Du métier à tisser à la robotique

C’est à Faverges, commune du sud de la Haute-Savoie, connue pour son industrie de la soie, que la marque de robots Stäubli a élu domicile, il y a 35 ans. Pour se rapprocher des ateliers de tissage, ses premiers clients.
Deux anniversaires ont été célébrés en 2017 par le groupe Stäubli. Les 125 ans de la firme fondée par Herman Stäubli et Rudolph Schelling, à Horgen, au nord de la Suisse. Et les 35 ans de sa division robotique, créée à Faverges, en Haute-Savoie. C’est sous le nom de Schelling & Stäubli, qu’un petit atelier, spécialisé dans la fabrication des ratières pour l’industrie du tissage, voit le jour. Souhaitant se rapprocher des nombreuses soieries concentrées dans les Alpes du Nord, Herman Stäubli décide, en 1909, de s’installer à Faverges. De là, il développera, en 1956 une seconde activité, celle des raccords rapides pour tous types d’énergies (fluide et électrique), bénéficiant d’un savoir-faire de proximité, celui du décolletage, dans la vallée de l’Arve.
Face à l’essor de l’électronique, l’entrepreneur suisse lance, dès 1982, sa division robotique, dans les mêmes mûrs de son usine, solidement implantée dans cette ville de tisserands. « Stäubli Robotics est né et permet d’optimiser la rentabilisation de l’outil industriel », retrace le groupe franco-suisse. En fait, l’activité de robotique industrielle démarre par un partenariat, avec le pionnier du secteur, la société américaine Unimation. La marque apparaît toujours sur les bras Stäubli. L’entreprise de Horgen commercialise, en France et en Suisse, ces robots polyarticulés, connus sous le nom de Puma 6 axes, avant de s’emparer de l’Américain, en 1988. Entre temps, une nouvelle gamme de robots, conçue par Stäubli, voit le jour : Scara RS. Puis, ce sera l’apparition du premier robot 6 axes de la gamme RX, qui est produit dans l’usine favergienne. Un modèle que l’on retrouvera aussi bien dans l’industrie automobile et la plasturgie, que dans celle des sciences de la vie et de l’agroalimentaire.
Une usine de 1 300 salariés
En rachetant, en 2002, Multi-Contact, un fabricant suisse de systèmes de connexion électrique, Stäubli Robotics développe le contrôleur CS8 et le langage de programmation VAL 3, qui permettent de maîtriser intégralement l’ensemble du robot.
Aujourd’hui, le site de Faverges rassemble quelque 1 300 collaborateurs. Une usine de 60 000 m² bâtie sur 15 hectares, dont le chiffre d’affaires avoisine les 500 millions d’euros. Elle regroupe à la fois l’activité machines textiles (MAF, ratière et Jacquard), connecteurs et robotique. « Des robots fabriqués en France depuis un site qui fait appel à la sous-traitance locale », rappelle Jacques Dupenloup, responsable des ventes en France pour la division robotique. Le site trentenaire abrite, depuis 2017, un showroom de 480 m², dont 260 m² d’exposition. Son nouveau centre de formation de 500 m², ouvert depuis mai 2017, avec ses quatre salles de cours et sa quinzaine de robots, ambitionne de former 1 000 personnes chaque année, qu’il s’agisse de clients, intégrateurs, partenaires et salariés. Ce qui va occuper trois formateurs à temps pleins.
Nouvelle gamme de robots
Le service R&D de la division robotique est composé de 75 personnes, où 10% du chiffre d’affaires est investi chaque année. A la production, la marque française maîtrise toute la chaîne de fabrication de ses robots. « Stäubli Robotics est aujourd’hui le seul constructeur français de robots industriels à maîtriser tous les composants, du réducteur aux logiciels embarqués », affirme François Morisse, directeur général de l’usine de Faverges. Lors d’une visite des ateliers, Jacques Dupenloup rappelle que les robots sont fabriqués sur commande, nécessitant 35 jours ouvrés pour produire un modèle 6 axes.
L’année 2016 aura été marquée par la commercialisation de sa nouvelle gamme de robots industriels, collaboratifs cette fois-ci. Les bras de la série TX2 et leur nouveau contrôleur CS9, ont ouvert « un nouveau chapitre de la coopération homme-machine », affirme le roboticien, qui avait remporté un Simodec d’or, pour cette innovation. Aujourd’hui, c’est sur Helmo qu’il faudra compter pour entrer dans cette nouvelle révolution industrielle qui se profile. Ce robot mobile pourra s’adapter à toutes les applications, préparation de commande, picking, assemblage, chargement de machines, flux interne (transport de pièces, d’outillages), promet Stäubli. Bien décidé à devenir un acteur incontournable de l’industrie du futur.