Grosfilley intègre la valeur ajoutée dans ses moules

Premier du top 10 des sous-traitants en fabrication de moules et modèles, la société de Martignat, dans l’Ain, mérite cette reconnaissance à plus d’un titre. En inventant le moule multifonction du futur, ses équipes intègrent la valeur ajoutée dans leurs produits, pour leurs clients. Reportage.

Il convient tout d’abord de saluer la société Grosfilley pour son accueil. Directeur des ventes de la société, Louis D’Amato a répondu immédiatement à la sollicitation de la rédaction. Avec Valérie Humbert, responsable export, ils ont accepté de nous exposer les éléments concourant à la performance de la société, en termes de valeur ajoutée (VA) par employé, critère principal de classement du top 10 des sous-traitants de la revue Machines Production. Avec une VA de 80 451 euros par personne et un taux d’exportation de 71,62% pour l’année 2017, les deux conditions principales sont largement remplies. De plus, non seulement le mécanicien de Martignat conçoit, fabrique, assemble et teste réellement ses produits en interne, mais chaque employé crée, innove et participe à cette intelligence collective, qui fait la force des industries qui réussissent. Portrait d’une entreprise plongeant ses racines dans son terroir, construisant son tronc autour de l’amélioration permanente, pour étendre ses branches sur toute la planète de l’injection plastique.

Histoire d’idées sur la valeur ajoutée

Depuis 1973, le mouliste JP Grosfilley a compris que la fabrication de moules basiques partirait dans les pays à bas coût de main-d’œuvre : il fallait donc innover. L’idée d’optimiser le procédé du moule rotatif a fait son chemin. Dès 1983, le principe d’un moule bicomposant à mouvement mécanique était sur le marché. En 1990, un nouveau concept de moulage multimatière est développé sur une base tournante à mouvement motorisé, avec codeur et commande numérique. L’idée d’intégrer plus de valeur ajoutée au sein même du procédé de moulage multimatière a fait son chemin et a trouvé son succès auprès des premiers à en profiter : les injecteurs de matière plastique.
JP Grosfilley possède aujourd’hui plus d’une cinquantaine de brevets et est reconnu par l’Etat français comme laboratoire de recherche. Dans le même temps, JP Grofilley participe à la création du groupement AGP Développement, avec les sociétés AGP Fil, Colomb et G. Pernoud, sous-traitants, moulistes complémentaires et voisins. AGP Fil est spécialisée dans le perçage et la découpe érosion au fil de pièces de grandes dimensions. Colomb Mécanique est fournisseur de solutions de moulage à parois minces pour le secteur de l’emballage, industriel ou alimentaire. Enfin, Georges Pernoud propose des solutions de moulage pour les secteurs de l’automobile et du bâtiment, ainsi que des solutions de dépannage et nettoyage cryogénique pour solutions de moulage déjà existantes. Une forte synergie se dégage de ce groupement, afin d’accroître les capacités de chaque société, rationaliser les achats de toutes et répondre aux projets du marché avec une vision globale. Lorsque les entreprises industrielles françaises chassent en meute, elles sont toujours plus fortes.

Histoire multipolaire tournée vers l’innovation 4.0

En 2013, Pierre Gouet rachète la société. Il va conserver l’esprit d’innovation, tout en développant l’exportation des solutions proposées par l’injection multimatière avec le procédé de multirotation. Côté exportation, le pari va être gagné, notamment grâce à l’expérience internationale de Louis D’Amato, rejoignant l’équipe comme directeur des ventes. L’Europe de l’Ouest, puis de l’Est va être rapidement conquise par les procédés Grosfilley. L’Asie va suivre, puis les Etats-Unis, notamment avec un partenaire dans le moule médical en Pennsylvanie. La diversification prend également forme, grâce au rapprochement avec une société de mécanique de précision lyonnaise de 25 personnes, agréée N100 pour le nucléaire, au même titre que Grosfilley.
Près de 700 bases tournantes sont installées aujourd’hui dans le monde. Les équipementiers internationaux de rang 1 demandent de plus en plus un moule « Grosfilley ». En 5 ans, l’exportation augmente de 382%, avec un chiffre d’affaires qui progresse de 49,4%. Avec la construction en 2018 d’un bâtiment dédié à la R&D, la naissance du projet Optimold 4.0 prend corps cette année. Cette démarche d’entreprise va guider l’entreprise vers l’optimisation permanente à partir de quatre idées forces : la multirotation, la multimatière, la multifonction et la multirégulation. Sans entrer dans les détails techniques, retenons que, grâce à un seul moule, sept fonctions peuvent être assurées avec des matières différentes injectées de manière rotative. La totalité d’un fer à repasser hors semelle peut ainsi être réalisé en un seul coup de presse.

Histoire d’équipementier plus que de mouliste

Aujourd’hui, Grosfilley est devenu une marque de fabrique avec ses propres gammes. Sortie en 2018, sa gamme de base tournante « Supercharged » est capable de faire tourner une masse pouvant aller jusqu’à 12 tonnes, de supporter une tenue en température jusqu’à 200°C et de transformer la base tournante en plateau tournant classique. Sa technologie ISMS autorise l’injection par soufflage sur une machine d’injection standard. Et le catalogue d’innovation ne cesse de s’enrichir. Solide sur ses bases technologiques de mouliste de premier plan, JP Grosfilley devient ainsi un véritable équipementier pour les injecteurs, ainsi que pour les constructeurs de presse à injecter. Ceux-ci savent que les équipes Grosfilley sauront apporter une réponse aux demandes de leurs propres clients, intégrant la meilleure valeur ajoutée possible au process d’injection. En jouant ces partenariats gagnant-gagnant en permanence, Grosfilley construit véritablement l’injection 4.0.