Robotique en Europe : l’urgence d’éviter le décrochage technologique

L'Europe fait face à un retard significatif dans l'industrie mondiale de la robotique par rapport à la Chine et aux États-Unis, malgré la croissance rapide du secteur. Selon l'étude d'Allianz Research (Allianz Trade) intitulée « No country for old robots: How can Europe leap over the robotics tech frontier ? », publiée le 11 juin 2025, une action urgente et stratégique est nécessaire pour éviter un décrochage technologique et renforcer sa souveraineté industrielle.
Le marché de la robotique connaît une croissance rapide, avec des investissements ayant progressé de +230 % entre 2019 et 2024. D’ici 2030, ce marché pourrait dépasser les 100 milliards de dollars. La Chine est devenue le plus grand consommateur de robots industriels, représentant 51 % des installations annuelles, portée par des investissements massifs et une politique industrielle ambitieuse. L’Asie-Pacifique concentre ainsi 72 % des installations, loin devant l’Europe (17 %) et l’Amérique du Nord (11 %).
Si l’Europe conserve des atouts avec des acteurs de référence comme ABB, Universal Robots ou KUKA (désormais propriété chinoise), elle doit faire face à la montée en puissance d’acteurs chinois et américains soutenus par de fortes politiques publiques et des investissements colossaux. Ce retard pourrait menacer sa compétitivité et sa capacité à relever les défis démographiques et industriels. Le rapport d’Allianz Research identifie cinq leviers stratégiques que l’Europe devrait actionner pour dépasser la frontière technologique en matière de robotique.
Élaborer une feuille de route européenne pour la robotique
L’étude insiste sur la nécessité d’un plan stratégique clair pour développer des « champions » européens dans des secteurs clés : agroalimentaire, santé, logistique, construction, défense ou encore aérospatial. Ces secteurs, moins robotisés, sont stratégiques et moins délocalisables. Il s’agirait de concentrer les efforts sur ces marchés plutôt que de courir après des technologies comme les humanoïdes ou les véhicules autonomes, où l’Europe a déjà pris du retard.
Renforcer l’accès au capital pour les start-up et la recherche
Le déficit d’investissement freine l’innovation. En 2024, les start-up robotiques européennes ont levé 3,7 milliards USD, contre 15,4 milliards aux États-Unis et 8,2 milliards en Asie. Le financement en IA est également déséquilibré : 80 milliards USD pour les États-Unis contre 13 milliards pour l’Europe. L’étude recommande de développer un marché du capital-risque plus robuste et d’exploiter l’engouement actuel pour l’IA afin d’attirer les investisseurs.
Accélérer l’innovation et intégrer l’IA
L’intégration de l’IA dans la robotique est cruciale pour transformer les robots en systèmes intelligents adaptables et débloquer de nouveaux gains de productivité. Pourtant, l’Europe reste loin derrière sur les brevets en technologies avancées, majoritairement dominés par les États-Unis et la Chine. Allianz Research recommande une hausse du budget pluriannuel européen d’au moins 5 %, avec un minimum de 5 à 10 % spécifiquement consacré à la robotique, ainsi qu’une intensification des partenariats entre écoles d’ingénieurs et industriels.
Miser sur la formation et la montée en compétences
La pénurie de compétences freine l’adoption des technologies numériques : 76 % des entreprises de l’UE signalent un manque de talents adaptés. Le rapport préconise un plan complet couvrant opérateurs, techniciens et ingénieurs, avec un cadre européen de certification pour harmoniser les formations, ainsi que des incitations (fiscales ou subventions) pour encourager la reconversion des salariés.
Alléger le cadre réglementaire sans freiner l’innovation
La régulation stricte de l’IA, avec le Règlement européen sur l’IA, pourrait freiner l’innovation et l’investissement, en particulier pour les PME. Allianz Research invite l’UE à harmoniser ses réglementations, créer des « bacs à sable réglementaires » pour tester de nouvelles technologies, et adopter des règles évolutives basées sur les risques.
Enfin, la robotique reste un atout stratégique pour relancer la productivité européenne (+0,8 % entre fin 2019 et début 2024 contre +8,8 % aux États-Unis) et répondre aux défis du vieillissement démographique et de la pénurie de main-d’œuvre. Des études récentes estiment que les robots peuvent générer des gains de productivité de l’ordre de 10 % dans les deux ans suivant leur déploiement. Le défi consiste désormais à convertir ces recommandations en actions concrètes pour éviter à l’Europe un décrochage comparable à celui de son industrie automobile.
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