Falcon surtaxé, Rafale ignoré : Éric Trappier se rebiffe

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Industries Par Jérôme MEYRAND Publié le  29/07/2025
Eric Trappier, le PDG de Dassault Aviation.
Eric Trappier, le PDG de Dassault Aviation. photo A. Daste/Dassault Aviation

Alors que les ventes de Rafale à l’export progressent au premier semestre 2025, le PDG de Dassault Aviation s’est montré particulièrement critique à l’égard de deux partenaires historiques. Inquiet des menaces de surtaxes américaines sur les jets Falcon, Éric Trappier n’a pas non plus mâché ses mots après l’annonce par la Belgique de l’achat de nouveaux F-35 américains, au détriment de l’offre française.


Avec des prises de commandes au premier semestre 2025 qui s’élèvent à 26 Rafale  et huit Falcon à l’export, contre respectivement 18 et 11 appareils à la même période de 2024, le patron de Dassault Aviation n’avait toutefois pas caché son inquiétude, dans un contexte de guerre commerciale lancée par le président des États-Unis, Donald Trump, sur le secteur de l’aviation d’affaires. « Pour nous, c’est une inquiétude, puisque toute taxation supplémentaire d’avions français vers les États-Unis serait de nature, une fois de plus, à aggraver les problématiques de compétitivité de nos avions face aux concurrents américains », avait déclaré Éric Trappier lors de la présentation des résultats semestriels, le 22 juillet à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), rapporté par BFM Business.

« Ça ne passe pas »

Le PDG de Dassault Aviation ayant ajouté que la compétitivité, déjà en faveur des États-Unis, serait « encore dégradée si on doit absorber des droits de douane », soulignant qu’avec des marges opérationnelles du constructeur de l’avion d’affaires Falcon à hauteur de 6 %, avec « des droits de douane, même à 10 %, ça ne passe pas, c’est aussi simple que ça », avait-il indiqué, le 22 juillet, en prévision de la rencontre, le 27 juillet en Écosse, entre la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le président des États-Unis, Donald Trump, dans le cadre de la négociation d’un accord commercial entre les deux continents. Si celui-ci a fini par établir un taux de 15 % des droits de douane américains sur les produits européens, l’accord épargne finalement le secteur aéronautique. Dans un court communiqué du constructeur d’avions d’affaires français, Eric Trappier s’est félicité, mardi 29 juillet, « de l’exonération des droits de douane pour l’industrie aéronautique. Cette exonération est positive pour les industriels du secteur, des deux côtés de l’Atlantique ».

L’avionneur qui compte plus de 3 000 avions dans le monde n’avait pas exclu, en réponse à ces droits de douane imposés par l’administration Trump, d’installer une usine de production outre-Atlantique. Le constructeur de Saint-Cloud ayant déjà un pied aux États-Unis, à Little Rock exactement, en Arkansas. Un site spécialisé dans l’aménagement intérieur de ses jets privés.

« Soit je suis désagréable, soit je ne le suis pas »

Une autre phase d’Eric Trappier a défrayé la chronique lors de la présentation des résultats semestriels du groupe. Rapportés dans le JDD du 24 juillet, les mots de l’avionneur n’ont pas été tendres envers la confirmation de la Belgique d’acquérir onze nouveaux avions de combat F-35 américains, s’ajoutant aux 34 déjà commandés en 2018. « À l’époque, le Rafale était en lice pour renforcer la défense aérienne belge, mais c’est bien le chasseur américain qui avait été retenu », peut-on lire sur le site Internet du JDD. D’autant plus que la Belgique est censée participer au développement du système de combat aérien du futur (SCAF), au côté de la France, l’Allemagne et l’Espagne, et dont Dassault Aviation est l’un des acteurs, avec Airbus.

Évoquant la préférence de Bruxelles pour le chasseur de Lockheed Martin, tournant le dos au Rafale français, Eric Trappier a déclaré : « Soit je suis désagréable, soit je ne le suis pas. Comme je suis plutôt diplomate, je dirais que si elle renonce à acheter des F-35, la Belgique est la bienvenue. Si je n’étais pas diplomate, je dirais qu’elle se fout de notre « gueule ». Vous choisissez la bonne réponse. »

Face à une concurrence transatlantique exacerbée et à des arbitrages européens de moins en moins favorables à l’industrie aéronautique française, Dassault Aviation tente de garder le cap. Entre diplomatie et agacement, la voix d’Éric Trappier, elle, oscille, au gré des vents contraires d’un ciel décidément très politique.

Falcon surtaxé, Rafale ignoré : Éric Trappier se rebiffe
Jérôme MEYRAND - Rédacteur en chefFormé aux microtechniques, devenu journaliste en blouse bleue, passé par l’ESJ Lille.

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