L'EFFET VERTUEUX DU LEAN

Produire en mode agile

L’émission n°12 est consacrée au lean manufacturing. Version occidentale du système de production Toyota (TPS), il s’agit une démarche visant à améliorer la qualité et accroître la productivité, en cherchant à éliminer les gaspillages dans les processus. En appliquant ce concept, l’entreprise peut espérer augmenter sa capacité de production, tout en réduisant ses coûts et ses temps de cycle. S’appuyant sur la compréhension des besoins des clients, le lean est une méthode qui permet aux entreprises qui s’en emparent, de mettre en place « les bonnes pratiques, en mesurant les performances et en améliorant les processus afin de poursuivre le cycle d’élimination des déchets des processus opérationnels », peut-on lire dans le livre blanc « Développer la fabrication lean grâce au MES », édité par Dassault Systèmes.
Reposant sur les concepts du « juste à temps » et du « zéro stock », considérés comme une référence en termes d’efficacité dans la gestion d’une entreprise, le lean peut-il être considéré comme un outil de management efficace pour résister et s’adapter aux perturbations liées par les crises économiques ? On en parle dans “Machines Production L’Émission”

Portfolio

Décryptage

Nous recevons trois invités :

Franck Duc, expert en lean management, fondateur de Kommon Sense et co-auteur de « Pro en lean », aux éditions Vuibert

Didier Dumont, expert en lean management et fondateur de BEM Consulting

Maxime Thonnérieux, directeur de la Business Unit Produits chez ACI Groupe

Sur notre plateau, ils évoquent :

  • La signification du terme « lean »
  • Les raisons qui poussent les entreprises à entreprendre une démarche lean
  • Comment déployer le lean dans son entreprise
  • La pertinence de ce système d’organisation industrielle dans un contexte de crise

Expert en lean management et Six Sigma (méthode d’amélioration des processus), Didier Dumont définit le lean comme « une méthode qui permet de faire de l’amélioration continue et d’accroître la performance de l’entreprise à court et moyen terme », avec pour objectif de « garder la satisfaction client au cœur de l’activité », explique-t-il sur le plateau de MP L’Emission.

Son confrère Franck Duc le voit comme un « modèle de management qui accompagne et développe la résolution de problèmes au quotidien à tous les niveaux de l’entreprise, de l’opérateur au dirigeant ». Pour ce dernier, « faire une démarche lean dans certains secteurs, c’est innover, se différencier et donc avoir la possibilité, de manière assez proactive, de répondre à une stratégie d’entreprise ».

« Organisation en intelligence collective »

Sur la définition du lean, Didier Dumont, fondateur de BEM Consulting, souligne qu’il s’agit d’une « organisation en intelligence collective », basée sur « des process transversaux où tout le monde est acteur de la transformation », et pas seulement les ingénieurs en amélioration qualité et les dirigeants.

Directeur d’une « business unit » au sein du groupe industriel ACI, spécialisé dans la fabrication de pièces et sous-ensembles mécaniques, Maxime Thonnérieux reconnaît que ce n’est pas les clients qui imposent à leurs fournisseurs d’être « lean ». Mais lorsque les « situations où les cycles marché sont extrêmement courts par rapport à ce que nous vivions avant, nous avons besoin d’être beaucoup plus agiles. En fait, au quotidien, nous remettons en question des choses que nous avions établies par le passé. Donc, d’une certaine manière, nous sommes obligés de travailler sur un modèle de fonctionnement qui est relativement agile ». En effet, l’agilité est l’une des composantes du lean.

« Le lean, c’est un marathon »

Mais pour se lancer dans une telle démarche, Didier Dumont reconnaît qu’il s’agit en premier lieu d’une volonté de la direction.

« Parce que le lean c’est un marathon, ce n’est pas un sprint. Donc, il faut être capable d’intégrer que ça va demander de l’énergie. C’est un changement culturel. Il faut être capable de supporter ça. »

Pour Franck Duc, fondateur de Kommon Sense et consultant en lean, le dirigeant doit être le premier à s’impliquer dans une telle démarche, afin d’impulser ensuite une dynamique à l’ensemble des collaborateurs. Il doit lui-même « accepter d’être en situation de changement et d’un certain lâcher-prise dans un pouvoir qu’il doit redistribuer à l’ensemble de son personnel ».

Sur le plateau de MP L’Emission, Maxime Thonnérieux relate le cas de l’entreprise Rabourdin, une entreprise spécialisée dans la production de pièces pour l’injection plastique, la découpe-emboutissage et la visserie de haute précision. Une démarche lean a été mise en place dans cette entreprise familiale vieille de 95 ans, faisant partie du groupe ACI. « Il y a une culture d’entreprise qu’on ne peut pas ne pas prendre en compte quand on va déployer effectivement la démarche, raconte-t-il. Le choix qui a été fait, c’était de le faire au niveau du Codir [comité de direction], donc d’avoir une responsabilisation de l’ensemble du Codir, parce que nous voulions aussi créer, entre guillemets, une responsabilité collective », explique notre invité, qui s’est appuyé sur l’expertise de Didier Dumont.

plateau emission

 

« Il ne faut pas vendre du rêve »

Dans un contexte de morosité économique, où le secteur de la mécanique subit les conséquences de la pandémie et de la guerre en Ukraine, les entreprises « lean » s’en sortent-elles le mieux ?

« Il ne faut pas vendre du rêve, prévient Franck Duc, co-auteur de Pro en lean (éditions Vuibert). Aujourd’hui, la crise est la même pour tout le monde. Par contre, on peut la vivre totalement différemment. Quand on fait du lean, on résout des problèmes au quotidien. On s’affûte de jour en jour à les résoudre de manière beaucoup plus proactive et de manière de plus en plus efficiente ».

Et pour Franck Duc, si on doit trouver un avantage aux crises, c’est celui d’y trouver « une somme de problèmes et donc des opportunités pour des entreprises lean à les relever ». Et le lean est plutôt un moteur dans de telles situations, car le « mouvement lean » est favorable quand il s’agit de prendre rapidement « d’autres orientations », ou de « changer de positionnement ».

Si on image la mise en œuvre du lean dans l’atelier de production, il peut aussi se déployer bien au-delà. Didier Dumont y voit, au travers d’une approche financière, une manière « d’acculturer les entreprises au suivi de la performance et non pas dédier la performance une fois par mois. C’est tous les jours qu’on doit s’intéresser à la performance industrielle de la production, tout comme aux indicateurs financiers ».

Pour Maxime Thonnérieux, il ne faut pas non plus le voir comme la solution miracle en temps de crise, tout en reconnaissant qu’une entreprise qui aurait « les principes fondamentaux du lean dans son ADN », sera « mieux armée, ça c’est sûr ».

 

Reportage

Des solutions logicielles dans une philosophie Lean

Deux solutions Dassault Systèmes s’inscrivant dans une philosophie Lean, DELMIAWorks et 3DLean sont à découvrir au Campus Fab de Bondoufle (Essonne), la plateforme de formation aux nouvelles technologies industrielles.

L’objectif de DELMIAWorks est de superviser les opérations de production pour aller vers l’excellence opérationnelle.

3DLean permet aux équipes de trouver de nouvelles façons d’innover en les réunissant autour d’un tableau interactif. La solution guide les utilisateurs à l’analyse et la résolution de problèmes, quel que soit l’endroit où ils travaillent.

 

reportage lean management

Intervenants

Portfolio

Franck Duc

KOMMON SENSE

Fondateur

Portfolio

Didier Dumont

BEM CONSULTING

Fondateur

Portfolio

Maxime Thonnérieux

ACI GROUPE

Directeur Business Unit

Portfolio

Jérôme Meyrand

Machines Production

Rédacteur en Chef

Portfolio

Patrick Cazier

Machines Production

Rédacteur