Schiess, un savoir-faire de géant

A Aschersleben, en Allemagne, le constructeur de machines-outils à portique de très grandes tailles a franchi deux siècles, sans prendre une ride.
Avec une histoire qui remonte à 1866 et qui n’est pas prête de se terminer, Schiess tient toujours et continue de grandir. L’entreprise allemande fait état aujourd’hui de plus de 6 000 machines-outils livrées dans le monde, dont certaines, construites avant la Seconde guerre mondiale, enlèvent toujours du copeau, comme ce tour vertical, un des plus grands au monde, avec son plateau de 18 mètres de diamètre, sorti de l’usine Schiess en 1936, et « qui tourne encore en Russie », se félicite Alain Reynvoet, le directeur des ventes de cette société historique d’Aschersleben (Saxe-Anhalt), située à 170 km au sud-est de Hanovre, et qui emploie 245 personnes.
Spécialiste de la fabrication de machines de grande taille, l’industriel outre-Rhin aligne les mètres quand il parle de sa gamme, qui va du tour au centre d’usinage. Des modèles mesurant jusqu’à 21 mètres de longueur (voire même au-delà), huit mètres de largeur ou encore cinq mètres de hauteur. « Il y a deux ans, nous avons livré en Chine une machine à portique 5 axes, qui mesurait 50 mètres de long, avec deux portiques, un plateau de tournage d’un diamètre de six mètres. Et avec laquelle, l’opérateur peut tourner et fraiser en même temps », raconte M. Reynvoet, qui était responsable de Haas Automation Europe, avant de rejoindre Schiess.
Une usine de 35 000 m²
Si l’Allemand s’illustre dans des machines aux dimensions impressionnantes, comme l’est tout autant son usine de 35 000 m² bâtie sur un terrain de 65 000 m², il cherche aussi à se développer vers des formats plus standard, bien que la plus petite de la famille, l’HoriMaster P, dispose d’un plateau de 1,25 mètre de diamètre. « Pour nous, il s’agit de descendre dans un marché où il y a davantage de machines vendues, reconnaît Alain Reynvoet. Mais nous souhaitions nous appuyer sur notre expérience dans le domaine des machines de grande taille pour offrir des modèles plus petits. »
Pour associer précision et rigidité, le constructeur a doté ses machines (hormis les plus petits modèles) de guides hydrostatiques. Sur les déplacements d’axe, le fournisseur des usineurs de pièces complexes et volumineuses met en avant la répétabilité de ses machines. Des performances cinématiques qui conditionnent leur productivité. « Sur quatre mètres, nous avons seulement une déviation de six microns », souligne le directeur des ventes. Il rappelle également que les guidages hydrostatiques permettent d’absorber les chocs et les vibrations. Ce qui est un gage de stabilité. « Certains nous disent que nos machines sont trop rigides », glisse Alain Reynvoet. Mais il ajoute : « Certes, elles peuvent être parfois surdimensionnées. En étant si solides, elles ont moins d’influence au niveau des températures et vibrations. » Sur chaque machine, des outils permettent de mesurer puis de collecter des données liées aux vibrations dans le processus d’usinage, assure-t-on chez Schiess, qui est le premier employeur de la ville d’Aschersleben.
Des têtes interchangeables
En développant des systèmes modulaires, le fabricant cherchait à adapter ses machines de base aux besoins spécifiques d’usinage de chacun de ses clients. Même si l’industriel de Saxe-Anhalt, que traverse le fleuve d’Europe centrale Elbe, y voit aussi un moyen de réduire le nombre de pièces détachées. Plus précisément, Alain Reynvoet explique que des attachements permettent d’adapter différentes têtes sur la broche d’une machine. « Ainsi sur un tour, nous avons la possibilité d’échanger la tête, avec un axe C et Y, et de le transformer en fraiseuse. »
Sur le marché français, Schiess entend bien rappeler à ses clients qu’il reste toujours à leur écoute. Alors que la durée de vie de ses machines se compte en plusieurs décennies, certains propriétaires pourraient avoir oublié que, de l’autre côté du Rhin, l’entreprise fondée par Ernst Schiess, qui fut par ailleurs le fondateur de l’association allemande de constructeurs de machines-outils (VDW), continue de produire de nouveaux géants de l’usinage. Et qu’il est même possible de rénover, d’améliorer et de moderniser leurs plus anciens modèles.
Schiess aux mains des Chinois
C’est en 2004 que l’entreprise centenaire allemande Schiess se retrouve aux mains du Chinois SYMG (Shenyang Machine Group), qui serait le numéro un de la machine-outil dans l’empire du Milieu.
« A la surprise de tout le monde, les Chinois n’ont pas pillé le savoir-faire du fabricant allemand mais ont investi à Aschersleben : 50 millions d’euros. Une aide européenne de 1,2 million a suivi », écrivait le 24 novembre 2011 sur son site Internet, la Radio-télévision belge de la Fédération Wallonie-Bruxelles (RTBF). Le rachat chinois fait craindre un pillage du savoir-faire allemand. Ses machines de très grandes tailles sont vendues dans le monde entier, pour y produire des pièces qui se mesurent en mètre. Mais très vite, les salariés comprennent qu’il va offrir la possibilité d’une grande synergie entre les deux constructeurs, qui vont mettre en « commun la capacité de production chinoise à prix réduit et la longue expertise industrielle allemande », poursuit l’article de la RTBF.
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