Avec l’école Boisard, « faire pour apprendre »
Les « écoles de production » pratiquent un enseignement très proche des conditions réelles de l’industrie. En février, l’école Boisard et un groupe de fournisseurs ont reçu les industriels de la région Auvergne-Rhône-Alpes afin de leur faire découvrir les avantages de cette démarche.
Interlocuteur de l’Etat, la Fédération nationale des écoles de Production (FNEP) a notamment pour mission de représenter, promouvoir et développer ce principe de formation, en France et en Europe. Elle veille aussi à garantir la conformité des établissements aux critères déterminés par les Fondamentaux des écoles de production. Car leur vocation est très claire, comme le soulignait lors de notre rencontre M. Desjonquères, directeur de l’école Boisard, de Vaulx-en-Velin, à côté de Lyon : « Dès l’âge de 15 ans, nous formons les jeunes à la pratique d’un métier avec un objectif d’excellence. Notre pédagogie part de la pratique pour aller à la théorie, en suivant le principe de faire pour apprendre. Les deux s’apprennent au même endroit dans la même semaine, et 60 % du temps de formation se passe en situation de production. »
L’usinage, du CAP au bac pro
Il existe 35 « écoles de production » en France dont 10 en Auvergne-Rhône-Alpes (AURAEP). Les écoles de production proposent une alternative aux dispositifs scolaires et d’apprentissage existant, grâce à un concept de pédagogie unique, articulée autour de la commande client. Ainsi, la théorie et la pratique ne sont pas dissociées, puisque les jeunes travaillent sur de vraies commandes, passées par des industriels pour la réalisation de pièces mécaniques fonctionnelles, sous la conduite de professeurs ayant une expérience professionnelle avérée dans l’industrie. « Nous accueillons 125 élèves pour les former dans six métiers, concernant le bâtiment, l’automobile et l’usinage », indique M. Desjonquères. « Une vingtaine de jeunes ont choisi les métiers de l’usinage et tous sont embauché dès l’obtention de leur diplôme », rajoute-t-il. Il faut dire que leur motivation bénéficie aussi d’un parc machines de génération très récente doté d’un environnement digne de l’industrie 4.0. Tours CNC bibroche bitourelles, CU 5 axes, logiciel de CFAO du meilleur niveau, banc de préréglage leur permettent de s’immerger dans les conditions réelles de l’industrie, avec une approche numérique et pratique rare dans les établissements scolaires.
Présent lors des journées portes ouvertes avec le prototype 2020 d’un véhicule de compétition automobile, le président de l’Ecurie piston sport auto (EPSA), Matthieu Jacquet, confirmait la qualité du travail réalisé par les élèves de l’école Boisard. « L’usinage des porte-moyeux de roue de notre Formula Student a notamment été un modèle de précision », disait-il. Outre cette présentation, la journée portes ouvertes de février fut un moment de rencontre privilégié entre les industriels, les élèves et les enseignants de l’école de production Boisard.
L’industrie mécanique à la rencontre de la formation
Cette journée a été organisée à l’initiative de Philippe Passalacqua, chef d’atelier mécanique d’usinage de l’école Boisard, et d’Allan Quinson, technico-commercial de Gühring France pour le secteur Rhône-Alpes. « J’ai pris contact avec Philippe Pernet de chez Hurco et avec Hervé Philibien, de l’agence Rhône-Alpes de SolidCAM, afin que nous puissions présenter une offre cohérente, inviter suffisamment d’industriels et les recevoir correctement », explique Allan Quinson. L’école Boisard ayant investi récemment dans un centre d’usinage Hurco 5 axes VC500i programmé par SolidCAM, et dans un tour TMX8MYSi, avec axe Y, cela permettait de montrer à la fois les performances des machines, celles des outils coupants Gühring et la facilité de programmation du logiciel Imachining, de SolidCAM.
Une cinquantaine d’industriels de la région ont répondu présents. L’un d’entre eux nous confiait : « Pour des élèves très en attente de concret, cet enseignement innovant semble atteindre son but. Il capte leur intérêt en prodiguant un enseignement particulièrement professionnalisant. Mais s’ils pouvaient former plus de jeunes, cela serait d’autant mieux, car nous manquons cruellement de candidats dans nos métiers », soulignait-il.
Faire pour apprendre… autrement
En forme de conclusion, le chef d’atelier Philippe Passalacqua confirmait les objectifs de l’école Boisard : « L’école de production Boisard accueille tous les jeunes souhaitant apprendre un métier… autrement ! Notre démarche pédagogique innovante, concrète et active, c’est le ‘‘faire pour apprendre’’. Elle permet d’avoir des jeunes qui sont directement efficaces quand ils entrent dans la vie active. » Indépendante, sous forme d’association sans but lucratif, l’école Boisard finance essentiellement son action par la collecte de taxes d’apprentissage, la vente de ses prestations en usinage et les dons privés.