[Edito] En France, le luxe n’a pas perdu de son éclat

Pour ce dernier numéro de l’année, la rédaction de Machines Production consacre un dossier au secteur du luxe. Avant de remplir la hotte du Père Noël, et peut-être y puiser quelques idées de cadeaux à travers nos articles sur des sous-traitants et fabricants de ces objets précieux, nous invitons nos lectrices et lecteurs à découvrir ou redécouvrir ce marché, historiquement lié au savoir-faire français. La production tricolore en horlogerie, bijouterie et joaillerie a frôlé les 4 milliards d’euros en 2021, en progression de 38 % par rapport à 2020 et de 32 % par rapport à 2019. Ce qui a entraîné une hausse des effectifs de 10 %, avec 12 700 personnes en production (+ 4 % par rapport à 2019). Vous l’aurez compris, c’est un marché qui ne connaît pas la crise. Mais la connaîtra-t-il un jour ? Même si la pandémie de Covid-19 a fait trembler les leaders du marché, ces derniers affichent désormais des croissances à deux chiffres.

Après un focus sur les derniers équipements de production indispensables aux ateliers de mécanique, nous nous sommes penchés sur quelques acteurs français incontournables. Tels que Decayeux STI. L’entreprise familiale de la Somme produit des composants métalliques (boucles, dés, fermoirs, serrures, etc.) destinés aux malles de voyage, sacs à main, ceintures et autres chaussures. Mais aussi des articles de mode comme des broches, colliers, ou encore des bracelets. Alors que le polissage manuel nécessite des compétences tellement particulières, la PME a décidé de mettre en place sa propre école de formation.

Dans ce numéro, vous découvrirez que la France n’a pas à rougir face aux grandes maisons horlogères suisses. Un horloger, Pierre Lannier, nous raconte la naissance d’une montre, en l’occurrence son modèle haut de gamme nommé « 1977 », en hommage à l’année de création de cette entreprise familiale d’Ernolsheim-lès-Saverne (Bas-Rhin). Ce fabricant alsacien a souhaité « démontrer ce que ses équipes sont capables de réaliser, tout en mettant en valeur l’ensemble du secteur de l’horlogerie française ». Pour cela, il a fait appel à Pequignet Horlogerie pour la réalisation du mécanisme automatique produit à Morteau (Doubs). La fabrication du boîtier a été confiée à la maison Berthet Horlogerie : cinquième génération d’une famille franc-comtoise à la fois fabricant de montres pour sa propre marque et fournisseurs d’horlogers (à lire également dans ce numéro notre article sur cette manufacture qui a reçu le label « Entreprise du patrimoine vivant »). Les aiguilles de la « 1977 » ont été fournies par une autre entreprise familiale de Morteau, La Pratique. Pour son bracelet, le cuir provient de la tannerie française Haas, à Mittelbergheim (Bas-Rhin), dont les peaux ont ensuite été envoyées à la manufacture Sibra, à Besançon, où les artisans fabriquent chaque bracelet à la main. Seul le cadran a été confié à une entreprise suisse, Cadratec. Tout simplement « parce qu’aucune entreprise française n’était capable de réaliser la forme spécifique voulue par Pierre Lannier ». La filière du luxe en France a tout de même ses défauts.