L’attractivité des salons BtoB ?

Le salon Global Industrie, qui se tiendra à Paris-Nord Villepinte, du 25 au 28 mars, mettra en lumière plusieurs thématiques clés liées à l’avenir de l’industrie. L’événement se concentrera sur la réindustrialisation, la décarbonation, l’attractivité des métiers, la mixité dans les ateliers, les tendances technologiques et l’international. Un accent particulier sera mis sur l’exploration du rôle de l’industrie dans les domaines du sport, en parallèle avec les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Cette édition proposera des solutions autour des enjeux actuels et futurs de l’industrie, mettant en avant les innovations, les stratégies durables et l’importance de la collaboration internationale. Les visiteurs auront l’opportunité d’explorer les dernières avancées technologiques, d’échanger des idées sur la transformation industrielle et de comprendre comment l’industrie peut contribuer, de manière significative, aux grands défis sociétaux.

C’est à découvrir dans “Machines Production L’Émission”.

Portfolio

Décryptage

Nous recevons deux invités :

Julie Voyer, directrice adjointe de Global Industrie
Sébastien Gillet, directeur de Global Industrie

Sur notre plateau de Boulogne-Billancourt, ils évoquent :

    • Le rôle que doit jouer un salon professionnel dans un monde ultra connecté
    • La réindustrialisation est-elle déjà en marche ?
    • Les solutions pour décarboner l’industrie
    • L’attractivité des métiers au cœur du salon
    • Les tendances en matière d’innovations
    • Un salon qui s’internationalise
    • Les technologies de l’industrie au service du sport
    • Leurs bonnes raisons de faire du bruit pour l’industrie

Global Industrie, rassemblera du 25 au 28 mars à Paris-Nord Villepinte, plus de 2 300 exposants. Ce qui en fait le plus grand rendez-vous de l’industrie en France. A l’heure du tout numérique, à quoi servent ces manifestations professionnelles ? Quelle est leur utilité pour les exposants et les visiteurs ?

Sébastien Gillet : Ça sert déjà à se rencontrer, ça sert à se concrétiser, à construire des projets, ça sert à animer aussi une communauté. Pendant deux ans, tout le monde a subi la crise sanitaire due au Covid, pendant laquelle les professionnels ont repensé leurs métiers différemment. Certains se sont posé la question de savoir si le média salon avait encore un avenir aujourd’hui. Seulement, on a besoin de se voir, on a besoin de se rencontrer, on a besoin de se parler.

Julie Voyer : Un salon, c’est aussi un lieu de veille technologique, un lieu où on s’inspire. C’est bien évidemment prioritairement un moment de business. Mais soyons clairs, je pense que c’est aussi pour préparer l’avenir, pour se projeter : que ce soit sur la façon dont on souhaite appréhender demain son outil de production, son site industriel. Mais même plus largement, parce qu’aujourd’hui, la vocation d’un événement, ce n’est pas simplement de s’arrêter au business, c’est d’aller aussi préparer justement l’avenir, accueillir ces générations futures, donner envie d’industrie.

La réindustrialisation est en marche dans notre pays, portée par le plan de relance France 2030. Réussir cette réindustrialisation, c’est plusieurs défis qu’il faudra relever impérativement. Ressentez-vous déjà cet élan, ce dynamisme auprès de vos exposants ?

S. G. : On ressent déjà une bonne dynamique du côté des industriels. La relocalisation, la réindustrialisation, les prises de position politiques font qu’on n’est plus du tout dans la même perspective, dans la même mentalité qu’on l’était il y a cinq, sept ou dix ans. On s’aperçoit que l’industrie, vraiment, est au cœur des préoccupations politiques, comme l’agriculture d’ailleurs.

J. V. : On a cette chance quand même exceptionnelle, c’est, qu’au travers de Global Industrie, c’est toute l’industrie française qui est mise en avant. Toute l’année, on gère plus de douze événements et on est au contact de plus de 715 000 personnes. Donc, on prend le pouls dans l’ensemble des territoires, on a ce véritable baromètre et on voit cette reprise d’activité, on voit cet élan. C’est dans l’ensemble des régions qu’il y a une mobilisation forte. Depuis le plan de relance France 2030, ce sont plus de 150 réindustrialisations et relocalisations d’usines en France. C’est clairement un signal positif.

En matière de décarbonation, quelles réponses Global Industrie va-t-il apporter aux industriels ?

S. G. : On va permettre à notre visitorat de construire sa visite avec des sujets comme la décarbonation, grâce à un parcours où les entreprises seront clairement identifiées parce qu’elles ont des process, des innovations, des machines capables de répondre à la problématique de la décarbonation. L’industrie verte sera aussi au cœur des conférences, à travers des keynotes, plusieurs temps forts, des tables rondes.

J. V. : On a un univers qui est assez jeune et qui s’appelle « Energie et production durable ». L’objectif aussi, c’est d’apporter des solutions concrètes, parce que cela peut être aussi ça la clé. Produire moins de carbone, d’une certaine manière, c’est aussi travailler plus en local, c’est avoir des circuits plus courts, c’est faire en sorte que l’ensemble de la chaîne de valeur soit au plus proche du ou des sites de production.

 

Pas d’industrie sans talents, sans jeunes talents, mais un gros travail pédagogique reste à faire. Justement, quels sont vos objectifs alors que c’est ici, au salon Global Industrie, que se prépare l’usine de demain ?

S. G. : C’est de remontrer aux jeunes que l’industrie embauche et en CDI. L’industrie est belle, l’industrie paye mieux. Le public découvrira sur Global Industrie, plein d’activités, plein de temps forts à destination de 5 à 7 000 jeunes, allant du collégien jusqu’à l’élève ingénieur.

J. V. : On a la chance, en France, d’avoir la Semaine de l’industrie. Je pense qu’un événement comme Global Industrie, c’est vraiment aussi proposer la plus grande usine de France, ouverte pendant quatre jours. C’est exceptionnel. L’idée, c’est de proposer des lieux expérientiels. De proposer des boîtes à outils dans lesquelles les jeunes vont pouvoir tester et vivre des expériences. Il y aura des escape games, des jeux et des challenges. Nous voulons les rendre tous acteurs. L’attractivité des métiers passera aussi par notre espace Golden Tech, un concours de seize métiers réservés à des professionnels, qui vont incarner leur savoir-faire pendant quatre jours en se challengeant. Tous les métiers de l’industriel seront représentés : de la conception et tous les métiers liés aux enjeux de l’industrie du futur. Les Golden Tech, c’est pouvoir montrer les coulisses d’une entreprise industrielle, montrer ce qu’on ne voit pas en temps normal et pouvoir en s’inspirer, donner envie au public, et en même temps pouvoir récompenser tous ces professionnels.

Quel regard portez-vous sur une industrie qui peine encore à se féminiser ?

J. V. : Je pense qu’il faut toujours faire attention à ne pas stigmatiser, parce que personnellement, je suis en faveur de la mixité plus que simplement la féminisation. Et il ne faut pas rentrer dans ce travers malheureusement, qui serait de dire : mettons des femmes à tout prix, sans justement mettre en avant les compétences, les carrières, les opportunités. On a tendance à beaucoup genrer dans notre pays, et l’industrie est particulièrement genrée. Elle doit être largement plus inclusive. Ce n’est pas simplement que parler des femmes, c’est aussi parler des personnes qui sont en situation de handicap. C’est aussi parler à des personnes qui sont éloignées de l’emploi depuis longtemps. C’est bien qu’il y ait des femmes dans l’industrie, mais pas seulement dans les métiers de la communication et uniquement dans des fonctions qui ne sont pas forcément dans l’atelier. Mais, c’est en train de bouger, et il y a de très belles initiatives.

Lieu de veille technologique incontournable, un salon permet aux entreprises de se moderniser, notamment pour se relocaliser en France. Quelle tendance observez-vous en matière d’innovation ?

S. G. : Global industrie, c’est 2 300 exposants et depuis sa création en 2018, c’est plus de 2 000 innovations qui ont été présentées. Ce qui prouve qu’on s’appuie sur un vrai savoir-faire français. On prône beaucoup l’innovation à travers nos Awards. Et on se rend compte que ce n’est pas que les grands groupes qui innovent, c’est aussi beaucoup de TPE, de PME. Notre rôle, c’est de les mettre en avant aux yeux du grand public, par leur présence sur le salon.

J. V. : Parmi les tendances fortes cette année, on aura une belle représentativité de l’intelligence artificielle, avec des sociétés qui sont là pour présenter des solutions concrètes. On abordera aussi le sujet de la 5G qui est en train d’émerger, avec une nouvelle offre à la fois sur les réseaux, les infrastructures et des solutions concrètes qui seront proposées. On accueillera plus de cent start-up, qui, elles, sont au cœur du sujet autour de l’innovation, en proposant de nouvelles solutions.

Faire rayonner l’industrie française à l’international, un défi de taille pour nos entreprises. Qui sont ces visiteurs étrangers qui foulent les allées du salon habituellement ?

S. G. : Sur Global Industrie, 30 % d’exposants sont internationaux, tandis que le visitorat étranger reste un peu plus timide, parce que Global Industrie est encore un salon jeune, parce que, outre-Rhin, vous avez des manifestations qui sont plus importantes, sur lesquelles il y a plus de représentativité, et que le Covid a été quand même un frein dans notre développement sur l’international. On est entre 12 % et 15 % de visiteurs étrangers, donc c’est encore un peu faible par rapport à la taille du salon. Mais une nouvelle fois, c’est un travail qu’on doit avoir sur les prochaines années. L’international, ça prend du temps, ce n’est pas en un an qu’on y arrivera, mais en tout cas, vu qu’on a un savoir-faire, vu qu’on a quand même maintenant un soutien politique et des animations, on a tout cœur à voir ce pourcentage progresser au fil des années.

2024, année des Jeux olympiques, l’industrie au service du sport aura toute sa place à Villepinte. Quelle surprise réservez-vous à nos visiteurs ?

J. V. : On s’est fixé plusieurs ambitions. Avoir des témoignages d’acteurs pour montrer à quel point l’innovation technologique est présente dans l’industrie. Montrer à quel point l’industrie est partout dans le sport. On aura plein d’espaces expérientiels aussi, du biathlon, la possibilité de tester le geste parfait du basketteur, entre autres. Les Golden Tech seront parés aux couleurs du sport. A chaque ring, un sport sera mis en avant avec une valorisation technologique et une innovation qui seront associées.

Cette année, Machines Production lance son mouvement « Faites du bruit pour l’industrie », pour réveiller le potentiel inépuisable de notre belle industrie. Pour quelles bonnes raisons feriez-vous du bruit pour l’industrie ?

J. V. : On est des metteurs en scène de l’industrie et on la porte. Je pense que tout ce qu’on fait aujourd’hui et toute l’année, et particulièrement le temps de l’évènement, c’est pour faire du bruit pour l’industrie, c’est pour œuvrer pour l’industrie, c’est pour montrer à quel point elle est belle, elle est passionnante. Je suis tombée dans la marmite de l’industrie il y a seize ans maintenant, je ne l’ai toujours pas quittée. Je pense que faire du bruit pour l’industrie, c’est montrer les projets. Parce que l’industrie c’est aussi du lien social, c’est recréer de l’emploi, c’est porter toutes ces valeurs. On parle des valeurs du sport, mais dans le monde du travail et dans l’industrie en particulier, il y a mille belles valeurs à mettre en avant. Donc, faire du bruit pour l’industrie, c’est la rendre virale, c’est la montrer partout et c’est faire en sorte qu’elle soit encore plus belle demain.
S. G. : A une certaine époque, lors de la biennale de la machine-outil, chaque fin de journée, tout le monde tapait sur les machines pour faire du bruit, justement.

Intervenants

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Julie Voyer

Directrice adjointe

Global Industrie

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Sébastien Gillet

Directeur

Global Industrie

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Jérôme Meyrand

Machines Production

Rédacteur en Chef

Portfolio

Patrick Cazier

Machines Production

Rédacteur