Le décolletage évolue dans ses structures

Le secteur du décolletage a su évoluer pour faire face à la compétition internationale, notamment en ce qui concerne les métiers et la structure des entreprises. Le plan Expansion 2020 accompagne cette évolution. Suite de l'article de Jérôme Akmouche, Directeur du SN Dec, syndicat National du décolletage, paru dans le N°1009 de la revue.
Gestion du capital humain
La structure des emplois dans le secteur du décolletage souligne le poids toujours prépondérant des métiers de la production. Ceux-ci rassemblent en 2012 plus de la moitié (57%) des effectifs (hors intérimaires). Pourtant le recul de l’emploi s’est accompagné d’une réduction significative de la part des emplois de production et d’une progression importante des effectifs employés dans les fonctions industrialisation, bureau d’études, QHSE et logistique (graphique 1). Ces évolutions, constatées dans d’autres activités industrielles, constituent un indice de la mutation des logiques productives des entreprises du secteur vers de nouveaux schémas organisationnels (entreprises cognitives…). Pour gagner en compétitivité, il faut gagner en compétences, aussi bien quantitativement que qualitativement. L’excellence technicité des professionnels de l’industrie du décolletage a toujours constitué un facteur de différenciation compétitive. Or les départs massifs à la retraite, la difficulté croissante des employeurs à recruter des collaborateurs qualifiés et la désaffection des jeunes pour les filières industrielles menacent cet avantage concurrentiel. Pour le maintenir et le renforcer, il convient de permettre aux entreprises de décolletage de disposer des compétences nécessaires à leur compétitivité et à leur développement (graphique 2).
Consolidation de la filière
La prise de contrôle de plusieurs » locomotives » du territoire par des fonds de pension dans les années 2000 a contribué à affaiblir le tissu industriel dans son ensemble. Aujourd’hui que ces fonds de pension se sont retirés, il s’agit de favoriser l’émergence d’entreprises qui peuvent entraîner une dynamique nouvelle pour l’ensemble de la profession. Les grands donneurs d’ordres, en particulier de l’automobile et de l’aéronautique, sont demandeurs de fournisseurs de plus grandes taille, aptes à les accompagner non seulement en matière de co-conception mais également à l’international. Des signes de structuration de la filière par rapprochement d’entreprises se dessinent (graphique 3). Pour accompagner ce mouvement de consolidation de la filière et l’émergence d’entreprises leaders, il est indispensable de pouvoir structurer et renforcer l’assise financière de ces » locomotives » afin de les accompagner dans le financement de leur projet de développement et dans leur croissance.
Un plan d’actions ciblées
EXPANSION 2020 est un plan élaboré par la profession qui vise à répondre aux grands enjeux d’aujourd’hui et de demain à travers des actions ciblées organisé autour de 4 thèmes stratégiques, complémentaires et interdépendants, piliers de la compétitivité. La dynamique et l’évolution culturelle générées par EXPANSION 2020 engendrent la mise en oeuvre de projets structurants et des résultats concrets. Côté marketing, la création de groupes marchés (médical, niches auto, biens d’équipement, auto NAFTA) permet aux décolleteurs y participant de définir des stratégies collectives de conquêtes de marchés. Côté investissement techniques, la mise en oeuvre de projet de R&D comme Usitronic, Copilot, Cutoptimizer, permettent des gains de productivité significatifs. Des formations sont mises en place afin d’accélérer la diffusion des innovations. Le renforcement de l’attractivité de la filière auprès des clients va bénéficier du lancement du projet de Technocentre, dont l’ambition est d’en faire le centre de référence mondial de l’usinage de précision. Le renforcement de l’attractivité de la filière auprès de jeunes, de leurs parents et des professeurs est assuré depuis plusieurs années par le salon SMILE, se déroulant en parallèle au Simodec. Avec d’autres actions comme les portes ouvertes au monde enseignant et aux orienteurs de l’Education Nationale, il contribue grandement au remplissage des sections industrielles des établissements scolaires du département (+ de 90% de taux de remplissage). Expansion 2020 constitue également un apport de compétences et d’expertises dans les entreprises, avec la création de 2 groupements d’employeurs (près de 60 entreprises impliqués, + de 90 créations d’emplois). La mise en oeuvre d’une Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences (GPEC) est faite à l’échelle de la profession. Enfin, la création d’un dispositif d’investissement avec 2 banques locales permet d’accompagner des entreprises dans leur projet de développement et de faire émerger des ETI capables de conquérir des parts de marchés significatives à l’international. Ce dispositif permet ainsi de tirer l’ensemble de la filière, avec 30 MÇ collectés, 11,6 MÇ engagés dans le cadre de ce dispositif (et 79,6 MÇ investis) dans 11 entreprises. L’ensemble de ces actions vise à la réduction des écarts de compétitivité et de coût, par rapport aux compétiteurs internationaux, notamment européens.
Mais les charges restent trop fortes
Mais, pour se développer, l’industrie du décolletage a besoin d’évoluer dans un environnement qui favorise la compétitivité des entreprises. Le 5ème enjeu pour notre industrie est l’indispensable réduction des écarts de compétitivité coût avec nos concurrents, au 1er rang desquels les allemands, pour permettre aux entreprises d’augmenter leurs marges et ainsi leurs capacités d’investissement pour se développer. Cela passe par une réduction des charges sociales pesant sur les entreprises. Une entreprise française de décolletage paie 10 000 Ç de plus de charges sociales par personne et par an qu’une entreprise allemande de décolletage…soit 500 000 Ç par an pour une entreprise de 50 personnes !