Samo redonne une seconde vie aux tours à cames

L’entreprise spécialisée dans la reconstruction de machines-outils s’est appuyée sur sa longue expérience pour se mettre à construire lui-même des tours multibroches CNC.
Ayant quitté La Roche-sur-Foron (Haute-Savoie) en décembre 2018, Samo s’est installé dans de nouveaux bâtiments, cette fois-ci implantés à Bonneville, passant d’une surface de 5 000 m² à 7 000 m², où travaillent 18 personnes. Entreprise familiale spécialisée dans la vente et le rétrofit de machines-outils d’occasion, Samo (Savoie Alpes machines-outils) est présidée par Alain Durandard, entouré de ses deux enfants Laura et Yvan, et de son neveu Jean-Michel.
Samo a été fondée en 1979 par Michel, le père de l’actuel dirigeant, qu’il a rejoint en 1983, d’abord à Saint-Pierre-en-Faucigny, puis à La Roche-sur-Foron, en 1987.
« Au début, mon père vendait de l’acier, puis s’il s’est mis dans le négoce de machines-outils d’occasion, raconte Alain Durandard. A cette époque, le rétrofit n’existait pas, c’était seulement de l’achat-vente de matériels d’occasion. Les machines étaient en assez bon état. Nous faisions très peu de travaux dessus : on les chargeait sur le camion et on les vendait directement. Puis, au fil du temps, il était devenu nécessaire de les nettoyer, de changer des roulements, de refaire une peinture. Voilà comment nous avons commencé le rétrofit. » Une activité qui a réellement démarré en 1985, en se spécialisant dans les modèles Manurhin, avant de proposer des tours multibroches à cames Tornos, entre autres.
Fabricant de pièces détachées
En plus de la vente de matériel d’occasion, de machines rétrofitées, Samo produit toutes les pièces détachées des multibroches Tornos, assurant égalent un service de dépannage de machines-outils toutes marques. Pour la fabrication des pièces détachées, l’entreprise dispose d’un atelier d’usinage, et surtout de rectification, « car les pièces détachées Tornos que nous produisons sont issues d’aciers spéciaux, des pièces trempées et rectifiées. C’est pour ça que ce sont des montres ces machines ! », évoque M. Durandard. Si les engrenages sont confiés à des sous-traitants, et que d’autres pièces peuvent être ébauchés à l’extérieur, il tient à préciser que la rectification est systématiquement réalisée en interne, un savoir-faire qu’Alain Durandard et son équipe conservent jalousement.
Une machine et un temps de cycle
L’autre savoir-faire de Samo est bien sûr la reconstruction. « Cela fait 25 ans que nous numérisons les machines à cames. On numérise tout ce que le client souhaite, les axes bien sûr, comme les boîtes de vitesses. La partie électrique et électronique étant confiée à l’extérieur, tout le reste est réalisé en interne », explique Alain Durandard.
Une commande de rétrofit chez Samo se passe très souvent de la manière suivante : le client lui confie le plan de la pièce qu’il doit produire. « Il nous demande alors un plan de production et le prix d’une machine pour produire cette pièce-là », poursuit Alain Durandard, qui lui fournira aussi un temps de cycle. D’autres décolleteurs sollicitent Samo pour rétrofiter les plus anciennes machines de leur parc, dont certaines tournent depuis trente à quarante ans. « À partir du moment, où elles peuvent continuer à produire leurs pièces dans les meilleurs temps de cycle, ils préfèrent les refaire que de les remplacer par du neuf », souligne ce spécialiste de la reconstruction de tours automatiques mono et multibroches.
Chez Samo, le savoir-faire ne s’apprend pas dans les écoles mais dans l’atelier. « Ici, nous formons nous-mêmes nos techniciens. Depuis longtemps d’ailleurs. En fait, ce sont nos plus anciens techniciens qui forment les plus jeunes, pendant un à deux ans. »
Exploit technologique
Depuis 2017, la société familiale s’est lancée dans la construction de tours multibroches CNC neufs, sur la base d’un tour à cames SAS 16.6 de Tornos, mais à partir d’un bâti neuf. Dénommé Samo Multiaxes 16.6 CNC, sa numérisation et l’intégration des axes numériques ont été opérés avec Samo. La commande numérique est une Fanuc, mais elle peut être remplacée par une Siemens, si le client le souhaite.
Si le choix s’est porté sur le tour SAS 16.6, c’est pour l’indexage du barillet, par denture Hirth. Un autre avantage réside dans l’utilisation possible de tous les outillages existants, pour les possesseurs de ce type de tours multibroches, avait-il évoqué dans une de nos éditions régionales Machines Production Vallées. « L’exploit technologique provient d’une capacité de temps de cycle mini de 1,3 seconde, équivalente à celle du tour à cames, ou peu s’en faut », écrivait Michel Pech. « Avec un temps de réglage réduit à une paire d’heures, notre tour apporte la flexibilité de la commande numérique, tout en conservant la productivité du tour à cames », soulignait Alain Durandard.
Avec des axes numérisés, le décolleteur pourra produire des pièces complexes plus facilement, en une seule prise. Et lors d’opérations en face arrière ou latérales, les profils peuvent se faire sans outillages spéciaux. La Samo Multiaxes 16.6 CNC est proposée en standard équipée de 14 axes CNC, jusqu’à 21 axes en option.