Mecadaq : la stratégie de la taille critique

Ce spécialiste de l’usinage de précision pour l’aéronautique a choisi la croissance externe pour atteindre la taille critique demandée par les donneurs d’ordres.
Créé en 1971 par le père et grand-père de son actuel président, Mecadaq, avant de devenir un groupe, a démarré son activité au sein d’un atelier d’une quinzaine de personnes, à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), à proximité de l’usine Turbomeca (aujourd’hui Safran Helicopter Engines), pour qui la famille Dubecq livrait des pièces usinées, y compris pour le site biarrot de Dassault Aviation. Arrivé en 1998, Julien Dubecq a repris la société en 2002. Alors qu’elle produisait également des pièces mécaniques de précision pour la Formule 1, le jeune chef d’entreprise de 32 ans décide de se concentrer davantage sur le secteur aéronautique, et parvient à entrer dans tous les programmes majeurs de l’aviation civile de l’époque : Airbus A380, Dassault Falcon 7X et Embraer 170-190. Puis, en 2006, c’est pour Boeing, via l’équipementier Latécoère, que Mecadaq usine des composants pour les portes passagers du 787. Avec Stelia Aerospace, en 2012, ce sont des pièces (ferrures et cadres) qui sont usinées pour les pointes avant de l’Airbus A350 notamment. Enfin, c’est le Japonais Mitsubishi Heavy Industries qui fait appel à l’usineur français pour des pièces de portes destinées au Boeing 777.
« En 2015, nous réalisions 20 millions d’euros de chiffre d’affaires [contre 60 millions aujourd’hui]. Mais je sentais bien que j’arrivais sur une sorte de plafond de verre que je ne pouvais pas briser seul, se rappelle M. Dubecq, 49 ans. Car les avionneurs cherchaient à travailler avec des partenaires ayant une taille critique. J’ai choisi de réaliser un OBO [owner buy out] avec Activa Capital, un fonds d’investissement qui est entré dans le groupe en décembre 2015. L’objectif était de faire partie de la consolidation du secteur demandée par les donneurs d’ordres, en couplant notre croissance organique à de la croissance externe afin d’enrichir notre outil industriel et notre portefeuille client. »
Trois acquisitions en trois ans
Entre 2016 et 2018, Mecadaq Group réalise pas moins de trois acquisitions. RBDH à Marignier (Haute-Savoie) en juillet 2016. « Cette entreprise de 50 personnes avait un savoir-faire dans le tournage et taillage d’engrenages. Avec beaucoup de compétences et des clients aéronautiques que nous n’avions pas », explique Julien Dubecq. Juillet 2017, l’usineur Armoa devient Mecadaq Chanteloup-les-Vignes (Yvelines). « Il réalisait 75 % de son chiffre d’affaires avec Stelia, et c’est un client stratégique avec lequel nous souhaitons consolider notre business. » Enfin, en mai 2018, Mecadaq confirme sa présence aux Etats-Unis en s’emparant de Hirschler Manufacturing, un sous-traitant de Boeing implanté à deux pas des usines d’assemblage de l’avionneur. Il faut dire que Julien Dubecq avait déjà mis un pied outre-Atlantique en créant, en 2008, un site d’usinage en Californie, qui depuis a rejoint les ateliers de sa nouvelle entité.
Et pour M. Dubecq, l’implantation en pays low cost n’a pas été retenue. « L’activité d’usinage ne se prête pas forcément aux délocalisations et je suis un patriotique industriel, glisse-t-il. J’ai toujours préféré créer de la richesse dans mon pays qui regorge d’atouts pour développer son industrie. » La crise que nous vivons actuellement lui donnera certainement raison.
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