À 50 ans, Ifm toujours plus 4.0

Le fabricant de capteurs Ifm electronic poursuit son évolution vers une offre globale incluant les logiciels nécessaires au besoin de l’industrie 4.0. Et produit lui-même au sein de « smart factories » pilotées par SAP.

La société Ifm electronic vient de fêter ses cinquante ans. Ce bel exemple de la réussite du Mittelstand allemand a été créé par deux amis, Robert Buck et Gerd Marhofer, en octobre 1969, et sa progression est depuis à la fois forte et continue. Les fils des fondateurs dirigent conjointement l’entreprise depuis 2001, Michael Marhofer pour la partie commerciale et marketing, Martin Buck pour la partie technique. Si le sigle Ifm est désormais utilisé, le duo n’a pas renié ce qui constitue le fondement de l’Ingenieurgeselschaft für Messtechnik (société d’ingénierie pour les techniques de mesure), qui n’a cessé d’améliorer ses capteurs et d’en élargir le champ d’application. 880 brevets sont actuellement actifs, et 70 demandes ont été déposées au cours de l’année 2018.
Aujourd’hui, Ifm est une ETI qui vise le milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2019 (943 millions d’euros réalisé en 2018), compte 7 000 employés, dont un bon millier en recherche et développement, et vend dans 85 pays sur tous les continents, à 95 % par son propre réseau. 70 % de la production est assurée par cinq sites autour de Tettnang, à proximité du lac de Constance, le reste par des usines de plus petite taille en Pologne, en Roumanie, aux États-Unis, à Singapour et en Inde. Au total, ce sont 22 millions de produits qui sortent chaque année des différentes usines. Selon ses dirigeants, la réussite d’Ifm repose sur la qualité de ses produits, mais aussi de son support, assuré par l’entreprise elle-même. « Nous sommes les seuls à proposer cinq ans de garantie, insiste Martin Buck, et nous proposons une solution complète. »

Pour l’entreprise 4.0
Depuis quelques années, l’entreprise poursuit une double évolution. Sa gamme s’adapte aux besoins de l’entreprise 4.0, et une offre de logiciels et de services s’étoffe. L’architecture en Y en est un exemple. « Les capteurs génèrent un grand nombre de données, nous proposons des solutions pour analyser ces données, explique Martin Buck. Nous évoluons d’un modèle tourné uniquement vers la fabrication de capteurs à un modèle qui intègre les couches supérieures. » Ifm est parti du constat qu’environ 5 % seulement des données récoltées par les capteurs sont traitées par le système de commande. Les 95 % restantes présentent pourtant un intérêt.
La communication en Y d’Ifm repose sur des capteurs à la norme IO-Link et le logiciel serveur Linerecorder avec son module Smartobserver. Elle propose, tout en continuant à acheminer les données destinées à l’infrastructure machine, de fournir le reste des données process au système informatique, via une connexion Ethernet jusqu’à l’ERP, ce qui permet de développer des solutions de maintenance conditionnelle, de surveillance énergétique, de surveillance des indicateurs de production… 66 millions de capteurs IO-Link sont produits chaque année et Ifm continue d’étoffer sa gamme. Une annonce est ainsi prévue à la Foire de Hanovre, en avril 2020.
Initiée il y a cinq ans, la partie logiciel et services continue à se développer. Au début de l’année 2019, Ifm a racheté Statmath, spécialisée dans l’analyse de données, et la filiale française a passé un accord avec la PME Dataswati, spécialisée dans l’intelligence artificielle au service de l’industrie. « Notre grand avantage pour demain, c’est que nous maîtrisons à la fois les composants et les logiciels, argumente Michael Marhofer. Avec plus de soixante-cinq formats supportés, nous pouvons fournir des informations à pratiquement tous les systèmes existants. »

La smart factory, selon Ifm
Ifm met en œuvre les concepts de l’industrie 4.0 pour sa production, pilotée par SAP. Les opérateurs visualisent sur leurs écrans les ordres de production et le calcul des prévisions, en temps réel, réduit les temps d’attente. Les premiers robots pour transporter les pièces sont apparus en 2017 avec des tests réalisés en collaboration avec le fabricant danois MiR et l’utilisation de l’impression 3D a débuté en janvier 2019 pour la réalisation de circuits imprimés.
Ifm aborde la question de l’automatisation de la production avec pragmatisme. Des îlots entièrement robotisés côtoient des postes où des opérateurs réalisent à la main des opérations minutieuses. Tout dépend du volume à produire et de la complexité du montage. Les opérateurs peuvent passer d’une série de montages complexes à une autre, aidés par le système informatique : la lecture d’un QR code déclenche une présentation à l’écran de la manipulation à effectuer et une caméra suit leurs mouvements. L’opérateur reçoit immédiatement une alerte en cas de mauvaise manipulation. 500 000 circuits imprimés sont fabriqués par jour, la cadence s’ajustant en fonction de la demande. Les contrôles sont réalisés automatiquement, étape après étape et non pas en fin de production. Pour Ifm, la qualité reste un argument déterminant.