Emploi industriel : une stabilité en trompe-l’œil pour 2025

Face à un ralentissement généralisé de l’activité, l’emploi salarié industriel marque une pause. Si les effectifs restent globalement stables, les tensions sur le recrutement persistent, en particulier dans les métiers techniques. Décryptage d’une conjoncture sous surveillance.

Le second semestre 2024 s’est clos sur une inflexion marquée de la dynamique de l’emploi dans l’industrie. Après une période de quasi-stabilité, les effectifs salariés du secteur privé ont reculé de 0,2 %, soit une perte de 50 100 postes, tous secteurs confondus. L’industrie limite la casse avec une baisse modérée de 3 200 emplois, mais la tendance est claire : le marché du travail ralentit.

Dans le même temps, les industriels adhérents d’Evolis ont nettement revu à la baisse leurs prévisions de recrutement. Les tensions sur certains profils techniques demeurent vives, en particulier dans la maintenance, les bureaux d’études et les forces commerciales, mais les projets d’embauche ralentissent. Pour 2025, les industriels anticipent une stabilité de leurs effectifs, accompagnée d’un recul de l’intérim.

Des tensions de recrutement toujours élevées

Selon l’enquête semestrielle d’Evolis, 51 % des industriels signalent des difficultés de recrutement sur les postes de maintenance, loin devant les fonctions commerciales (17 %), la production (14 %) et les bureaux d’études (10 %). Ce constat persiste malgré un contexte d’activité atone. L’adéquation entre compétences disponibles et besoins des entreprises reste un point de tension fort.

Cette situation s’inscrit dans un marché du travail où les intentions d’embauche se contractent. Fin 2024, les déclarations d’embauche de plus d’un mois dans l’industrie ont reculé de 5,4 % en glissement annuel. Sur l’ensemble de l’année, la baisse atteint 5,8 %. Les prévisions pour 2025 n’annoncent pas de reprise franche : la prudence reste de mise.

Des effectifs globalement stables, mais des signaux faibles à surveiller

À l’échelle nationale, la stabilité attendue de l’emploi industriel masque en réalité une dynamique contrastée entre les types de contrats. Le recours à l’intérim, amortisseur traditionnel des variations d’activité, devrait continuer de décroître. Dans le bâtiment, l’emploi salarié privé hors intérim est déjà en recul pour le huitième trimestre consécutif (-0,5 %, soit -7 800 postes).

Par ailleurs, le taux de chômage, bien que contenu, est orienté à la hausse. Il atteindrait 7,6 % de la population active à la mi-2025. Une évolution en ligne avec la dégradation générale de la conjoncture : recul des carnets de commandes, ralentissement de la demande, et incertitudes sur les perspectives économiques.

En 2025, l’emploi industriel ne devrait pas connaître de choc brutal, mais les tensions structurelles du marché du travail demeurent. Les difficultés de recrutement, notamment sur les métiers techniques, continuent de peser sur les organisations, tandis que le manque de visibilité freine les initiatives de développement RH.

Pour les dirigeants industriels et responsables des ressources humaines, le défi reste entier : sécuriser les compétences clés, tout en adaptant les effectifs à un environnement économique incertain. Dans ce contexte, la capacité à anticiper les besoins et à fidéliser les talents deviendra plus que jamais un levier stratégique.