« Maintenir Micronora 2020, personne n’en serait sorti gagnant »

Pour l’organisatrice du célèbre salon de Besançon, reporter la biennale à l’année prochaine a été la plus sage des décisions, alors que l’épidémie de Covid-19 continue de se propager.
Sandra Liardon est directrice du salon international des microtechniques et nanotechnologies Micronora de Besançon (Doubs).
Alors que l’épidémie de Covid-19 touchait la France de plein fouet, avec pour conséquence un confinement forcé de la population, quels ont été les facteurs qui ont pesé sur votre décision de reporter la biennale des microtechniques ?
Ce qui a joué principalement, ce sont les nombreuses incertitudes liées à l’évolution de la situation autour du coronavirus. Prise en mai, cette décision fut toutefois extrêmement difficile à prendre. Mais à cette époque-là, toutes les conditions n’étaient absolument pas réunies pour que le salon se déroule en toute sérénité. Micronora est un salon international, avec 33 % d’exposants et 15 % de visiteurs étrangers. Avec la fermeture des frontières et une période de mise en quatorzaine imposée, il n’était tout simplement pas envisageable de l’organiser avec de telles contraintes.
Quelle a été la réaction des exposants ?
Nous avons eu énormément d’exposants au téléphone, qui, en somme, se posaient les mêmes questions que nous. Et certaines entreprises, qu’elles soient françaises ou étrangères, avaient déjà pris, en avril-mai, la décision de ne participer à aucun événement et d’interdire les déplacements jusqu’à la fin de l’année 2020. Très honnêtement, quasiment l’ensemble des exposants ont été satisfaits à l’idée de reporter Micronora. Au-delà de la crise sanitaire, reste toute la problématique liée à la crise économique, dont nous ignorons encore son ampleur, mais aussi l’impact qu’elle aurait pu avoir sur la fréquentation du salon s’il avait lieu en septembre de cette année. Personne n’en serait sorti gagnant si nous l’avions maintenu. Incontestablement, l’édition aurait été très fortement dégradée.
Au moment de notre entretien (le 17 juillet), sous réserve d’une nouvelle évaluation de la situation épidémiologique, la rentrée pourra être marquée par de nouveaux assouplissements pour les organisateurs de salons. Pas de regrets ?
Lorsque nous avions pris la décision de reporter le salon, il n’y avait pas encore de protocole sanitaire validé par l’Etat. Même si depuis juillet, les choses semblent avoir changé, nous ne pouvions pas attendre deux mois avant l’ouverture du salon avant de rendre notre décision de l’organiser ou pas.
Rappelons qu’il s’agit bien d’un report et pas d’une annulation de l’édition 2020…
En effet, nous avions étudié aussi la possibilité d’annuler tout simplement l’édition et de donner rendez-vous à 2022. Finalement, nous avons décidé, en consultant les exposants, de ne pas annuler cette édition, car les entreprises ont besoin de retrouver de l’activité, d’avoir de nouveaux contacts, de nouveaux projets et notre salon est là pour ça. Nous ne voulions pas lâcher complètement les industriels, qu’ils fassent parti des exposants ou des visiteurs.
Ce qui signifie qu’en septembre 2021, l’édition sera identique à celle qu’aurait été Micronora 2020 ?
Exactement. Par exemple, le thème de notre animation Zoom dédié cette année à la fabrication additive ne changera pas en 2021. Nous devions fêter nos 50 ans en 2020, nous les célébrerons donc l’année prochaine. Concernant le concours des Microns et Nano d’Or, nous conservons les candidatures d’ores et déjà reçues, et les inscriptions restent ouvertes jusqu’au 25 juin 2021, les trophées étant remis lors du salon.
Vous auriez pu l’organiser plus tôt. Pourquoi septembre ?
Nous envisagions au départ de le reporter en février, mais le parc des expositions de Besançon était déjà occupé, et la seule date que l’on nous avait proposée était celle du 21 au 24 septembre, afin de bénéficier de toute la surface du site, et aussi parce que les autres mois, à part celui de janvier, nous mettaient en concurrence avec d’autres événements.
Craignez-vous des désistements de la part des exposants ?
Certains attendent en effet de voir comment l’activité va repartir en septembre avant de prendre leur décision d’exposer ou pas en 2021. A partir du mois de novembre, je pense que nous aurons une meilleure visibilité sur le nombre d’exposants. En tout cas, pour le moment, nous n’avons qu’une cinquantaine de désistements, mais la majorité nous a fait savoir que s’ils parvenaient à refaire leur trésorerie, ils viendraient exposer en 2021. Il doit nous rester environ 1 000 m² à commercialiser pour 2021 et les tarifs préférentiels restent en vigueur jusqu’à fin janvier.
A défaut d’un salon en présentiel, vous lancez, aux mêmes dates que l’édition 2020, soit du 22 au 25 septembre, un e-Micronora. Un salon virtuel ?
Justement non, nous le voulons plutôt comme un événement virtuel. Nous avons consulté les exposants pour savoir s’ils voulaient que nous organisions quelque chose ensemble aux mêmes dates de Micronora 2020. Car nous tenions à ce qu’ils puissent maintenir leur visibilité malgré tout. Cet événement sera destiné à nos exposants qui souhaitent communiquer sur les technologies et innovations du domaine des microtechniques. Il est aussi destiné à faciliter les échanges et la découverte comme sur un salon. Il y aura des webinars, des sessions de pitch par des experts en ligne sur e-Micronora, et un e-Micro et Nano event, avec des rendez-vous BtoB, sur une autre plateforme, celle du réseau Entreprise Europe Network, en partenariat avec la CCI Bourgogne Franche-Comté. Aussi, nous avons proposé à l’ensemble des exposants de nous envoyer des vidéos de leurs produits afin de les intégrer dans e-Micronora et les relayer sur les réseaux sociaux, toujours dans un souci de rendre nos exposants plus visibles, sans qu’ils ne soient obligés de participer à un webinar.
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