LE RETROFIT, une solution économique et écologique

Rétrofiter les machines-outils

L’émission n°10 est consacrée au rétrofit. Pour certaines typologies de pièces, les machines-outils ayant été amorties dans l’atelier peuvent rapidement devenir obsolètes. Mais les remplacer par des machines neuves peut coûter très cher, selon le marché remporté par le sous-traitant. La solution du rétrofit peut alors présenter une alternative intéressante, d’autant plus que cette opération vise le plus souvent à améliorer les capacités de la machine afin de l’adapter à de nouvelles contraintes d’usinage.
Non seulement, le rétrofit vient prolonger la durée de vie de sa machine, mais il permet de faire baisser le nombre de pannes, réduisant tout autant les coûts de maintenance.
Enfin, pour les entreprises qui mettraient en place des actions en faveur de l’environnement, le rétrofit peut être une solution qui viendrait limiter l’impact carbone d’un parc machine, en faisant baisser la facture électrique, grâce à l’utilisation de moteurs plus économiques. Et pourquoi pas y voir une démarché d’économie circulaire : car en donnant une seconde vie à sa machine, on gaspille moins de matériaux tout en éliminant la consommation de nouvelles ressources.
Le rétrofit, une activité à la fois économique et écologique ?

On en parle dans « Machines Production l’Émission »

Portfolio

Décryptage

Nous recevons trois invités :

Mimoun Mjallad, expert d’assistance en risque machine à l’INRS, l’Institut national de recherche et de sécurité

Jean-Christophe Fincato, président de Fives Machining

Maxime Pivot, directeur technique d’A.Synoptim

Sur notre plateau, ils évoquent :

  • L’activité du rétrofit d’un point de vue réglementaire
  • Les composants qui sont le plus souvent rétrofités
  • Les avantages et inconvénients de passer par le rétrofit
  • Les obligations, en matière de sécurité, pour les utilisateurs de machines rétrofitées
  • Les vertus du rétrofit en matière d’écologie

 

Le rétrofit, une activité réglementée ?

Selon Mimoun Mjallad, expert d’assistance en risque machine à l’INRS, l’activité de rétrofit n’est pas définie réglementairement, toutefois cela consiste à rénover des machines et autres équipements de production, en gardant leur structure mécanique, essentiellement son bâti d’origine. Mais pour revenir sur l’aspect réglementaire, notre expert rappelle quand même qu’il existe trois types de machine-outil mis sur le marché :

  • les machines neuves,
  • Les machines d’occasion,
  • les machines maintenues en service

Le rétrofit va plutôt concerner les machines d’occasion et celles maintenues en service.
Dans le cycle de vie normal d’une machine, cette dernière peut être amenée à être modifiée, pour les raisons que M. Mjallad a évoquées. Mais, prévient-il, si l’entreprise a le droit de modifier ses machines-outils, « il n’a pas le droit de dégrader leur niveau de sécurité ». Si d’une « point de vue européen, il n’existe pas de réglementation particulière pour la modification », Mimoun Mjallad conseille les mécaniciens de se référer au guide technique de modification des machines, édité par le ministère du Travail, qui rappelle certaines règles.

machines outils retrofitPourquoi passer par le rétrofit ?

Le choix du rétrofit peut être motivé par plusieurs raisons. « Garantir la qualité des pièces et donc les performances de la machine », répond Jean-Christophe Fincato, président de Fives Machining. « Généralement, c’est pour améliorer la production, principalement les performances de la machine, affirme de son côté notre expert de l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles. Gérer de l’obsolescence pour améliorer la maintenance. » Mais il peut être également question, pour l’entreprise de mécanique, d’améliorer la sécurité de son équipement, en le mettant à de nouvelles normes en vigueur.

Les composants les plus souvent rétrofités

Jean-Christophe Fincato rappelle les deux grandes familles de composants que l’on vient remplacer le plus souvent dans les machines-outils. Il s’agit des rétrofits électriques, comme les commandes numériques. Des opérations qui consistent à gérer des obsolescences, améliorer la performance de la CN et des systèmes de commande des machines. La deuxième famille étant les rétrofits mécaniques. Cela peut aller des rails, patins, jusqu’aux électrobroches. Expert dans les commandes numériques, Maxime Pivot, directeur technique d’A.Synoptim, répond à des demandes de rétrofit de CN de machines-outils. Le chantier est simple : « On va enlever la commande numérique existante pour en intégrer une nouvelle, neuve, de dernière génération. »
Mais l’opération n’est pas anodine, car

« on va, entre guillemets, enlever le cerveau de la machine qui est obsolète pour intégrer un nouveau cerveau, une nouvelle CN qui va proposer plus d’outils avec de nouvelles fonctionnalités. Donc, on va optimiser forcément la production »

évoque Maxime sur notre plateau. Et de poursuivre : « On va améliorer l’interface, l’utilisation de la commande au niveau de la programmation, notamment. Mais on va s’adapter à ce qui est existant. Donc, cela va être principalement un remplacement électrique, mais aussi un remplacement au niveau des asservissements. En gros, on l’a recyclée. On a enlevé un composant qui était usé, pour en remettre un neuf avec plus de possibilités. »

retrofit machinesAcquérir une machine neuve ou rétrofitée ?

Mais comment choisir entre une machine neuve et une autre rétrofitée ? Pour Jean-Christophe, il faut avoir en tête ces deux axes : « Si on s’oriente vers du rétrofit, voilà le niveau de performance que l’on peut atteindre. Et si on s’oriente vers une machine neuve, voici la solution que l’on peut construire sur la base des challenges et enjeux industriels de nos clients. »
La raison économique n’est pas non plus à négliger. Car l’entreprise va choisir par rapport au ratio performance, budget et ROI (retour sur investissement) de chacune de ces solutions. « Il faudrait plutôt parler de solutions rétrofit ou de solutions machine neuve, et comparer les deux », indique le président de Fives Machining. Pour Maxime Pivot, le budget est « clairement un argument important pour ce genre de projet », assure-t-il lors de l’émission. « Evidemment, le rétrofit sera moins onéreux pour le client final », poursuit-il, ajoutant qu’il faut également tenir compte des délais dans la mise en place d’un projet de rétrofit, « entre le moment où on élabore le cahier des charges et la réception finale. C’est souvent la plupart du temps plus rapide de passer par le rétrofit. Donc, ça peut être un argument important. Il faut aussi garder à l’esprit que, quand on va réaliser une modification de rénovation d’une machine, il y a une notion d’arrêt de la production, qui sera à prendre en compte. Le temps d’opération des travaux peut être assez long suivant ce qui a été décidé au préalable, explique le direct technique d’A.Synoptim. Donc, c’est une chose qu’il faut garder à l’esprit et que l’entreprise doit prendre en compte. »
Jean-Christophe poursuit l’analyse : « Les clients qui vont s’orienter vers ces solutions de rétrofit vont être plutôt poussés par des budgets également. Un rétrofit étant quand même moins onéreux qu’une machine neuve. Sans oublier la notion de délais, on l’a dit aussi, souvent un peu plus courts, mais tout en prenant en compte les arrêts machines nécessaires pour pouvoir réaliser ce rétrofit. » Une chose est sûre, le rétrofit, en plus de « remettre à niveau son moyen de production », il va permettre à l’entreprise de « continuer de le rentabiliser le plus longtemps possible ».

Et l’écologie dans tout ça ?

En plus d’être reconnu comme une opportunité de donner une seconde vie à sa machine, le rétrofit a aussi des vertus écologiques. « Oui, on peut trouver un intérêt écologique, admet M. Fincato, notamment lorsque l’on change de mode de fonctionnement, par exemple en passant de l’hydraulique, très consommateur d’énergie à des méthodes moins consommatrices d’énergie, comme des systèmes électromécaniques, notamment, qui consomment de l’énergie uniquement quand on les utilise, ce qui n’est pas forcément le cas d’un groupe hydraulique. » Pour Maxime Pivot, en rétrofitant sa machine, « on va éviter de mettre « à la poubelle » du matériel et des matériaux qui peuvent encore continuer d’exister. Donc, on va prolonger la durée de vie de la machine de manière générale, et forcément, cela a un impact sur l’environnement, d’une manière générale ».

Reportage

Ventura Mecanics, bien plus qu’un rétrofiteur

machines outils retrofit

Nous nous sommes rendus chez Ventura Mecanics, un PME suisse de 20 personnes, spécialisée dans la reconstruction de tours automatiques. L’entreprise dirigée par les frères Fabio et Luca Ventura, située à Milvignes, sur les rives du lac de Neuchâtel, remet à neuf des machines-outils de type Escomatic. Elle est également experte, depuis plus de trente ans, dans la révision des mandrins rotatifs, dont elle a déposé plusieurs brevets.

En effet, nous confie Luca Ventura,

retrofit machines

« avec l’arrivée sur le marché des métaux sans plomb, nous sommes en mesure de rétrofiter les mandrins traditionnels pour qu’on puisse les équiper de plaquettes de coupe mieux adaptées à ces matières plus difficiles à usiner, que les burins traditionnels ».

Découvrez les coulisses de ce rétrofiteur pas comme les autres.

Intervenants

Portfolio

Mimoun Mjallad

INRS

Expert d’assistance en risque machine

Portfolio

Jean-Christophe Fincato

FIVES MACHINING

Président

Portfolio

Maxime Pivot

A.SYNOPTIM

Directeur technique

Portfolio

Jérôme Meyrand

Machines Production

Rédacteur en Chef

Portfolio

Patrick Cazier

Machines Production

Rédacteur