Fier de produire pour les clients

À l’école de production Gorge de Loup, Nacir Benayed, 19 ans, apprend à usiner avec rigueur. Chaque pièce livrée à des clients est source de fierté. Interview.

À 19 ans, Nacir Benayed suivait une formation de conducteur d’installation de production (CAP CIP) à l’école de production Gorge de Loup, à Lyon, lors de notre rencontre en mai dernier. Il partage avec enthousiasme son parcours, ses motivations et sa passion pour la mécanique, transmise par son père. Fier de chaque pièce qu’il réalise, il trouve du plaisir autant dans la programmation des machines que dans la précision du geste. Entre exigence technique et développement personnel, Nacir incarne une nouvelle génération de jeunes engagés dans l’industrie, conscients de l’importance du savoir-faire, du savoir-être, et résolument tournés vers un avenir professionnel prometteur.

Pourquoi as-tu choisi de rejoindre une école de production comme celle de Gorge de Loup ?

Si j’ai choisi de rentrer dans cette école, parce que c’est d’abord une histoire de famille. Mon père a été mécanicien et il a d’ailleurs travaillé dans la mécanique générale. C’est une passion qu’il a sue me transmettre.

Qu’est-ce qui te rend fier dans ton travail au quotidien ?

Je suis fier de chaque pièce que je réalise. Le plaisir, je le trouve aussi quand je réussis à faire une pièce avec les bonnes cotes. Mais la fierté, je la tire aussi simplement parce que je me dis que cette création, elle provient de moi. Puis, il faut savoir que nous produisons des pièces pour des clients. Alors cela fait plaisir de savoir que le client puisse être satisfait de mes pièces. Cela me rend fier. C’est ce qui nous pousse à acquérir des compétences, car au bout il y a la satisfaction du client. Le challenge, c’est de ne pas rater la pièce surtout. Bien sûr, cela nous met plus de pression, parce qu’il ne s’agit pas de louper une série. Certes, cela peut arriver qu’on la loupe de quelques centièmes [de millimètre], mais on essaie de ne pas la louper.

À quel moment ressens-tu le plus de plaisir dans ta formation ?

Le moment où je me fais le plus plaisir, ce n’est pas forcément quand je suis sur la machine, mais plutôt quand je dois la programmer. Cela demande de faire beaucoup de calculs, cela nécessite un travail de réflexion, car il faut faire attention, par exemple, à ne pas abîmer la machine, l’étau ou les outils, si on s’est trompé dans la programmation. Toutefois, je prends du plaisir tout le temps, parce que le principe de l’école, c’est faire pour apprendre.

Quelles sont les qualités humaines que tu développes dans cette école ?

A l’école de production Gorge de Loup, on travaille aussi sur le savoir-être, qui repose sur trois piliers : être courageux, compétent et consciencieux. Trois qualités qu’il faut savoir acquérir avec le temps. Être courageux, c’est, par exemple, se levait le matin pour aller travailler, même si par moment, on aurait la flemme, il faut avoir le courage de se dire qu’il faut y aller, parce que cela en vaut la peine. Être compétent, cela signifie qu’il faut se surpasser. Et être consciencieux, cela veut dire que nous devons faire attention aux pièces que nous produisons, parce qu’il y a un client derrière. Et je reconnais, qu’avec le temps, je sens que je deviens plus courageux, plus compétent et plus consciencieux.

Quels sont tes projets après l’école ?

Après l’école, je vais continuer dans cette branche-là de la mécanique. Je ne sais pas encore dans quelle entreprise. Je sais que je pourrais travailler aussi dans le décolletage par exemple, je verrai où la mécanique m’emmène. Aussi, c’est un métier dans lequel l’on est bien payé. Et surtout, je sais qu’en sortant de l’école de production, je suis sûr de trouver un emploi. Nos métiers sont très recherchés.

Que dirais-tu à un jeune qui hésite à se lancer dans ce métier ?

Je lui dirais d’abord d’écouter son cœur. Parce que moi, je sais que c’est mon cœur qui m’a amené vers la mécanique, parce qu’à l’origine, c’était une passion. Pour le rassurer, je dirais aussi qu’on s’éclate dans la mécanique. Surtout la mécanique est partout, on en trouve même dans les machines à laver.

En chiffres

2 057. C’est le nombre total d’élèves formés dans les écoles de production à la rentrée 2024. Ce chiffre reflète une croissance significative par rapport aux 1 800 élèves de l’année précédente.

71. C’est le nombre d’écoles réparties en France métropolitaine. Le réseau poursuit son objectif de développement vers 100 écoles d’ici 2028.

88 %. C’est la proportion d’élèves ayant obtenu leur CAP en 2023-2024. Un indicateur fort de la réussite pédagogique du modèle « faire pour apprendre ».

8,2. C’est le montant, en millions d’euros, de fonds privés collectés par la fédération au profit des écoles. Ce financement provient notamment du mécénat, de la taxe d’apprentissage et de partenaires privés.

171. C’est le nombre de professionnels ayant suivi une formation interne, soit une hausse de 60 %. Cela inclut des maîtres professionnels, directeurs et formateurs en enseignement général.

Ces chiffres sont tirés du rapport annuel 2023-2024 de la Fédération des écoles de production