacité de recherche-développement et d’innovation ; parcours de formation et de recrutements adaptés ; performance énergétique et environnementale…). « Le Bâtiment 78 est le cœur battant du renouveau industriel rennais. Nous avons imaginé cette ressource industrielle augmentée parce qu’à l’heure où les transitions s’accélèrent, il est indispensable d’offrir aux entreprises les meilleures conditions pour innover et produire », a souligné Nathalie Appéré, présidente de Rennes Métropole, lors de son inauguration.

Ce « lieu commun mutualisé » vise à accueillir des sociétés industrielles et porteurs de projets sur des durées variables en mettant à leur disposition des bureaux, ateliers industriels, lieux de vie et d’échange partagés, avec des services sur-mesure d’aide au développement industriel : soutien aux process industriels, ateliers mutualisés, assistance administrative et RH, salles de réunion et espaces de démonstration, entre autres. « Créer un écosystème de partage et d’inspiration entre acteurs industriels », insiste Rennes Métropole, qui a opéré la réhabilitation du bâtiment industriel.

Cette nouvelle structure a été conçue pour s’adapter à l’évolution, parfois rapide, des besoins en bureaux et en ateliers pour certaines jeunes pousses installées, en proposant une superficie qui peut être « régulièrement ajustée », assure Delphine David, directrice du Bâtiment 78, qui souligne que cette solution permet aux industriels qui évoluent rapidement de ne pas investir trop rapidement. Et d’ajouter : « Notre volonté est d’offrir un accompagnement sur mesure à ces entreprises hébergées d’accélérer leur phase de développement industriel. »

De la Citroën Ami 6 au C5 Aircross

Plus grand projet de renouvellement de parc d’activités en Bretagne dédié aux industriels, le PEI, avec son site de 200 000 m², est labellisé « Site clé en main » par l’État. Surtout, il s’agit d’un lieu historique sur le territoire rennais. Construite en pleine campagne à la fin des années 1950, l’usine Citroën de Rennes-La Janais est à l’époque une véritable ville de près de 250 hectares, inaugurée en grande pompe par le président Charles de Gaulle, le 10 septembre 1961. « L’industrie tourne à la force des bras des 14 000 femmes et hommes qui produisent ensemble 300 000 véhicules par an. La mythique Ami 6 sera la première Citroën à y être produite dès 1961 et pendant une dizaine d’années », relate le dossier de presse consacré à l’inauguration du Bâtiment 78.

Après avoir fusionné, en 1976, avec le sochalien Peugeot, la marque aux chevrons affronte un marché de l’automobile « extrêmement concurrentiel », qui lui impose de sortir en permanence de nouveaux modèles et de produire sans cesse plus de véhicules. Sortirons des lignes de production de Rennes-La Janais, les modèles emblématiques de Citroën, tels que l’Ami 6 et 8 (1961-1979), la GS (1971-1981), Visa (1978-1988), BX (1982-1993). L’usine produira également les modèles Peugeot, tels que les 407, 508 et plus récemment la 5008.

Sauver l’usine PSA

En 2012, l’usine PSA est menacée de fermeture. Alors qu’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) est lancé, la mobilisation collective réussira à sauver le site et d’engager sa réindustrialisation « avec la volonté de faire de ce site exceptionnel une vitrine de l’industrie du futur, pauvre en carbone et riche en emploi », avait alors souligné, à l’époque, Nathalie Appéré, présidente de la métropole.

En 2015, en réponse à la volonté de Peugeot-Citroën de réduire son emprise industrielle pour diminuer ses coûts, Rennes Métropole, la région Bretagne et le département d’Ille-et-Vilaine acquirent 52 hectares à la Janais. Une nouvelle zone d’activité est aménagée sur les terrains à vocation industrielle, rachetés à Stellantis. Objectif : répondre aux demandes d’implantation d’entreprises en recherche de grandes parcelles, réservées en priorité aux activités industrielles spécialisées dans la mobilité durable et l’écoconstruction. Pour la métropole rennaise, l’ambition est de faire de la Janais, « un site exemplaire de l’industrie du futur connectée aux nouvelles technologies et économe en énergie ». D’autant plus que le site bénéficie d’un emplacement stratégique aux portes de l’agglomération, avec des voies ferrées sur place, à proximité du principal acteur industriel de la région, ainsi que des axes de desserte majeurs (route de Nantes et de Lorient, rocade, etc.) et de l’aéroport. C’est alors la naissance du Pôle d’excellence industrielle, dont la vocation est d’accompagner la création de start-ups industrielles, l’implantation de nouvelles activités ainsi que la mutation technologique d’entreprises régionales. « Mais aussi de créer un écosystème d’innovation vertueux, capable de profiter aussi bien aux jeunes pousses qu’à l’usine Stellantis (ex-PSA depuis 2021) et de contribuer ainsi à la pérennité de son implantation rennaise », justifie-t-on au sein de Rennes Métropole.

En parallèle, le constructeur automobile annonce la production de la nouvelle C5 Aircross en versions thermique, hybride mais aussi électrique. Ce qui va donner de la visibilité sur le long terme au site automobile et à ses quelque 1 300 salariés. D’autant plus que Stelllantis a investi 152 millions d’euros pour implanter à la Janais sa nouvelle plateforme capable de produire simultanément ce nouveau modèle dans toutes les motorisations.

Un hub pour l’industrie de demain

L’atelier d’Excelcar hébergé dans le Bâtiment 78. Une plateforme qui propose aux entreprises des équipements pour prototyper, tester ou industrialiser leur projet.

Inauguré le 28 mai à Chartres-de-Bretagne, près de Rennes (Ille-et-Vilaine), le Bâtiment 78, qui propose notamment un programme d’incubation pour les porteurs de projet, héberge déjà plusieurs jeunes pousses, parmi lesquelles Keysight, Sweetch Energy, Packgy, Excelcar, ainsi que le pôle de compétitivité ID4Mobility.

Entreprise spécialisée dans le prototypage virtuel et la simulation numérique appliquée à la physique des matériaux, Keysight permet aux industriels de remplacer les prototypes et essais physiques par des simulations virtuelles, « réduisant ainsi les coûts, les délais de développement et les besoins en prototypes physiques tout en améliorant la qualité et la sécurité des produits », justifie la start-up française.

Sweetch Energy est une entreprise experte en énergie osmotique. Il s’agit d’une énergie renouvelable produite grâce à l’exploitation de la différence de salinité entre l’eau douce et l’eau salée, décrit-elle.

Spécialisée en décarbonation de l’industrie, Packgy développe une technologie brevetée de machines thermodynamiques à piston liquide, dans le but de produire du chaud et du froid avec de « très hauts rendements énergétiques », assure-t-elle.

Excelcar a pour mission d’accompagner et d’accélérer l’innovation industrielle d’autres start-up et deeptech, ains que des industriels de toute taille.

ID4Mobility est le pôle de compétitivité dédié aux mobilités terrestres. Rassemblant plus de 400 membres issus de l’industrie, de la recherche et des services, cette structure accompagne ses membres à concevoir, développer, expérimenter et industrialiser des solutions innovantes en lien avec la mobilité.