En Italie, le secteur de la machine-outil boosté par l’export
En Italie, c’est une légère baisse (-3 %) de l’indice des commandes de machines-outils qui s’est amorcée sur le premier trimestre de l’année, selon les données de l’Ucimu-Sistemi per produrre, l’association italienne des fabricants de machines-outils, de robots et de systèmes d’automatisation, publiées le 21 avril.
L’indice s’est fixé à 164, sur une base 100 établie en 2015. Un résultat affecté par la baisse des commandes sur le marché domestique, alors que les commandes en provenance de l’étranger augmentent de 5,3 % par rapport à la même période de l’an dernier. « L’activité sur les marchés extérieurs est indispensable pour les fabricants italiens, c’est pourquoi, malgré les difficultés causées d’abord par la pandémie puis par le conflit, il faut renforcer nos initiatives à l’étranger, et pas seulement pour regagner le terrain perdu au cours des deux dernières années », commente Barbara Colombo, la présidente l’Ucimu-Sistemi per produrre.
Mesures incitatives 4.0
En revanche, l’indice des commandes collectées sur le marché intérieur a été marqué par une baisse de 15,9 % par rapport à la même période de l’année précédente. « Sur le front intérieur, le fléchissement enregistré par les constructeurs italiens sur le marché découle de deux raisons, analyse Barbara Colombo. D’une part, il est comparé à un résultat résolument positif, celui du premier trimestre 2021. D’autre part, il peut raisonnablement venir de la décision des utilisateurs d’anticiper les décisions d’achat au dernier trimestre, pour bénéficier des mesures incitatives 4.0 dont les taux prévus par la dernière loi de finances (2021) étaient supérieurs aux taux actuels (2022). »
Conséquences de la guerre en Ukraine
La présidente de l’association qui représente plus de 200 entreprises du secteur a fait savoir que de « lourds dommages » sur l’activité de production des adhérents, en raison notamment de la guerre en Ukraine, ont été constatés, les obligeant à allonger les délais de livraison des machines, contraintes d’attendre de recevoir à leur tour les approvisionnements en composants électroniques et en matériaux, comme le nickel, l’acier et la fonte.
Pour la porte-parole des constructeurs italiens de machines-outils et autres systèmes d’automatisation, « tout cela risque d’entraîner des désagréments à nos clients qui doivent attendre pour la livraison de leur machine au-delà du délai fixé ».
Délais de livraison des machines
A cela s’ajoute le temps entre la commande de la machine et sa livraison, qui est désormais de 9 à 12 mois contre 6 à 8 mois habituels. « Dans un laps de temps aussi long, et dans un contexte aussi incertain, l’évolution des prix des matières premières peut avoir de lourdes conséquences sur le coût de production, érodant les marges des constructeurs de machines-outils », note Mme Colombo. Elle s’inquiète tout autant d’une « inflation qui devient de plus en plus élevée et qui peut agir comme un multiplicateur des prix, au détriment des bénéfices venant de la production ».
Nouveaux canaux d’approvisionnement en matières premières
Et de lancer un appel de détresse au gouvernement italien afin que des actions soient entreprises pour atténuer les effets du conflit en Ukraine, car Barbara Colombo craint que les fabricants ne décident, à un moment donné, « de ne plus accepter de commandes ou que leurs clients décident d’attendre une situation plus claire pour passer leurs commandes ». Et de demander « une intervention immédiate » pour mettre en place une réunion de travail avec les ministères du Développement économique, et des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. Il s’agit pour l’Ucimu de « définir de nouveaux canaux d’approvisionnement en matières premières comme alternative à ceux habituellement utilisés et maintenant interrompus par la situation contingente ».
Droits de douane
En outre, pour assurer le bon fonctionnement des filières de production utilisant des métaux, les constructeurs de machines-outils estiment qu’il faut désormais « envisager la suspension temporaire des mesures de l’UE (établies en 2018 en réponse aux droits de douane américains sur les importations d’acier en provenance du Vieux continent) qui fixent des quotas d’entrée pour les matériaux en acier en provenance de pays tiers et qui imposent, en cas de dépassement des quotas, des droits bien plus lourds pour les acteurs de l’industrie européenne ».
Et avec des entreprises affaiblies par la hausse et la volatilité des cours de l’énergie, l’Ucimu demande « aux autorités gouvernementales, qui travaillent déjà depuis plusieurs semaines sur des mesures visant à mitiger les coûts de l’énergie pour les particuliers et les entreprises, d’étendre le plafonnement du coût de l’énergie des seules énergies renouvelables à toutes les sources d’énergie que les entreprises utilisent pour leur production ».