AMB 2016 : Innovations et développements

Le salon AMB 2016 à Stuttgart en Allemagne était à nouveau une manifestation des superlatifs. Jamais autant d'exposants n'ont été présents sur le parc d'expositions que cette année, malgré une surface d'exposition brute inchangée de 105 200 m2. Ceci s'explique par le fait que différents stands collectifs et expositions spéciales ont augmenté le nombre de co-exposants. Il est à remarquer, que la majorité des 1 469 exposants du salon sont directement les fabricants des produits et solutions présentés.

Selon les chiffres communiqués par les organisateurs, environ 90 000 visiteurs, dont 16% d’étrangers venant de 83 pays, sont venus découvrir les nouveautés et autres innovations mises en valeur au salon. Le Directeur Général de la Foire de Stuttgart, Ulrich Kromer von Baerle, commente ce succès :  » AMB à Stuttgart est la plate-forme d’innovation pour les machines-outils et les outils de précision en Allemagne. Environ 30% des exposants viennent de l’étranger et veulent profiter du rayonnement du salon « . En effet, les exposants étrangers venaient de 33 pays différents, dont principalement la Suisse (79), l’Italie (80), l’Espagne (26) et l’Autriche (26). Les tendances et thèmes du salon AMB 2016 faisaient une grande place à deux principaux axes thématiques, soit  » la machine de l’avenir « , y compris tous les thèmes réunis sous le terme Industrie 4.0 et  » l’interconnexion des machines et des outils « . Le programme-cadre se consacrait également à ces deux sujets centraux, sans négliger les thématiques connexes, telles que la construction allégée, la préservation des ressources ou encore les avantages apportés par les nouvelles technologies. Nous reviendrons dans les prochains numéros de Machines Production sur certaines nouveautés et des produits choisis, mais présentons ci-dessous déjà quelques tendances et technologies.

Les gains d’efficacité sont demandés à tous les niveaux
L’augmentation des performances ou la digitalisation, qu’est-ce qui compte plus ? A l’avenir, les deux doivent être en équilibre parfait. Car, là où les machines et les outils se rapprochent toujours plus des limites techniques, une approche holistique des processus de production s’impose. Ainsi, le génie mécanique et la digitalisation ont été thématisés à parts égales sur la plupart des stands, dans le but d’offrir des produits qui continuent d’être technologiquement les meilleurs et peuvent être complétés par les services complémentaires poussés à bout. Pour certains, on semble, d’ailleurs, se rapprocher des limites du techniquement faisable et, compte tenu du niveau de maturité technique élevé des machines, l’enjeu consisterait à élargir l’offre de services avec des avantages premium pour les clients. La voie semble toute tracée depuis la mise en route du concept d’industrie 4.0 en 2011. Mais la plupart des entreprises n’auraient pas encore appris à raisonner en termes de solutions connectées et auraient besoin d’un changement de perspective. La machine à elle seule ne devrait plus être au centre de l’attention. On devrait plutôt chercher à l’enraciner dans l’intra-logistique de l’entreprise.

Les machines de plus en plus performantes
Parallèlement aux progrès de l’informatique, les machines-outils elles-mêmes deviennent toujours plus efficaces et économiques. Concrètement, Oliver Gossel, directeur commercial de Röders GmbH, nous a fourni l’explication suivante :  » La dernière technologie disponible actuellement permet de réaliser des économies substantielles sur le temps d’usinage à travers l’optimisation de l’asservissement et du calcul du trajet. Et il serait aussi entretemps possible de réaliser des surfaces optiques dans de l’acier trempé. Une tolérance de +/- 1 µm sur la pièce usinée ou une surface de haute qualité avec une rugosité moyenne Ra de 5 nm dans l’acier spécial trempé seraient réalisables aujourd’hui « . Même son de cloche chez Walter Börsch, le PDG du groupe suisse Starrag, détenant plusieurs filiales en Allemagne :  » J’attends plus que simplement des innovations des logiciels. Au niveau technique, la tendance est aux systèmes cinématiques permettant l’usinage sur 360°, aux machines avec une productivité plus élevée en fonction de la surface au sol et aux configurations de machines faites sur mesure pour le client « .

L’intégration de nouvelles technologies
Un autre sujet brûlant d’AMB avait pour thème la fabrication additive. À court terme, ce procédé relativement nouveau, ne semble pas encore avoir tout à fait atteint la maturité de série pour déjà être une menace directe pour l’usinage. Mais les constructeurs de machines-outils ne peuvent pas l’ignorer, tellement ses avantages sont frappants. Donc ils intègrent de telles méthodes dans leurs machines, comme nous le décrit Manfred Maier, le directeur des opérations du groupe Heller :  » Il s’agit de combiner intelligemment l’apport de matière, le mélange de matériaux et l’enlèvement de matière. Les technologies appliquées sont le laser, le soudage par friction malaxage, les seringues de dépôt de métal et quelques autres technologies « . Concrètement, Heller utilise déjà cette méthode pour l’enduction des alésages de cylindre dans le carter-moteur en aluminium des moteurs à combustion interne. Egalement déjà bien réelles chez Hurco Gmbh sont la programmation et la fabrication additive sur un centre d’usinage 3 axes. Cette tête d’impression 3D métal est serrée dans un porte-outil comme un outil classique.

L’usinage efficace en un seul serrage
Les visiteurs pouvaient observer toute une série de tendances au niveau des techniques dans l’usinage intégral de pièces de grande taille de plus en plus complexes, l’enlèvement de matière sans changer de serrage ou presque, ainsi que dans les exigences d’efficacité de plus en plus sévères dans la production. Pour les utilisateurs, les mots importants restent toujours les mêmes : temps de cycle, coût de l’énergie, temps fixe, fabrication sans intervention humaine, fonctionnement multi-machine. À éviter à tout prix : desserrer les étaux.  » Globalement, la tendance se poursuit dans l’intégration de plusieurs technologies pour une même opération, l’automatisation intensive et la sécurité des processus « , nous a expliqué Udo Hipp de la fabrique de machines Berthold Hermle AG.
Les nouveaux matériaux exigent un perfectionnement continu des outils
Les matériaux sont de plus en plus solides, durs et résistants. Toutefois, les fabricants d’outils de précision réussissent chaque fois à trouver un procédé d’usinage économique des matériaux même les plus exigeants après un temps relativement court. C’est ce qu’ont démontré une nouvelle fois à l’AMB près de 500 fabricants d’outils de précision qui présentaient leurs produits.
Certains exposants de l’AMB se concentrent sur des nouveaux concepts tels que l’usinage cryogénique ou la fabrication additive. Que nous apportent ces concepts ? L’usinage cryogénique offre également beaucoup de potentiel, mais il y a encore beaucoup de pain sur la planche avant la percée définitive. Ces techniques permettent de mieux maîtriser les problèmes de fragmentation des copeaux et de bavure sur les matériaux difficiles, de même que pour réduire l’usure de l’outil. On peut également recourir aux procédés de fabrication additive si les formes ne peuvent pas être réalisées avec les moyens classiques, par exemple le refroidissement interne des outils et du corps d’outil. Parallèlement au refroidissement, il est aussi possible d’influencer positivement la réaction dynamique du corps de base de l’outil via les structures internes et en combinant des matériaux différents. D’autre part, le concept de l’industrie 4.0 crée de toutes nouvelles perspectives pour l’outillage également.

L’avenir d’AMB est tout tracé
Du 23 au 26 mai 2017 se tiendra AMB Iran, où les organisateurs attendent plus de 200 exposants occupant une surface brute de plus de 12 000 m2, sur le nouveau site d’exposition Shahr-e-Aftab Complex à Téhéran. Sur le site de Stuttgart, la prochaine édition d’AMB se tiendra du 18 au 22 septembre 2018 et, à partir de cette manifestation, le centre d’expositions disposera d’une surface totale d’environ 120 000 m2. En effet, les travaux en cours permettront une augmentation de la capacité de 15 000 m2 grâce au nouveau hall  » Paul Horn  » (le futur hall 10).