PME, organisez une approche globale industrie du futur

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Par Machines Production Publié le  14/04/2020
PME, organisez une approche globale industrie du futur

C'est un constat unanimement partagé : si les grands groupes ont joué leur rôle de précurseur dans la mise en œuvre de l’industrie du futur, c'est désormais au tour des PME de suivre le chemin indispensable vers la digitalisation de leur process de conception/production, sous peine d'être distancées par leurs concurrentes en France et à l'étranger.

Les PME représentent en effet 90 % des entreprises industrielles hexagonales. Leur entrée dans l’industrie du futur est donc capitale pour la réindustrialisation du pays, pour que notre économie ne soit plus tournée uniquement vers les services, mais aussi vers l’innovation et la production. Plusieurs ont su d’ores et déjà prendre ce virage. Une table a réuni le 6 mars 2019 à l’occasion de Global Industrie Lyon quatre d’entre elles qui ont fait part de leurs retours d’expériences. PME et industrie du futur, suivez le guide !

Qu’est-ce que l’industrie du futur ?

José Gramdi, enseignant-chercheur, responsable Usine-Ecole à l’Université de Technologie de Troyes, part du constat que la technologie de l’information, il y a encore une vingtaine d’années, était le papier. Pour faire fonctionner nos organisations, on avait donc inventé des règles d’affaires, de management, de pilotage et de performances compatibles avec elles. Or aujourd’hui, les technologies numériques nous permettent de stocker, de traiter et d’échanger des données comme jamais auparavant. Le vrai challenge de l’industrie du futur est donc de remettre en question tous nos vieux modèles. Se contenter de plaquer le numérique sur eux n’engendrerait que des gains minimes. Il ne faut pas de l’incrémental, mais de la rupture : réinventer nos modèles. La technologie est un moyen de le faire. Avec le papier, on était très peu capable de se connecter avec nos fournisseurs, nos clients et nos collaborateurs, d’où une organisation en silos, en services, avec des indicateurs de performances locaux. Aujourd’hui, tout le monde est connecté. Il faut donc inscrire nos décisions dans une dynamique et avec des objectifs globaux. Le mot-clé de l’usine 4.0 est la synchronisation de tous les acteurs qui permet d’aboutir à un modèle d’usine connectée en temps réel avec les clients, les fournisseurs et les prestataires logistiques.

La collaboration, maître-mot de l’industrie du futur

Marc-Emmanuel Favre travaille au service Experts d’Alfi Technologies, dont le PDG est ambassadeur de la French Fab dans sa région, le Maine-et-Loire, pour y promouvoir et animer l’industrie du futur. Pour lui, le 4.0 constitue en effet une nouvelle méthode de travail, une approche inédite, collaborative. Si l’usine est connectée, il faut que les hommes le soient aussi. Ce rôle d’ambassadeur permet d’entrer en relation avec des acteurs locaux, clients ou non, pour développer des projets communs aux besoins technologiques identiques : développement d’une application en réalité augmentée qui sera utilisée par plusieurs industriels qui l’auront cofinancée, partage de bonnes méthodes et pratiques… C’est un changement radical dans une période où les industriels avaient peur de perdre leurs savoir-faire, leurs brevets…, et qui permet également de nouer des liens très forts avec les écoles, les centres techniques et de recherche… Être « industrie du futur », ce n’est donc plus être concentré sur son usine, mais travailler avec tout l’écosystème autour : chasser en groupe et avancer en meute, car on est plus fort ensemble !
Landry Maillet, président d’ABCM, et Kinda al Balkhi, chef de projet chez I.Ceram, entreprise spécialisée à Limoges dans les implants orthopédiques, notamment en céramique, partagent ce point de vue. Pour lui, l’industrie du futur est la coordination des équipes, le fait de les amener sur un projet commun de façon à rendre l’entreprise intelligente et autonome. Pour elle, après avoir tâtonné sur ce qu’était l’industrie 4.0, son entreprise a réalisé que tout partait en fait de l’humain et de sa place au centre de son organisation. Il s’agit de voir comment accompagner les collaborateurs pour développer un projet commun grâce à l’outil numérique, présent de la commande à la livraison.
Afin de dépasser l’usinage, sa spécialité initiale, pour fournir une prestation plus globale avec soudure, peinture, traitement de surface et assemblage, ABCM est passé par un développement humain et technologique visant à optimiser son organisation. Il a fallu faire adhérer à ce projet l’ensemble des collaborateurs. Chacun d’eux a ainsi travaillé à l’évolution de son poste et de l’organisation de travail. L’entreprise opère ainsi désormais en « management visuel » : au lieu d’avoir un responsable qui prend les décisions, parfois tardivement, chaque équipe est autonome, dotée d’un animateur qui est l’un de ses membres, et peut faire ses choix en temps réel. Un nouveau système informatisé permettant aux clients de passer directement leur commande, a été mis en place, un ERP l’organisant dès lors dans l’atelier, de la commande de la matière première jusqu’à la livraison au client. Toute l’organisation des équipes a été revue. Résultat : ABCM est passé en très peu de temps de 60 à 82 salariés, voire 120 suite à une acquisition externe. Cette réorganisation, qui nécessite des investissements conséquents en matériel et en formation notamment, ne lui a pas encore permis d’augmenter ses marges, mais a généré des gains de performance et de réactivité importants pour affronter la concurrence. Sans ces investissements, cette réorganisation, cette offre nouvelle et cette ouverture aux nouvelles technologies, toute entreprise, aussi performante soit-elle, risque de s’éteindre tranquillement…
Autre exemple, chez Alfi Technologies, qui crée des lignes de production et manutention automatisées, sa reprise en 2010 a été marquée par la prise de conscience d’une nécessaire automatisation et digitalisation des process pour créer notamment un outil (basé sur des technologies telles que la réalité virtuelle, la réalité augmentée ou l’émulation-simulation, capables de créer un jumeau numérique) qui permette aux clients de valider les propositions qui leur sont faites. Les technologies 4.0 ne sont donc pas utilisées dans ce cas pour les ateliers mais comme support du process de vente et aide aux clients. Dès l’avant-projet, le client peut voir sa maquette en réalité virtuelle ; s’il continue le projet, il verra une animation des équipements et pourra simuler les flux. L’automatisme peut même être développé avant même d’être monté. Tout cela sécurise le développement de façon étroitement collaborative avec le client, évitant les erreurs que peut engendrer un cahier des charges mal compris. A la fin, un jumeau numérique est remis au client qui peut le tester. Cette démarche a été rendue possible par un changement profond au sein de l’entreprise dans le mode de fonctionnement du bureau d’études, passé du plan papier aux outils digitaux avec la réalité virtuelle. En interne comme chez le client, on peut tester dès la conception, ce qui permet de détecter les éventuelles erreurs en amont et de libérer la créativité. Il y a un vrai esprit start-up avec le recours notamment à des logiciels hors du circuit industriel traditionnel, issus notamment du gaming. D’où la nécessité d’attirer puis de retenir dans l’entreprise des jeunes qui n’étaient pas attirés par l’industrie, en leur créant un espace dédié où ils peuvent tester leurs technologies et prendre des risques.

L’humain au centre de l’industrie du futur

Dans chacun de ces exemples, José Gramdi fait remarquer que l’on n’a que peu parlé de technologies – même si elles sont présentes – mais surtout d’humain ! Soit l’on considère en effet qu’on va remplacer l’homme par des machines pour rentabiliser la masse salariale, mais ce sera une course sans fin car les concurrents pourront faire strictement la même chose sans qu’aucun n’en tire d’avantage compétitif. Soit l’on réalise que la digitalisation va libérer l’humain des fonctions sans valeur ajoutée pour lui permettre de développer de vrais avantages compétitifs à l’attention des clients par l’excellence de l’offre. Ce qui recréera de l’emploi et réindustrialisera, in fine, le pays. Il faut redevenir compétitif non par nos coûts mais par la valeur qu’on crée.
Cette idée du client au cœur des décisions est caractéristique de l’industrie du futur, souligne-t-il. Elle explique, selon lui, l’extraordinaire développement d’Amazon dans la vente à distance, au détriment des enseignes traditionnelles comme les 3 Suisses ou la Redoute par exemple. En utilisant le numérique pour mettre le client au centre de ses préoccupations, l’américain a révolutionné le modèle. L’industrie du futur, ce n’est donc pas de la technologie pour de la technologie : c’est avant tout de l’humain !

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