Fraisage : maîtriser les vibrations pour gagner en productivité

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Consommable Par Jérôme MEYRAND Publié le  16/10/2025
CoroMill 390
Savoir identifier leurs causes d’une vibration et appliquer les bonnes stratégies permet de retrouver un process stable, plus fiable et plus rentable.

Les vibrations sont l’ennemi silencieux de l’usinage. Elles dégradent l’état de surface, réduisent la durée de vie des outils, ralentissent la production et mettent en péril la qualité des pièces. Pourtant, des stratégies simples existent pour les contrôler et transformer ce problème en levier de performance.


Mauvais états de surface, outils cassés, perte de productivité : les vibrations excessives restent l’un des problèmes les plus persistants et coûteux en fraisage. Avec la bonne stratégie et les bons outils, elles ne sont pourtant pas inévitables. Dans cet entretien, Barry Cahoon, spécialiste des outils coupants rotatifs à plaquettes chez Sandvik Coromant, livre ses conseils pour fraiser avec plus de stabilité, de précision et de confiance.

Quelles conséquences entraînent les vibrations non maîtrisées sur la productivité, la qualité et la sécurité en usinage ?

Les vibrations sont une composante naturelle de tout process de coupe. Mais si elles ne sont pas maîtrisées, elles deviennent un frein majeur à la productivité et à la qualité. Dans les opérations de fraisage, elles accélèrent l’usure des machines, provoquent des réparations coûteuses, réduisent la durée de vie des équipements et entraînent des arrêts non planifiés. Le bruit généré crée aussi un environnement de travail moins sûr et plus stressant pour les opérateurs.

Pourquoi la maîtrise des vibrations est-elle particulièrement cruciale dans des secteurs comme l’aéronautique, le médical ou l’automobile ?

Dans ces secteurs où la précision et la fiabilité ne se négocient pas, les conséquences sont particulièrement graves. Un état de surface médiocre ou un écart dimensionnel, même minime, peut entraîner un rejet de pièces par rapport aux normes strictes de l’industrie, voire une défaillance lors de leur utilisation. Face à ces risques, maîtriser les vibrations est essentiel pour garantir la qualité des pièces et assurer un usinage efficace et rentable. La première étape consiste à en comprendre la cause.

Quelles sont les différentes formes de vibrations rencontrées en usinage et leurs impacts respectifs ?

Les vibrations naissent souvent d’une instabilité de l’installation d’usinage. Les grands porte-à-faux, les parois minces, un mauvais bridage ou des pièces mal fixées réduisent la rigidité du système et déclenchent différentes formes de vibrations. Chaque forme de vibration s’accompagne de ses propres conséquences. La première forme de vibration, ce sont les vibrations libres ou naturelles. Elles apparaissent lorsqu’une pièce est déplacée puis oscille sans force extérieure continue, par exemple après un choc lors du montage ou de la manipulation. Seules, elles sont généralement inoffensives, mais elles peuvent perturber la coupe si elles interagissent avec d’autres forces. Les vibrations forcées sont plus fréquentes et sont causées par des influences répétitives extérieures comme le déséquilibre de l’outil, le mauvais alignement de la machine ou des variations des charges de coupe. Ces oscillations régulières perturbent l’engagement de l’outil et dégradent l’état de surface. Les vibrations autoentretenues ou le cliquetis sont les plus problématiques. Elles surviennent lorsque les variations de forces de coupe se réinjectent dans le système et s’amplifient à chaque passe. Elles se traduisent par des oscillations à haute fréquence, une coupe instable et des états de surface médiocres. Le cliquetis, souvent reconnaissable au bruit et aux ondulations visibles, réduit la précision, écourte la durée de vie des outils et rend quasi impossible le respect de tolérances serrées en usinage de haute précision.

Quelles stratégies permettent de réduire les vibrations et d’améliorer la stabilité du process de fraisage ?

Identifier la source des vibrations n’est que la première étape. Les maîtriser exige des stratégies et des outils adaptés. Pour réduire les vibrations et obtenir des performances constantes, trois stratégies doivent être privilégiées : réduire le porte-à-faux de l’outil, optimiser les conditions de coupe et choisir une géométrie adaptée.

Réduire le porte-à-faux est l’un des moyens les plus efficaces pour accroître la rigidité. Plus l’outil dépasse du porte-outil, plus sa rigidité diminue, ce qui amplifie les forces de coupe et les transforme en oscillations nuisibles. Dans la plupart des cas, il suffit simplement de raccourcir le montage. Optimiser les paramètres de coupe permet également de réduire les vibrations. Des avances, profondeurs de passe ou vitesses de broche trop élevées, surtout dans des montages instables, favorisent l’instabilité.

En ajustant soigneusement la vitesse de la broche, l’avance par dent et les angles d’engagement, les fabricants peuvent stabiliser le process de fraisage. Même de petits ajustements réduisent fortement les vibrations sans sacrifier la productivité. Cette méthode est encore plus efficace associée à des stratégies d’usinage adaptatives, qui permettent un engagement plus fluide et limitent le risque de cliquetis, en particulier sur les parois minces ou les formes complexes.

Enfin, choisir la bonne géométrie d’outil joue aussi un rôle important. Un outil qui génère des efforts réduits et un engagement régulier limite le risque de vibrations, notamment dans l’usinage léger.

Pourquoi la maîtrise des vibrations doit-elle être envisagée comme une approche globale combinant plusieurs paramètres ?

En effet, réduire les vibrations ne repose pas sur une seule solution. Il faut réduire le porte-à-faux, sélectionner le bon outil et ajuster les conditions de coupe. Et chaque paramètre contribue à un environnement d’usinage plus stable et plus productif. Avec ces stratégies, les fabricants peuvent travailler avec plus de confiance et atteindre les niveaux de qualité exigés par leurs secteurs d’activité.

Deux outils pour combattre les vibrations

Sandvik Coromant propose deux solutions pour combattre les vibrations lors des opérations de fraisage. La première est son système antivibratoire Silent Tools. Utilisé lorsque le porte-à-faux est inévitable, comme pour le fraisage de cavités profondes en aéronautique, cet outil intègre des mécanismes d’amortissement interne qui « absorbent les vibrations à la source, stabilisent la coupe, améliorent l’état de surface et prennent en charge des paramètres de coupe plus élevés », assure Barry Cahoon, spécialiste des outils coupants rotatifs à plaquettes. La deuxième solution est sa fraise CoroMill MH20. Conçue pour le fraisage dynamique d’épaulements et de poches, elle se caractérise par une « action de coupe stable ».

Fraisage : maîtriser les vibrations pour gagner en productivité
Jérôme MEYRAND - Rédacteur en chefFormé aux microtechniques, devenu journaliste en blouse bleue, passé par l’ESJ Lille.

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