Comment valoriser vos effluents industriels

Une jeune société, Evap Eco, affirme être en mesure de traiter et valoriser les eaux usées industrielles, en s'appuyant sur un " procédé unique en France ". Il s'agit d'un système d'évaporation sous vide, entièrement automatisé, fonctionnant en continu, et permettant de traiter jusqu'à 3 000 litres par jour.
Voilà une nouvelle prestation de service qui devrait séduire bon nombre de décolleteurs. Surtout ceux qui ont vu leur budget »déchets » prendre subitement de l’ampleur. En effet, depuis fin 2013, les industriels de la vallée de l’Arve, en Haute-Savoie, ne bénéficient plus d’aides de l’Agence de l’eau, en matière de gestion des effluents industriels, ces rejets d’eaux usées provenant des process de fabrication et de production ou de nettoyage des ateliers. Les subventions perçues directement ou indirectement ont masqué leurs dépenses liées à l’environnement. Sauf que » depuis, les décolleteurs ont vu leur budget déchets bondir. Pour certains, cela a même fait fois deux « , explique Florent Spagnol, responsable commercial d’Evap Eco. Et il sait de quoi il parle, puisqu’avant de rejoindre, en octobre 2016, cette jeune entreprise spécialisée dans la réduction des volumes des déchets liquides, il était chargé de mission »environnement » au Syndicat national du décolletage (SNDEC), à Cluses.
Entreprise soeur de RDAT, créée en 2008, d’abord chargée de distribuer les huiles de coupe Quaker, puis Fuchs depuis décembre 2015, Evap Eco a vu le jour, » parce que les décolleteurs doivent s’appuyer sur un prestataire de service, parce qu’un investissement en interne serait beaucoup trop important, d’autant plus que le retour sur investissement n’a rien à voir avec celui d’une machine qui produit des pièces « , justifie Mélissa Chiavenuto, la gérante d’Evap Eco, depuis les bureaux de la société, situés dans les anciens locaux d’AIP (injection plastique), route de la Plaine, à Thyez.
Evap Eco affirme être en mesure de traiter et valoriser les eaux usées industrielles, en s’appuyant sur un » procédé unique en France « . Montée sur une unité mobile, » pour intervenir partout où le besoin existe « , son système d’évaporation sous vide, entièrement automatisé, fonctionne en continu et permet de traiter entre 2 000 et 3 000 litres par jour. Il est capable de traiter les déchets aqueux issus des liquides de refroidissement d’usinage, de la tribofinition, rectification, des bains de trempage, de rinçage, eaux de lavage des sols, des machines de dégraissage lessivielles, de compresseurs (lire encadré). Ordinairement » toutes ces eaux étaient collectées dans un centre de destruction pour être ensuite brûlées, glisse Florent Spagnol. Aujourd’hui nous proposons une alternative à cela. »
Une eau déminéralisée
Attention, Evap Eco ne collecte en aucun cas les déchets liquides, mais l’entreprise aide à les réduire pour qu’ils soient ensuite collectés. En effet, ses évaporateurs parviennent à séparer une solution aqueuse en deux parties : le concentrat (solution plus concentrée) et le distillat ou condensât (solution plus diluée). Ainsi, la machine permet d’obtenir 90% de distillat, une eau qui peut être recyclée ou envoyer au réseau urbain. » L’eau qui sort de l’évaporateur est déminéralisée, assure M. Spagnol. Par exemple, on peut la réutiliser pour du lavage lessiviel, sachant qu’elle contiendra moins de calcaire, la tribofinition, où elle formera beaucoup moins de mousse. C’est une eau qui peut être réintroduite dans la plupart des process industriels. L’évaporateur produit 10% de concentrat, que le décolleteur devra envoyer dans un centre de destruction. »
Mais la jeune société se distingue surtout par son procédé. En intervenant directement dans les usines, elle fait gagner du temps et de la place à ses clients de la vallée de l’Arve. Par ailleurs, elle applique également le principe de la mutualisation des moyens, plus économique. Monté sur une remorque ou un camion, l’évaporateur sous vide vient se raccorder à la cuve d’effluents industrielles et à celles recevant le distillat, contenant l’eau distillée à revaloriser, et le concentrat (celles-ci peuvent être fournies par Evap Eco). » Nous pouvons rester de 24 à 48 heures, indique Mélissa Chiavenuto. Idéalement, nous l’installons en fin de journée et notre machine tourne toute la nuit. Toutefois, il est possible de laisser notre évaporateur à l’année en ne facturant que le volume traité. »
Réduction des déchets
Chez Frank & Pignard, un sous-traitant automobile appartenant au groupe haut-savoyard Maike Automotive, c’est une installation à l’année qui tourne sur le site de Thyez, car le volume à traiter le justifiait. Chez le décolleteur, qui produit des composants et sous-ensembles mécaniques, ce sont » 80 tonnes de déchets liquides provenant pour 80% de la tribofinition, puis d’huiles solubles de rectification et d’usinage, et des machines de nettoyage lessivielles qui devaient partir à la destruction chaque année. Avec notre installation Evap Eco, nous leur faisons supprimer cinq trajets par mois en camion vers un site de traitement des déchets situés au sud de Lyon « , argumente Mme Chiavenuto.
A l’extérieur des bâtiments, c’est une immense cuve de 30 000 litres qui a été dressée à côté du système de distillation sous vide, qui traite 350 litres d’effluents par heure. » L’entreprise réutilise l’eau obtenue après traitement pour la tribofinition, le nettoyage des pièces au lessiviel et le lavage des sols. Ce qui lui permet aussi de réduire sa consommation d’eau, justifie Florent Spagnol. C’est de l’économie circulaire, le déchet devient un consommable. »
Depuis fin 2015, Evap Eco a traité l’équivalent de 82 m3 d’effluents industriels par mois. » Nous sommes cette année (en 2016, Ndlr) en progression de 30% « , affirme sa gérante. Ainsi, de janvier à octobre 2016, ce spécialiste de la réduction des déchets a traité 878 m3 contre 690 m3, sur la même période de 2015.
Quels effluents peuvent être traités ?
L’évapo-concentrateur est capable de traiter les effluents les plus divers : effluents lessiviels, effluents de tribofinition, émulsions d’usinage usées, émulsions de poteyage issues du moulage sous pression, lixiviats de décharge, eaux de lavage de sols, eaux de rinçage issues des opérations d’usinage, nettoyage, traitement des pièces industrielles, effluents de galvanoplastie, vibro-abrasion et d’ateliers de trempe.