M. Constant Bernard Président du Symop

M. Constant Bernard remplace M. Jean-Camille Uring en tant que président du Symop depuis le 10 décembre 2015. Redécouvrons le Symop avec son nouveau president !
PC : Monsieur le Président, pouvez-vous présenter votre parcours professionnel et les motivations qui vous ont conduits à ce poste ?
J’ai débuté ma carrière chez Sciaky, constructeur de lignes et de matériel de soudage, où je suis resté pendant 22 ans. En 1997, je crée et dirige TMS France Sarl, filiale française de Voest Alpine TMS, et développe progressivement son activité. Vinci Energies achète le groupe TMS en 2003, et je rejoins l’équipe d’Actemium, la marque de Vinci Energies dédiée au process industriel, en tant que directeur du développement. En charge d’un réseau international de plus de 300 entreprises, j’interagis avec un grand nombre de secteurs industriels, de l’automobile à l’environnement en passant par l’aéronautique, la pharmacie ou encore les cosmétiques. C’est avec la conviction que la France peut et doit prétendre à une place de choix parmi les grandes nations industrielles que j’ai décidé de m’engager au sein du Symop, d’abord en tant que Vice-Président aux côtés de Jean-Camille Uring, et depuis décembre dernier, en tant que Président.
PC : Le Symop rassemble les constructeurs français de machines-outils, équipements de production et de soudage, ainsi que les distributeurs et importateurs de ce type de produits. Quels sont leurs intérêts communs et quels sont les actions du Symop pour les aider dans leur profession ?
Les équipements proposés par les membres du Symop (machines-outils, robots, logiciels, chaînes automatisées, machines d’emballage et de conditionnement, technologies de mesure et de contrôle…) sont des biens à forte valeur ajoutée, indispensables à la production dans tous les secteurs industriels. Un premier objectif commun s’impose : faire connaître leur rôle stratégique. Les actions Robotcaliser et Productivez ! vont dans ce sens. Agir ensemble au sein du syndicat permet aussi aux entreprises de ne pas se retrouver seules face à un climat économique complexe. Nous fonctionnons souvent avec des groupes de travail (SAV, statistiques…) et guidons nos adhérents sur l’application de mesures dans leurs entreprises (DEEE(1)…). Formation et recrutement sont également des sujets fédérateurs : le groupe machines-outils a travaillé avec l’Ensam de Metz et le Cnam Lorraine. Fruit de leur réflexion : en septembre 2016, une licence professionnelle Service clients Machine-outil ouvrira, permettant aux futurs diplômés de développer les compétences techniques multiples dont les entreprises ont besoin sur le terrain et d’acquérir l’autonomie nécessaire à des interventions sur site client pour l’installation, la mise au point, la maintenance et la réparation des machines d’usinage.
Notre syndicat professionnel est reconnu pour son expertise, ses initiatives et les projets qu’il mène à bien. C’est notamment le cas du plan ROBOT Start PME (déployé par le syndicat avec ses partenaires Cetim et Cea auprès de 250 PME engagés dans une démarche de primorobotisation) ou encore de Productivez ! qui contribue, depuis maintenant près de 4 ans, à placer la réindustrialisation des territoires au coeur du débat public.
PC : Que représente le secteur couvert par le Symop au sein de la FIM, Fédération des Industries Mécaniques en termes de chiffre d’affaires, d’emplois générés.
Le Symop rassemble environ 270 adhérents. Le secteur joue un rôle stratégique dans le succès de l’économie nationale. D’après nos estimations, les machines et technologies de production en France représentent pas moins de 38 400 employés pour un chiffre d’affaires de 10,1 milliards d’euros.
PC : Quelles sont les perspectives 2016 de ventes de machines-outils en France d’une part, et d’exportation d’autre part ?
Selon notre indicateur de janvier, décembre 2015 a vu le regain de la demande en biens d’équipements sur le marché français. L’indice a progressé de 4% par rapport au mois précédent et de 5% par rapport à décembre 2014, démontrant de réelles perspectives pour le secteur et pour le développement de l’industrie française. Mais il ne faut pas s’en satisfaire, car l’objectif est de voir les industriels français, et notamment les PMI, moderniser massivement leur outil de production. Le retard de la France en la matière est sans précédent comme l’a d’ailleurs démontré l’étude conduite en 2014 par le Symop, le Gimélec et la DGE. Par ailleurs, la dynamique des affaires passe principalement par les exportations avec un chiffre d’affaires en progression de 8%.
PC : La France accuse un retard certain en matière d’investissement et de robotisation de son outil de production. Quels sont les effets du programme » Productivez » et quels sont ceux du suramortissement fiscal ?
La France est effectivement très en retard : on parle régulièrement des chiffres de la robotique, emblématiques : 32 700 robots industriels en activité dans nos entreprises, contre près de 59 823 en Italie et 176 000 en Allemagne(2). La robotique est un exemple, ce n’est pas le seul. L’obsolescence accrue de notre outil de production – le nombre de machines de moins de 15 ans a en effet baissé de 10 000 unités entre 1998 et 2013 – a considérablement réduit notre capacité à fabriquer des produits à forte valeur ajoutée. On se focalise sur la flexibilité du travail. Pourtant, une des clés de la montée en gamme, enjeu décisif aujourd’hui pour la France, c’est aussi de disposer d’un outil de production qui soit flexible afin de s’adapter en temps réel aux besoins. Concrètement, Productivez ! c’est 100 TPI-PMI-ETI qui disent » J’ai investi, j’ai modernisé mon outil de production, je monte en gamme, je gagne en compétitivité. Au final, j’obtiens de nouveaux marchés et j’agis pour l’emploi dans les territoires « . C’est d’ailleurs dans cet esprit qu’a été pensé le suramortissement.
PC : Suramortissement prolongé ! que pouvez-vous nous dire sur le sujet ?
Les arguments du Symop pour renverser la tendance à la baisse de l’investissement ont été entendus. Nous nous réjouissons aussi que les pouvoirs publics aient fait le choix de permettre l’utilisation du dispositif jusqu’en avril 2017. J’en profite pour m’adresser à vos lecteurs et leur dire qu’il faut absolument saisir cette opportunité qui permet de financer un investissement à moindre coût.
PC : Quel message important voudriez transmettre aux lecteurs de la revue Machines Production, notamment à propos de la plateforme » usine du futur » ?
Le développement de l’économie numérique représente une opportunité pour la profession d’aller de l’avant. La transformation des modes de production et de l’industrie française est nécessaire à cette évolution. Optimisée, connectée, innovante, l’usine du futur ne sera pas calquée sur un modèle unique. Tout le génie créatif français va pouvoir s’y exprimer. Le Symop, comme d’ailleurs l’Alliance Industrie du Futur, ont pour mission d’accompagner les acteurs du secteur dans cette dynamique. Nous appelons tous les industriels partageant cette vision et cette ambition à nous rejoindre au plus vite.
(1) Directive concernant les déchets d’équipements électriques et électroniques
(2) source IFR 2014