Ethique et mécanique, une question de tolérance

En trichant avec les normes anti-pollution, Volkswagen a commis une faute. Les répercussions dépassent d’ailleurs la seule responsabilité du groupe allemand, car la suspicion entache désormais toute l’industrie automobile. Trop content de l’occasion, les écologistes les plus extrémistes ne manquent pas d’en rajouter, parlant même de supprimer le diesel et tous les emplois qui vont avec. Il faut arrêter ce type de démagogie !
Pour troublante qu’elle soit, cette affaire peut être l’occasion d’une réflexion sur l’éthique et la mécanique, à propos des règles et normes imposées et de la réalité de leurs applications.
Tout mécanicien sait que le tolérancement est fondamental pour qu’un ensemble mécanique puisse fonctionner avec le jeu suffisant et nécessaire. Chaque pièce impliquée est donc définie avec des cotes tolérancées, pour que la chaîne de cotes finale assure la fonction visée pour le produit. Le bureau d’études concepteur s’assure ensuite de la faisabilité du produit avec le bureau des méthodes et la fabrication. Des tolérances trop serrées, qu’un projeteur est tenté d’imposer pour se prémunir, sont plus difficiles à tenir et coûtent cher en fabrication. Des tolérances trop larges et la fonction de l’ensemble final peut devenir aléatoire. Il faut donc trouver un juste milieu entre l’objectif fonctionnel et la réalisation possible du produit avec les moyens à disposition.
La co-conception et le dialogue entre utilisateur du produit, son concepteur et son fabricant est donc très importante pour que cet équilibre soit atteint et que chacun puisse réaliser ses objectifs. De la transparence et de l’honnêteté dans ces relations dépend la satisfaction de chacun. Depuis la définition des besoins de l’utilisateur, en passant par la transcription en termes de plans, puis de fabrication et de montage, chaque acteur doit pouvoir exprimer la réalité de ses besoins et possibilités. On évite ainsi les incompréhensions, les dérogations incessantes, les retours intempestifs, l’énervement et les pertes d’énergie que cela suppose. Dans la transparence et la rigueur d’une telle démarche, aucune forme de tricherie n’est admise, ni même possible. C’est une forme d’éthique de la mécanique industrielle. Elle permet que les avions volent en sûreté, les voitures roulent confortablement, les machines-outils produisent en respectant leur cahier des charges.
Le législateur et promulgateur des normes écologiques, doit aussi s’inscrire dans une telle démarche. En sachant ce qu’il est possible de faire, en dialoguant avec les constructeurs de moteurs d’avion et de voiture, il écrirait des normes atteignables. Le progrès aidant, elles pourraient se renforcer, en accord avec toute la chaîne contribuant à l’amélioration des produits. Dans la transparence des relations avec le monde industriel, la tentation de tricherie disparaitrait alors.
Lorsque les tolérances sont bien définies, l’éthique de la mécanique porte à être toujours respectueux du travail bien fait. Et refuse toute démagogie opportuniste.