L’ADTP Site de l’Arve prend de l’expertise

Pour répondre à sa vocation humaine, cette entreprise adaptée a choisi l'excellence. Plusieurs fois certifiée pour sa mission technique de contrôle industriel au service des entreprises de décolletage, elle la remplit aussi en faisant appel aux technologies les plus novatrices. Reportage.

Employant 110 à 120 personnes, l’ADTP Site de l’Arve se présente comme un agenceur de solutions sur mesure pour le tri manuel et semi-automatique, le contrôle visuel et dimensionnel, l’assemblage de sous-ensembles et le conditionnement des produits.  » Nous fonctionnons comme une usine normale, adaptée aux personnes atteintes d’un handicap,  » explique Romain Poyet, Directeur du site. L’organisation de l’entreprise tient compte de cette spécificité, faisant cohabiter travailleurs handicapés et professionnels de tous niveaux. Et la bonne réponse aux besoins des industriels du décolletage fait la fierté de tous.

La volonté d’amélioration permanente
Cette intégration au milieu industriel passe par le respect des critères les plus stricts pour des métiers arrivant en fin de la chaîne de création de valeur, donc soumis à des tensions techniques et économiques fortes.  » A côté de l’assemblage et du conditionnement, le contrôle et le tri ne peuvent pas être prévus. Nous devons donc être organisés pour être très réactifs,  » souligne Romain Poyet. Effectivement, pour le tri à 100% et, souvent, le contrôle visuel et dimensionnel, les décolleteurs font appel à l’ADTP au dernier moment, alors qu’un défaut a été constaté juste avant livraison au client final, pour des séries de pièces allant de quelques centaines à plusieurs dizaines de milliers.  » Au regard de la diversité des pièces, il est difficile d’automatiser les opérations de tri, et ce n’est pas notre vocation. D’autre part, nous devons veiller à l’ergonomie des postes, pour faciliter le travail des opératrices et opérateurs en évitant les TMS (Troubles Musculo-squelettiques, NDLR) sur ces tâches répétitives,  » indique Romain Poyet. Déjà certifié ISO 9001 :2008, l’ADTP Site de l’Arve est adhérente au pôle de compétitivité Mont-Blanc Industrie. Afin de soutenir sa démarche de qualité, la société s’est engagée et a obtenu le label Mont-Blanc Excellence. Dans ce cadre, ADTP a fait part de son désir de trouver une solution semi-automatique de tri polyvalent, permettant à la fois l’adaptation à la diversité des pièces, la garantie de qualité et le maintien d’emplois en diminuant leur pénibilité. Et c’est là qu’eut lieu la rencontre avec Emmanuel Bassy, fondateur en 2009 de la société Expertise Vision.

Une start-up d’ingénieurs visionnaires
Doté d’une expérience de 5 ans comme ingénieur projet pour une société allemande de vision, juste après avoir obtenu son diplôme d’ingénieur télécom à Weingarten (D), Emmanuel Bassy a senti tout le potentiel industriel de la mesure par vision. En 2009, il franchit le pas et crée Expertise Vision en s’entourant rapidement de quatre spécialistes de niveau ingénieur et plus, aux compétences complémentaires. Leur but ? Intégrer la vision en production et créer des machines spéciales et standard pour effectuer de la mesure par vision en bord de ligne. Adhérent dès l’origine au pôle Mont-Blanc Industrie, Expertise Vision remporte les prix Artinov, Stars & Métiers, obtient le label Excellence Mont-Blanc Industrie et profite d’un financement dans ce cadre. Un brevet est déposé sur le poste de mesure dimensionnel en 2012, puis deux autres sur un système de dévracage réalisé en fabrication 3D. La machine Calixta est présentée en 2014 (voir numéro 1021). Lorsqu’ADTP fait appel à ses services, le challenge induit une démarche originale :  » Nous avons d’abord observé chez ADTP la méthode de travail, puis réalisé un prototype afin de tester diverses solutions,  » explique Emmanuel Bassy.  » L’ergonomie nous est apparue essentielle dans ce cadre,  » souligne-t-il. L’attention portée à ce besoin débouche sur une machine de tri par vision qui fonctionne avec l’opératrice. Confortable, répétitive, fiable, la machine de tri ADTP est capable de trier et certifier des pièces (0,1 mm à 50 mm de diamètre) bonnes, à une cadence comprise entre 1 800 à 2 200 pièces/heure.  » Le passage d’une référence à une autre est rapide et cette machine répond parfaitement à nos objectifs,  » conclut Romain Poyet. Cet exemple de l’atelier 4.0 intégrant l’humain au coeur du process mérite d’être souligné, car l’innovation technologique et la rencontre des compétences en sont les principaux axes de développement. Pour le mieux-être au travail de tous.