En 2019, Studer s’en sort plutôt bien

Malgré une conjoncture difficile, le constructeur suisse de rectifieuses cylindriques signe en 2019 le troisième meilleur chiffre d’affaires annuel de son histoire. Après l’année 2018 qui a été marquée par des records, il a pu encore accroître sa part de marché.

C’est sous le leitmotiv « The Art of Grinding », attribué cette année au Motion meeting, conférence de presse internationale de Fritz Studer ayant attirée plusieurs dizaines de journalistes, que l’entreprise suisse a dressé un bilan de son exercice de 2019. A Steffisburg, dans l’Oberland bernois, le PDG Jens Bleher, a souligné, le 7 février, que cette formule traduisait d’une certaine manière l’obligation « à dépasser les limites et nous incite à nous concentrer sur des détails à peine perceptibles, mais qui font toute la différence à la fin, afin de réaliser ce qui ne semblait pas réalisable au départ ». Et d’ajouter : « L’accent est particulièrement mis à notre époque sur l’efficacité et la qualité de nos processus et de nos produits. »
Le constructeur de rectifieuses cylindrique a clôturé une année 2019, qu’il qualifie de « réussie », malgré une situation économique qui s’est nettement dégradée. « Avec la troisième meilleure année de notre histoire, nous avons pu augmenter encore nos parts de marché », a précisé de son côté Sandro Bottazzo, le directeur de la stratégie (CSO). A la lecture du bilan annuel, on observe que Studer a enregistré, entre autres, une forte croissance en Amérique du Nord, où a été réalisé le deuxième meilleur résultat au cours des cent ans d’existence de la société. De même, le fabricant suisse a pu accroître encore le chiffre d’affaires réalisé avec ses rectifieuses cylindriques intérieures. « Dans l’espace asiatique entre autres, nous avons conservé le niveau élevé de 2018 en matière de rentrée de commandes pour les rectifieuses cylindriques intérieures », a poursuivi M. Bottazzo.

Produit-phare

De plus, trois modèles de machine ont atteint un niveau record de commandes : il s’agit de la S121 et S141, ainsi que la S151, le produit-phare parmi les rectifieuses cylindriques intérieures. Les nouvelles rectifieuses cylindriques universelles – Favorit, S33 et S31 – ont plutôt bien marché. « Le lancement des nouvelles machines universelles a été à la fois un tour de force et un moment fort », a expliqué M. Bleher, lors de la conférence de presse. En moins d’un an, l’entreprise a vendu près d’une centaine de nouvelles machines. D’après Studer, les clients attestent de la qualité et de la précision optimales des nouvelles machines. En Amérique, un client de longue date a acquis la nouvelle S31 : il a témoigné sa satisfaction de pouvoir encore une fois améliorer la fiabilité et la précision grâce à cette machine.
L’année 2019 aura été marquée par un développement des segments de clientèle de manière très diverse. Il faut souligner que l’an dernier, la situation du marché dans le secteur automobile a été bien plus exigeante qu’en 2018. Mais « grâce à sa grande diversification », Fritz Studer a pu toutefois « compenser les segments de marché plus faibles par des segments plus forts ». Avec un secteur de l’industrie aéronautique particulièrement dynamique. « Depuis des années, notre société est aussi très bien positionnée dans le segment de clientèle ‘‘aerospace’’ et y est le fournisseur privilégié de nombreux sous-traitants », a précisé le CSO.

Davantage de techniciens SAV

Considérant que son organisation de distribution et de SAV, au plus près des clients dans le monde entier, demeure un facteur de réussite, Studer ne manque pas de souligner que la proportion de nouveaux clients a atteint l’année passée près de 40 %. Le constructeur de Steffisburg ayant même enregistré de « très bonnes rentrées de commandes » sur ses plus petits marchés, en Grande-Bretagne notamment. Et de constater que finalement, la part de marché intérieur a pu également augmenter en Suisse.
Le secteur customer care (service client) n’a pas été en reste : le service a été renforcé et l’organisation a bénéficié de plusieurs adaptations. Le nombre de techniciens du SAV a été revu à la hausse. « En Italie et aussi en France entre autres, nous avons pu recruter l’année passée de nouveaux techniciens du SAV supplémentaires, ce qui nous permet d’y être encore plus rapide et compétent », a rappelé Sandro Bottazzo.
En 2019, le chiffre d’affaires provenant des révisions de machines et leurs maintenances a atteint « un nouveau record ». Avec une croissance à deux chiffres. Pour Sandro Bottazzo, les révisions de machines viennent compléter l’activité concernant les machines neuves. Ainsi, « nos clients disposent donc auprès d’un seul fournisseur d’une palette complète allant de la machine neuve à la révision complète de la machine ».

Diminution des temps de cycle

De cette année 2019, il faudra aussi retenir la mise en place du WireDress, qui a permis de diminuer de 70 % le temps de cycle pour une application dans le domaine médical. Mais aussi le projet Life Cycle Solution. Réalisé à Bienne, il s’agissait de rectifier très précisément avec le client lors de plusieurs essais de rectification la forme des composants en céramique utilisés dans un spectromètre de masse.
Et pour allécher les journalistes du monde entier (à l’exception des Chinois, pour cause d’épidémie de coronavirus) présents à Steffisburg, Danier Huber, le directeur de la technologie (CTO) a annoncé qu’un « nouveau produit de la maison Studer » les attendait dans quelques mois, tout en dévoilant qu’il s’agissait d’une nouvelle contre-poupée hydraulique synchrone, sur laquelle « le système hydraulique a été remplacé par une servocommande avec une fonction de serrage électrique ». D’après le CTO, la reproductibilité et la précision de la force de serrage au gramme près ont été accrues. « On pourra alors aussi choisir une pression de serrage encore plus réduite », a-t-il promis.

« Stratégie de numérisation »

Durant la conférence Motion meeting, il a été également question de la « stratégie de numérisation » du constructeur de rectifieuses. Et de citer les noms de Connectivity, Usability, Monitoring et Productivity : les piliers numériques des United Grinding Digital Solutions. Umati, l’interface de communication standardisée, concerne également les machines Studer. Elle crée la possibilité, longtemps recherchée dans le domaine de la connectivité, de raccorder très simplement les machines compatibles avec Umati au moniteur de production et de suivre leurs états de fonctionnement. « La numérisation fait aussi son entrée dans la production. Comme nous utilisons nos propres machines, nous sommes pour ainsi dire le client interne et nous aidons nos spécialistes du développement par des tests pratiques et des suggestions pour améliorer les produits du point de vue d’un utilisateur », a rapporté le directeur de l’exploitation (COO) Stephan Stoll.
A l’usine de Steffisburg, plusieurs investissements auront été inscrits à l’agenda de 2019. On citera surtout le « projet de grande envergure » de renouvèlement de « la fabrication cubique ». « Les centres de fraisage harmonisés d’un point de vue technique permettent la fabrication automatisée et très précise de nos éléments-clés », a expliqué Stephan Stoll. Et pour la fabrication des composants, les efforts se sont portés sur la production complète des arbres de broche, un composant-clé pour Studer, nécessaire au fonctionnement et à la précision des rectifieuses. « C’est pourquoi, nous voulons conserver, voire même compléter, notre compétence et notre efficacité en la matière et améliorer notre valeur ajoutée interne. Bien entendu, nous misons sur les technologies de fabrication et de processus les plus récentes avec le degré d’automatisation utile », a poursuivi M. Stoll.

Une chaîne de montage optimisée

Studer signale également que la gestion des outils a été rafraîchie dans la fabrication de composants. Et de préciser : « Tout le cycle de vie d’un outil est ainsi commandé et suivi désormais de façon numérique. Chaque composant de l’outil possède une marque numérique, grâce à une puce ou un code intelligent et peut ainsi être attribué à un processus de préparation, à une commande ou à une machine. Même dans la chaîne des processus de conception et de montage des armoires de commande se cachent des potentiels qui peuvent être optimisés avec une assistance numérique. »
En employant des outils numériques, le constructeur suisse entend que toute la chaîne des processus – de l’ingénierie électrique au montage – d’une armoire de commande puisse être effectuée « efficacement et en partie automatiquement ». Et comme le dit Stephan Stoll : « Finalement, la numérisation fait aussi son entrée dans le montage. » À la place des dessins éventuellement obsolètes, comme le note M. Stoll, le monteur voit les données les plus récentes en 3D directement sur l’écran du poste de travail. Il possède donc les meilleurs documents de travail. Autre exemple : au moyen de la fonction de chat, chez Studer, le collaborateur peut transmettre très simplement des questions et idées d’amélioration à l’ingénierie compétente et créer ainsi une boucle de réaction rapide et directe, se félicite-t-on à Steffisburg.
L’année 2020, dont le premier trimestre est à peine achevé, sera-t-elle encore synonyme de croissance pour Studer ? L’état de la production de l’industrie automobile, qui peine à sortir du bourbier de la décarbonisation, sera un bon indicateur. Même si on imagine bien que le fabricant de rectifieuses ne compte pas continuellement trop dépendre de ce secteur-là. Nous l’avons vu en 2019 avec l’aéronautique, notamment.