Le Français Ametra s’associe avec l’Indien Nucon

Ce champion industriel dans les secteurs de l’aéronautique et de la défense a opéré ce choix stratégique suite à la vente des Rafale à New Delhi.

Le groupe français Ametra s’est implanté, depuis 2019, en Inde à travers la création d’une joint-venture avec l’entreprise locale Nucon. Ce champion industriel dans les secteurs de l’aéronautique et de la défense a opéré ce choix stratégique suite à la vente des Rafale à New Delhi, et au fait que ses grands clients dans la filière aéronautique comme Dassault, Thales ou MBDA ont signé des engagements pour répondre à leurs obligations de compensation, les contraignant à acheter sur le sol indien. Une opportunité pour cet ingénieriste intégrateur de Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine), qui s’était mis en quête d’un partenaire local, dès janvier 2018, pour monter une joint-venture.
« Pour répondre aux enjeux industriels mondiaux, nous avons choisi une stratégie de développement progressive et cohérente, explique Anne-Charlotte Fredenucci, PDG d’Ametra. Ce projet en Inde constitue un nouveau tournant stratégique pour répondre aux besoins de compensation ou offset de nos clients, après notre implantation en Tunisie en 2005, qui offre un site best cost de proximité au marché français et en complément de notre site angevin dédié au prototypage, aux petites séries et au juste-à-temps. »

« Accompagner notre croissance »

En effet, outre sa présence française où l’étude, le prototypage et la petite série restent le fer de lance du groupe, cette ETI (entreprise de taille intermédiaire) dispose d’un site best cost en Tunisie, qui emploie cent personnes et désormais une coentreprise en Inde pour lancer de grandes séries de production. « Nous investissons un million d’euros dans ce projet, précise Anne-Charlotte Fredenucci. Cette joint-venture va nous permettre d’accompagner notre croissance et sera créatrice d’emplois sur l’ensemble de nos sites, en France et à l’étranger. »
Dès février 2019, deux experts d’Ametra avaient pour mission de former les vingt câbleurs indiens dédiés à la joint-venture, recrutés en interne chez Nucon. Pour Mme Fredenucci, il s’agissait également d’un défi logistique. « Au-delà de la formation, c’est tout le savoir-faire d’Ametra que nous exportons comme le contrôle-qualité, le plan de suivi opérationnel, les systèmes d’informations… » Avec Arnaud Goulet, directeur général de la filiale Anjou Electronique, les deux dirigeants se sont rendus en Inde régulièrement « pour superviser le développement de l’ensemble de ces paramètres qui font la force du groupe », poursuit la chef d’entreprise.
Avec cette nouvelle implantation à l’international, Ametra ambitionne d’augmenter son chiffre d’affaires de 15 millions d’euros sur 5 ans. Pour le groupe, le choix du partenaire indien a fait l’objet d’un véritable processus industriel sur l’année 2018. Anne-Charlotte Fredenucci se rappelle : « Notre ambition était de trouver un partenaire complémentaire qui répondait à plusieurs impératifs : disposer d’un savoir-faire dans l’intégration électronique, détenir les habilitations aéronautiques et de défense, comme la norme EN 9100, et savoir approvisionner des composants électroniques ainsi que des pièces mécaniques complexes. Enfin, nous cherchions un industriel d’une taille proche de la nôtre et tourné vers l’international. » En plus de répondre à tous ces critères, son partenaire indien est une entreprise familiale déjà connue de ses clients, comme MBDA ou Thales.
De son côté, Udit Jalan, directeur général de Nucon Aerospace, reconnaît que la création de cette coentreprise est « une excellente occasion » de renforcer son implantation mondiale et de poursuivre son développement « avec un partenaire industriel réputé, respecté et reconnu ».