Le Symop optimiste et actif

Membre de la Fédération des industries mécaniques (FIM) et fondateur de l’Alliance industrie du futur (AIF), le Symop est l’organisation professionnelle des créateurs de solutions industrielles, fabricants de machines, technologies et équipements pour la production industrielle. L’interview de son délégué général, Olivier Dario, donne une vision plutôt optimiste pour ce secteur industriel couvert par la revue Machines Production.

En cette fin du premier trimestre 2018, quelle est votre appréciation économique et technique des secteurs dont le Symop a la charge ?

Olivier Dario. Le salon Global Industrie a montré une excellente image de l’industrie mécanique en général, et de nos secteurs des machines, technologies et équipements industriels en particulier. L’année 2018 se montre pleine de promesses et, si des événements imprévus ne viennent pas en perturber le cours, elle devrait marquer la redynamisation de l’industrie. Les pouvoirs publics reprennent conscience de la nécessité d’une industrie forte pour notre pays. Côté économique, une bonne majorité des industriels de la mécanique montrent un optimisme inconnu depuis plus de dix ans. Côté technologique, l’industrie du futur est entrée dans une phase concrète de mise en place chez beaucoup, et tous prévoient de s’engager sur ce chemin.

Quelle est la visibilité des exposants de Global Industrie, pour cette industrie du futur ?

Déjà, les exposants que nous avons rencontrés sont heureux, car les affaires sont reparties à la hausse depuis un certain temps déjà, et le mouvement se confirme. On l’a vu sur le salon, les machines-outils, les équipements d’automatisation, les équipements, bref toutes les briques technologiques existent pour intégrer cette évolution vers l’industrie du futur. La robotisation des entreprises, domaine dans lequel la France accusait un net retard, est en train de s’accélérer dans notre pays. Tous les acteurs ont compris que les robots créent de l’emploi, aident l’Homme au travail et favorisent la compétitivité. L’usine connectée fait travailler ensemble les différents acteurs de la fabrication, et gère mieux la complexité industrielle. Ainsi, l’usine du futur permet plus de souplesse et de réactivité. Dans un monde où les stocks coûtent chers, où les produits sont de plus en plus personnalisés, cela donne un avantage concurrentiel certain. Enfin, les technologies de demain étaient également bien présentes sur le salon, comme la fabrication additive métal et polymère. Les Français se positionnent d’ailleurs en pointe dans ce secteur, notamment pour l’aéronautique.

Quels sont les freins encore à desserrer ?

Plus de la moitié de nos adhérents cherchent à recruter et ne trouvent pas de personnel suffisamment motivé et compétent. L’adéquation entre l’offre et la demande d’emploi n’est pas bonne et c’est un véritable problème. Il passe par une revalorisation des filières techniques. L’Education nationale a du mal à comprendre et intégrer les changements qui se produisent dans l’industrie. Avec les industriels, nous devons faire des efforts pour valoriser nos métiers auprès des professeurs, des parents et des élèves. L’exemple du salon Smile, faisant comprendre les métiers industriels aux enfants de 4e et 3e, par les industriels eux-mêmes, est un modèle à suivre. En dix ans, les filières techniques de la vallée de l’Arve ont renoué avec le succès et fait le plein de candidats. L’apprentissage doit aussi devenir une filière d’excellence pour les métiers industriels, depuis le CAP jusqu’à la formation d’ingénieur. L’Allemagne, la Suisse et les pays nordiques nous montrent le chemine à suivre dans ce domaine, notamment.

Quels autres messages avez-vous fait passer aux ministres venus visiter le salon ?

Le gouvernement doit soutenir l’investissement des entreprises afin de poursuivre l’effort de modernisation du parc de machines-outils. La mesure de suramortissement de 2015 à 2016 commençait seulement à produire ses effets lorsqu’elle a été arrêtée. Elle doit de nouveau être mise en œuvre pour favoriser le passage à l’entreprise digitale. Les PME en ont notamment besoin pour rénover leur parc et intégrer cette connectivité globale. C’est aussi grâce à un investissement de dernière génération que les entreprises attireront et conserveront les jeunes talents. Dans un monde ouvert, les industriels français doivent marquer leur différence par l’excellence de leur production, leur capacité à créer de la valeur ajoutée et l’attirance qu’ils sauront exercer sur les jeunes passionnés de technologies.
D’autre part, comme nous l’évoquions précédemment, la revalorisation de l’image des métiers industriels auprès des jeunes, de leur famille et des responsables de l’orientation dans les collèges est un défi que nous devons relever ensemble, avec les pouvoirs publics. Enfin, la réforme de la formation par l’apprentissage constitue un chantier en cours de première importance. Sa réussite conditionne la dynamique de cette filière, essentielle pour construire les compétences de demain.